+++De l’envoyée spéciale de l’APS, Adama Diouf Ly+++

Addis-Abeba, 16 nov (APS) – Le partenariat public privé, devenu depuis plus d’une vingtaine d’années une solution de rechange permettant aux Etats africains d’avoir des investissements pour le financement d’infrastructures, requiert cependant ‘’beaucoup de vigilance et d’audace de la part des gouvernants face aux privés lors de négociations très techniques et des contrats compliquées’’, estiment des experts.

‘’Ce n’est pas une procédure facile à faire, surtout dans le domaine des énergies et des infrastructures parce que les capacités institutionnelles font défaut dans la plupart des Etats pour mener à bien des négociations’’, a dit l’ancien directeur général de l’Autorité de l’énergie d’Ethiopie, Getahun Moges,

Il intervenait lors d’un panel tenu jeudi au Centre de conférences des Nations unies d’Addis Abeba.  ‘’Partenariats public-privé pour catalyser le développement des infrastructures et les financements innovants pour l’industrialisation en Afrique’’ est le thème de ce panel organisé dans le cadre de la Conférence économique africaine (CEA) 2023.

Pour l’expert en énergie, le rythme de mise en place des partenariats publics-privés est très lent. Les procédures, complexes, ne favorisent pas les investissements du secteur privé avec un gap de près de 200 milliards de dollars pour le financement des infrastructures en Afrique, a-t-il relevé.

Il partageait l’expérience de l’Ethiopie qui mise aujourd’hui sur le PPP pour le développement des infrastructures, mais également sur le secteur des énergies renouvelables, notamment le solaire, la géothermie et l’énergie hydraulique.

‘’Il est nécessaire d’avoir des institutions autonomes pour les PPP avec des ressources humaines de qualité pour négocier des contrats sans l’interférence des politiques pour l’intérêt des populations et le développement durable’’, a -t -il relevé.

Le partage des risques est déterminant dans tout partenariat-public avec une évaluation pointue entre les deux parties, a estimé Eniye Ogbebor, experte juridique, coordonnatrice de l’Association mondiale des unités et professionnels des PPP (WAPPP-Afrique).

Pour la panéliste, les projets PPP doivent surtout ‘’répondre aux besoins en eau, en électricité, d’éducation, de transports du continent avec des retombées sur le développement durable’’.

Réviser les cadres de réglementation

C’est pourquoi elle a suggéré la révision des cadres de réglementation pour réduire les cellules en charge des PPP et opter pour des entités indépendantes qui promeuvent un environnement favorable aux investissements au bénéfice des populations.

L’idée, précise Eniye Ogdebor, consiste à aller vers un programme de renforcement de capacités solide  pour un capital humain à même de mener des négociations au bénéfice des populations.

Pour justifier la tenue de ce panel, le modérateur de la session Robert Lisinge, directeur par intérim, Division du développement du secteur privé et des finances au niveau de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA), a relevé ‘’l’insuffisance des infrastructures dans les secteurs de l’électricité, de l’eau et des transports, qui constitue un obstacle majeur à une industrialisation à grande échelle’’.

‘’Les impératifs du développement industriel durable en Afrique’’ est le thème de la 18ème Conférence économique africaine.

La Banque africaine de développement, initiatrice de la conférence en 2006, estime que les besoins annuels pour le développement des infrastructures se situent entre 130 et 170 milliards de dollars, ce qui laisse un déficit de financement substantiel de 68 à 108 milliards de dollars.

Ce déficit affecte des millions de personnes, les privant de services essentiels tels que l’eau potable, l’assainissement et l’électricité, alors que les réseaux routiers restent limités, selon M. Lisinge.

Le modérateur a rappelé que, ‘’traditionnellement, les gouvernements africains et des partenaires internationaux comme la Chine ont été les principaux investisseurs dans les infrastructures’’.

Toutefois, a relevé Robert Lisinge, en raison des contraintes financières, il est de plus en plus nécessaire d’explorer les partenariats public-privé (PPP).

Ainsi, les PPP peuvent exploiter les investissements, la technologie et l’expertise du secteur privé, améliorant ainsi l’efficacité et la rentabilité de la prestation de services.

ADL/ASG/OID

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