Addis-Abeba (Ethiopie), 18 fév (APS) – L'émergence est à la portée de l'Afrique, à condition qu'elle accorde "plus de temps" à l'agenda du développement économique et social du continent, lequel a été actualisé ces derniers mois, a déclaré, samedi, à Addis-Abeba (Ethiopie), le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall.
"L'émergence de l'Afrique est à notre portée. Mais pour y arriver, nous devons accorder plus de temps à l'agenda pour le développement économique et social du continent, que nous avons actualisé cette année avec la tenue" de différents sommets, a-t-il dit à l'ouverture de la 36e session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine.
Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine, passe la main à son homologue comorien Assoumali Azali à l'issue de ce sommet.
Parlant des sommets tenus cette année pour actualiser l'agenda pour le développement économique et social du continent, il a évoqué celui relatif à l'industrialisation et la diversification économique de l'Afrique, de même que celui portant sur l'accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf, la zone de libre-échange continentale africaine.
Le président Sall a aussi cité le sommet sur la masculinité positive, contre les violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que ceux consacrés à l'agriculture et la sécurité alimentaire et au financement des infrastructures.
"Ces thématiques rappellent les urgences auxquelles nous devons nous attaquer afin de réaliser l'Afrique que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos enfants et pour les générations futures", a-t-il dit.
"En raison de la persistance des violences faites aux femmes et aux filles, et de notre grand retard en matière d'infrastructures, j'appelle l'Union à prendre des décisions urgentes pour la mise en œuvre des conclusions des rencontres de Dakar sur ces deux thématiques", a-t-il indiqué.
Il est ensuite revenu sur la deuxième Conférence de Dakar sur l'agriculture et la sécurité alimentaire (Dakar 2), co-organisée par le Sénégal et la Banque africaine de développement (BAD) en janvier dernier (25-27), sur le thème "Nourrir l’Afrique, souveraineté alimentaire et résilience".
Macky Sall a signalé que sur la base de leurs programmes prioritaires, "plusieurs pays ont signé avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux des Compacts visant à stimuler la production, la transformation et le commerce agricoles, pour un montant total de 36 milliards de dollars annoncés, dont 10 milliards de la BAD".
Il a fait part de sa gratitude envers tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour leurs contributions, avant de remercier “vivement” le président de la BAD, Akinwumi Adesina, "pour l'enthousiasme et le leadership avec lesquels il continue de mobiliser [l'institution financière qu'il dirige] pour aider à libérer le potentiel agricole du continent et mettre fin à sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l'extérieur".
Se disant sûr que le continent peut compter sur M. Adesina "pour la mobilisation effective des financements annoncés", il a recommandé que la 36e session de l'UA "endosse la Déclaration de Dakar sur la souveraineté alimentaire et la résilience, et instruise la Commission de travailler à sa mise en œuvre en collaboration avec la BAD". Selon lui, cela permettrait d'assurer "le suivi adéquat de la conférence".
"Il serait tout aussi indiqué d'intégrer dans le même processus le suivi de la Déclaration conjointe sur la sécurité alimentaire issue du Sommet Etats-Unis-Afrique de décembre dernier", a ajouté Macky Sall. Et de suggérer, à cet effet, la mise en place d'une "task force conduite par l'ancien Premier ministre [éthiopien] Hailemariam Desalegn qui travaille déjà avec la Commission et la partie américaine sur la mise en œuvre des objectifs de la Déclaration".
"Il s'agit, à court terme, d'assurer à nos pays l'approvisionnement en produits céréaliers et en fertilisants, aux conditions normales du marché. A cet effet, nous pourrions utiliser la plateforme ATEX en collaboration avec AFREXIMBANK afin de faciliter les transactions", a-t-il encore suggéré.
"A moyen et long termes, indique Macky Sall, la Déclaration de Washington nous engage à travailler avec la partie américaine et d'autres partenaires, pour améliorer les performances agricoles du continent dans tous les aspects, y compris les infrastructures".