De l’envoyée spéciale de l’APS, Fatou Kiné SèneFimela (Fatick), 11 jan (APS) – Les politiques culturelles des quatre chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du Sénégal peuvent être lues différemment ”en fonction des enjeux, des réalités et du contexte”, a estimé, jeudi, l’enseignant-chercheur Ibrahima Wane.‘’A chaque période, il y a eu une politique taillée en fonction des enjeux, des réalités et du contexte. On peut faire la comparaison des quatre chefs d’Etat mais en lisant bien les contextes où il y a eu des acquis et des insuffisances’’, a dit M. Wane.‘’Senghor [Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal] a été un moment phare. C’étaient les années des indépendances et le Sénégal s’est distingué par la place donnée à la culture dans la politique de développement national’’, a-t-il souligné dans un entretien accordé à l’APS, en marge du Festival national des arts et cultures (FESNAC).Il estime que jusqu’à ce jour, les bénéfices de cette option initiale sont toujours visibles avec la mise en place d’infrastructures importantes dont le Théâtre national Daniel Sorano inauguré en 1966 et de grands évènements phares avec le premier Festival mondial des arts nègres.M. Wane rappelle à cet égard que le Sénégal a eu à cette époque l’un des premiers ministères de la Culture au monde. ‘’Dans les années 1960, peu de pays au monde avait un ministère de la Culture’’, a relevé le professeur de lettres spécialisé en littérature africaine.Il y a eu ensuite le Musée dynamique qui abrite aujourd’hui le siège de la Cour suprême, et les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès.‘’Avec Senghor, il y avait une vision, une ambition et une réelle volonté de placer la culture en avant’’, selon le coordonnateur du colloque de la 12ème édition du Festival national des arts et cultures (Fesnac), dont le thème est ‘’Les politiques culturelles au Sénégal : acquis et défis’’.Le successeur de Senghor, le président Abdou Diouf est arrivé, dit-il, dans un contexte différent dans les années 1980 avec les programmes d’ajustement structurel imposés par les bailleurs de fonds.‘’Il y a eu un recul dans certains acquis, mais la crise a la vertu de faire naitre des choses et cela développe des initiatives’’, a-t-il fait remarquer, soulignant que c’est à cette période qu’est née la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar communément appelée ‘’Dak’art’’.Le Grand prix du président de la République pour les arts et les lettres, la galerie nationale, la maison de la culture Douta Seck, le programme de développement des centres culturels dans les régions ont vu le jour durant cette période.‘’Cela a été une période de crise par rapport à la décennies 1960 et 1970, mais cela a été aussi une période très intéressante où des initiatives importantes ont été prises par l’Etat d’une part et d’autre part par les acteurs qui étaient dans l’obligation de se prendre en charge’’, explique-t-il.Ce contexte a vu également émerger des ”capitaines d’industries”, comme Youssou Ndour, le lead vocal du Super étoile, El Hadj Ndiaye, le patron Studio 2000 et fondateur de la tévision 2Stv, a souligné Ibrahima Wane.‘’Cela était inimaginable avant que les artistes se mettent à créer des sociétés, à ouvrir des studios et cela était aussi valable dans les arts visuels avec l’ouverture de galeries. Ils ont suppléé l’Etat, des associations d’artistes sont nées’’, relève-t-il.Les présidents Abdoulaye Wade et Macky SallL’arrivée du président Abdoulaye Wade coïncide avec les bouleversements introduits par les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui ont amplifié la piraterie et ouvert des opportunités, selon Ibrahima Wane.‘’Il y a eu à cette période, une nouvelle vision de la culture comme instrument économique et même la Banque mondiale l’intègre dans ses programmes comme un élément de lutte contre la pauvreté et comme une source de création d’emplois’’, a expliqué le professeur Wane, déplorant une instabilité institutionnelle avec onze ministres de la Culture durant le régime d’Abdoulaye Wade (2000-2012).A partir de 2012, avec l’avènement du président Macky Sall, il y a eu la loi sur le statut de l’artiste et les nombreux fonds mis en place pour financer la culture.Ibrahima Wane cite à ce propos le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), le Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu), devenu aujourd’hui le Fonds de développement des cultures urbaines et des industries créatives (FDCUIC), etc.‘’A chaque période, il y a eu un contexte et une politique taillée en fonction des enjeux, des réalités. On peut faire la comparaison des quatre chef d’Etat mais en lisant bien les contextes où il y a eu des acquis et des insuffisances’’, a conclu M. Wane.FKS/OID/ASG
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