Bignona, 7 juin, (APS) – Le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal Seydi Gassama a plaidé, jeudi, à Bignona, pour la tenue des Assises nationales sur les questions foncières afin d’opérer des réformes nécessaires sur cette problématique.

Il a fait ce plaidoyer lors d’un atelier de formation axé sur le thème “la problématique de l’accès au foncier”.

Cette session de formation initiée par Amnesty International et présidée par le préfet de Bignona a mobilisé des maires et des chefs de village du département de Bignona.

“Nous demandons à l’Etat du Sénégal et aux nouveaux dirigeants de mettre en œuvre très rapidement leurs visions pour le monde rural ; et mieux opérer des réformes sur la question foncière”, a déclaré M. Gassama.

“Il faut que les paysans aient des titres de propriété. Il faut qu’on opère des réformes dans ce pays pour que chaque famille, chaque communauté ait un bail, un titre foncier ; et qu’elle puisse utiliser ce titre de propriété pour avoir des prêts bancaires pour moderniser leur agriculture”, a t-il insisté.

Pour Seydi Gassama, le Sénégal ne connaîtra pas l’autosuffisance alimentaire en comptant sur les gros investisseurs.

”L’excédent commercial d’Asie qu’on déverse en Afrique vient des petits producteurs familiaux qui produisent et qui sont organisés en coopératives. Donc il faudra vraiment donner aux paysans des titres de propriété sur les terres qu’ils occupent depuis des générations et des générations pour leur permettre de pouvoir moderniser leurs exploitations agricoles”, justifie-t-il.

Et le directeur d’Amnesty Sénégal de renchérir : ”Je pense que pour le foncier, il faut aller au-delà d’une commission de réforme et même aller vers les assises du foncier où les communautés, les collectivités territoriales, l’Etat, la société civile se retrouveront ensemble pour définir vraiment ce que nous voulons en matière de politique foncière”.

Cette vision doit être axée, selon lui, sur le renforcement des petits producteurs ruraux qui doivent avoir des titres de propriété, des crédits garantis par l’État pour investir et pouvoir produire 12 mois sur 12.

”Aujourd’hui, le problème que nous avons, c’est qu’à cause du manque d’eau, on travaille 4 mois sur 12 dans le monde rural. Mais si l’Etat investit dans le monde rural et leur donne la capacité de pouvoir accéder à l’eau, les gens vont produire 12 mois sur 12 ; et le pays atteindra l’autosuffisance alimentaire et pourra même exporter”, soutient-il.

Une manière pour M. Gassama d’inviter les décideurs politiques à aller véritablement vers ces réformes, estimant que ”ce sont elles qui vont justement sortir la grande majorité des Sénégalais qui sont dans le monde rural de la misère où elle se trouve aujourd’hui”.

”Cette formation entre dans le cadre d’un programme que nous mettons en œuvre depuis quelques années dans les régions du centre et maintenant en Casamance ; notamment dans les départements de Ziguinchor et surtout Bignona qui constitue le plus grand département de la région et qui compte le plus de Villages et où également les questions foncières sont très présentes”, a expliqué le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal , Seydi Gassama.

Selon le défenseur des droits de l’homme, ”le but recherché à travers cette rencontre est de faire en sorte que les conflits fonciers qu’ils opposent des privés, c’est a dire des communautés entre elles, ou des privés et des investisseurs, puissent se résoudre de façon pacifique sans qu’il y ait un recours à la violence”.

”Pour cela, il faut connaître la législation en place ; il faut que les communautés se l’approprient ; que les collectivités territoriales connaissent bien aussi cette législation de sorte que lorsque que les demandes d’affection de terres sont faites, on puisse procéder au respect de la loi sans qu’on finisse avec des conflits qui peuvent mener au tribunal ou qui peuvent contribuer à la violence. Donc c’est le but de cet atelier”, a-t-il ajouté.

El Hadj Diop, responsable du service du bureau des domaines de Ziguinchor, est d’avis que les litiges fonciers sont occasionnés par la méconnaissance des lois.

”Et nous avons formé les chefs de village pour la distinction qu’il faut faire sur les différents domaines de l’Etat notamment le domaine national, le domaine public de l’Etat ; mais aussi nous les avons formés sur les procédures d’affection et de désaffectation des terres du domaine national”, a t-il expliqué.

Selon lui, ”c’est donc une formation qui est utile car ils ont été capacités pour leur permettre de réussir les procédures d’affection et de désaffectation”.

”Il faut savoir que c’est des lois démocratiques, bénéfiques pour tout le monde ; notamment la loi 64 qui régit le domaine national. C’est une loi qui permet une démocratisation de la terre, pour que la terre soit accessible à tout le monde. Qu’une personne ne s’approprie la terre parce que tout simplement il a les moyens, c’est l’objet de la loi et on doit le savoir pour éviter tous ces litiges”, a dit le responsable des domaines de Ziguinchor.

IM/MNF/OID

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