De l’envoyé spécial de l’APS, Abdoulaye DialloBetenty (Fatick), 23 juin (APS) – Des experts de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de la Direction générale d’appui aux Sénégalais de l’extérieur (DGASE) ont déroulé une campagne de sensibilisation aux ‘’risques’’ et ‘’dangers’’ de la migration irrégulière à l’intention des jeunes de Betenty, une commune située dans l’arrondissement de Toubacouta (centre-ouest), a constaté l’APS, vendredi.C’était à l’occasion d’une ‘’journée de sensibilisation’’ soutenue par le Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine (CILEC) du Sénégal et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Les experts ont recommandé aux jeunes de Betenty de n’emprunter que les voies légales de la migration lorsqu’ils veulent s’installer et travailler à l’étranger. La campagne de sensibilisation avait pour thème ‘’Tukki jarul laqatu’’, ce qui, traduit du wolof, veut dire qu’il ne sert à rien d’emprunter des voies non autorisées pour se rendre à l’étranger.La sensibilisation a consisté à informer les populations de Betenty, les jeunes notamment, des droits des migrants et des risques de la migration irrégulière.‘’Nous avons beaucoup insisté sur la désinformation. De fausses informations circulent sur Internet, concernant la migration. On a également partagé avec eux des informations relatives aux responsabilités des passeurs, qui sont poursuivis pénalement, contrairement aux migrants considérés comme des victimes et ne pouvant donc pas être poursuivis en justice’’, a expliqué l’adjudant de police et chef du bureau chargé de la réinsertion et des emplois au CILEC, Bara Sylla. M. Sylla signale que le Sénégal est en train d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière. ‘’Nous devons combattre la migration irrégulière, pas la migration, qui est un droit pour tout le monde. Il y a des voies légales à suivre. Les jeunes doivent les emprunter et éviter les voyages périlleux’’, a-t-il dit aux bénéficiaires de la campagne de sensibilisation.La stratégie de lutte contre la migration irrégulière comprend ‘’énormément d’opportunités pour les jeunes’’, a assuré Bara Sylla, affirmant que c’est le ministère de l’Intérieur qui s’en charge.L’adjudant Mamadou Lamine Badiane, chef du poste de surveillance fluviale de l’île de Betenty, a profité de la ‘’journée de sensibilisation’’ pour rappeler la mission du service qu’il dirige, lequel a été implanté dans la zone en 2019, deux ans après le naufrage d’une pirogue à l’origine de la mort de 20 femmes.‘’Il faut cultiver la terre, il y a du travail ici’’M. Badiane a soutenu la sensibilisation en demandant aux populations de voyager dans le respect des règles de la migration. ‘’Si vous avez besoin d’un passeport ou d’une carte d’identité, venez vers nous. Nous sommes à Betenty pour vous, pour votre sécurité et votre épanouissement. Beaucoup de jeunes n’ont même un extrait de naissance ou une pièce d’identité, ce qui n’est pas normal.’’‘’Si vous ne connaissez pas les voies, venez vers nous. Au Sénégal, c’est la police qui est habilitée à délivrer tous les titres de voyage’’, a dit l’adjudant de police aux jeunes. Saly Diouf, une habitante de la commune de Betenty, s’est réjouie de l’initiative de l’OIM et de la DGASE. Elle est d’autant plus utile qu’elle a été prise dans un contexte de déperdition scolaire très avancée dans la zone, selon Mme Diouf.Elle déplore par ailleurs le manque d’initiatives de promotion économique et sociale pour les jeunes de son terroir. Les projets de développement dont on parle dans la zone ne tiennent qu’à la ‘’rhétorique’’ dont ils sont entourés, a-t-elle dit. ‘’Il n’y a aucun suivi de ces projets, on ne voit rien qui en sort’’, a soutenu Saly Diouf, estimant qu’il est ‘’difficile’’ dans une situation pareille de dissuader les jeunes d’aller chercher du travail à l’étranger.Adama Mané est un ancien migrant. Il a passé plus de vingt ans en Europe. Après avoir été formé dans divers secteurs d’activité, il a regagné son terroir pour y investir et venir en aide aux jeunes. ‘’J’ai décidé de revenir chez moi pour cultiver la terre, investir et aider les jeunes.’’M. Mané invite les jeunes de Betenty à se lancer dans l’agriculture, l’élevage ou le maraîchage. ‘’Il faut cultiver la terre, il y a du travail ici. L’agriculture est une solution à la pauvreté. A Betenty, seules les femmes travaillent. Je demande aussi à l’Etat d’accompagner les jeunes confrontés au chômage, car la plupart d’entre eux prennent les pirogues pour aller vers d’autres pays à cause des difficultés sociales’’, a dit Adama Mané.Selon l’Organisation internationale pour les migrations, le nombre de migrants irréguliers quittant les côtes ouest-africaines pour s’installer en Europe ne cesse d’augmenter. Entre janvier et août 2022, affirme l’OIM, 10.637 migrants sont arrivés de manière irrégulière aux îles Canaries.La traversée de l’Atlantique à partir des côtes ouest-africaines est l’une des plus meurtrières tentatives d’émigration de l’Afrique vers l’Europe, selon l’agence des Nations unies chargée des migrations.‘’Avec la hausse des traversées irrégulières, les incidents se multiplient le long des côtes ouest-africaines. De nombreux migrants effectuant la traversée de l’océan Atlantique sont en situation de vulnérabilité et ont besoin de protection, de soutien et d’assistance’’, lit-on dans un document de l’OIM.ABD/ESF/MTN
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