Dakar, 22 nov (APS) – Le musicien-chanteur sénégalais Cheikh Ndiguël Lô a annoncé la sortie prochaine de son sixième album en 2025, date à laquelle, il va célébrer ses 50 ans de carrière. »Je travaille sur un nouvel album qui doit sortir l’an prochain parce qu’en 2025, on va célébrer les 50 ans de carrière musicale sur scène, et aussi fêter en même temps mes 70 ans’’, a-t-il déclaré. Cheikh Lô s’exprimait lors d’un entretien avec des journalistes, en prélude du concert »pour la fraternité et la paix universelle » qu’il doit donner, samedi, à l’Institut français de Dakar, dans le cadre de la 6e édition du »Gingembre littéraire », une initiative du journaliste El Hadj Gorgui Wade Ndoye, placée sous le thème : »Sport et cohésion sociale ». Il a promis un ‘’morceau inédit » pour le public lors de ce live, qui selon lui, sera à l’image de son ‘’immense carrière’’. Le nouvel album, dit-il, sera composé ‘’exceptionnellement’’ de treize titres, dont ‘’Développement africain’’, une chanson en reggae qui parle de l’Afrique et de ses ‘’dirigeants véreux’’. »D’habitude, je sortais 9 ou 10 titres, mais comme cela va faire dix ans depuis la sortie du dernier album (Balbalou sorti en 2015), cela va être un bonus pour tous mélomanes’’, a-t-il expliqué. Tous les morceaux de cette nouvelle production ont été composés durant le confinement du à la pandémie du Covid-19, a-t-il précisé. A l’en croire, la pochette de l’album est déjà faite, tandis que le label »World Circuit Records », basé à Londres, est en train de faire le mastering. Une riche carrière toujours au sommet Né en 1955 à Bobo Dioulasso, d’une famille sénégalaise installée au Burkina Faso, Cheikh Lo a su s’imposer comme une figure emblématique de la scène musicale africaine et mondiale grâce a sa voix envoutante, ses rythmes hybrides et son style singulier. Ses premières armes musicales, cet autodidacte les a faites dans les années 1970 en tant que batteur dans les orchestres locaux, tels que »volta jazz » au Burkina Faso autrefois Haute volta avant de s’installer à Dakar dans les années 1978 où il travaille à la Soctrac (Société des transports en commun du Cap-Vert). Il y poursuit en même temps sa formation musicale auprès des Ousmane Diallo plus connu sous le nom de »Ouza ». Il accompagnera aussi Papa Wemba dans les années 1980, une fois à Paris. Depuis lors, ce passionné de musique, reconnu pour sa polyvalence et sa créativité, a sorti cinq albums : »Né la Thias » en 1996, »Bamba Gueej » ensuite 1999, »Lamp Fall » en 2005, »Jamm » en 2010 et »Balbalou » 2015. Ces albums teintés d’une ambiance musicale riche, mixte de mbalax, de la musique mandingue, du reggae et de rythmes afro-cubains, ont tous été couronnés de succès au niveau international. ‘’Tu te rends compte, il y a 5 albums qui sont demeurés numéro 1, jamais numéro 2. Et ça, on peut dire que c’est du jamais vu dans le milieu musical’’, s’est-t-il réjoui, sourire aux lèvres. ‘’Parfois, tu peux être numéro 1. L’année prochaine, par exemple, tu es numéro 4. Mais de 1995 à 2015, tous les albums sont demeurés numéro 1. Je crois que ça, c’est un beau panneau’’, a ainsi martelé Cheikh Lô. Mais pour cet auteur-compositeur-interprète, la plus grande consécration de sa belle carrière est intervenue en 2015 lorsqu’il est honoré à Budapest (Hongrie) du prix Womex, devenant ainsi le premier musicien africain à remporter ce prestigieux trophée international annuel dédié aux musiques du monde sous toutes leurs formes. Durant la 14e édition, il n’y avait que des Européens et des Américains qui occupaient la première place. ‘’C’était une surprise, pour la première fois, un Africain décrochait ce prix. Donc c’était un prix non seulement pour le Sénégal, mais pour toute l’Afrique. Et cela, c’est un bon cheminement pour moi’’, a-t-il soutenu. Toutefois, Cheikh Lô déplore ‘’le manque de considération des autorités d’alors après ce sacre inédit ». ‘’Le Womex, je peux dire que c’est la Coupe du Monde. Et quand je suis revenu avec le trophée, il n’ y a eu ni accueil, ni réception de la part des autorités, notamment le chef de l’Etat, Macky Sall, comme s’il sous-estimait ce prix. Et voilà quelque chose qui m’a trop touché’’, a-t-il regretté. 2025 une année de célébration Du haut de ses 70 ans Cheikh Ndiguel Lô veut encore continuer de capter et d’inspirer. Pour ce faire, il envisage de célébrer durant toute l’année 2025, ses cinquante ans de carrière, en partageant avec le monde entier, sa discographie riche et variée, restée une référence pour les amateurs de musique africaine, à travers notamment des concerts et spectacles. ‘’Je crois que toute l’année, ce seront des prestations d’anniversaires et aussi de célébrations. Que ce soit à Dakar, en Afrique, en Europe, un peu partout dans le monde, par rapport aux tournées, partout où je vais me produire, ce sera une fête, toute l’année’’, a-t-déclaré. Selon lui, ces cinq dernières décennies n’ont été pour lui que ‘’joie et succès permanent’’. ‘’Moi, je n’ai pas senti des trucs sombres dans ma carrière. On peut dire que tellement j’aime la musique (…) au point que je ne vois rien d’autre que du bonheur’’, a ainsi laissé entendre le chanteur. La recette de ce succès cinquantenaire, a-t-il indiqué, c’est ‘’le travail permanent, dans la rigueur et le sérieux’’. »Non, ce succès, il n’y a pas de demi-mesure, il n’y a que le boulot », a t-il avancé. ‘’Toujours être en studio, toujours écrire, toujours répéter, voir les harmonies, les mélodies, et ensuite passer en studio pour sortir un disque. C’est un travail permanent, de tout temps’’, lance le baye fall. Fort de ce constat, il a ainsi invité les musiciens sénégalais de la nouvelle génération à s’en inspirer et prendre exemple sur les grands ténors du continent pour rayonner, tout en étant fortement ancrés dans leur identité culturelle. ‘’De plus en plus, on ne sent pas beaucoup l’originalité de cette nouvelle génération. Ils ont tous été influencés par les Américains. Donc, en gros, ils perdent leur culture, leur originalité. Je crois qu’ils doivent apprendre à voir aussi, écouter beaucoup les anciens », a t-il relevé. La musique : une histoire de famille chez les Lô Installé il y a une vingtaine d’années avec sa famille dans sa villa à Keur Massar, à 25 kilomètres à l’ouest de Dakar, le chanteur y a aménagé un studio pour s’adonner plus tranquillement à son art, à l’écart de la capitale sénégalaise bouillonnante. Aujourd’hui, Cheikh Lô, avec ses deadlocks, a transmis naturellement sa passion, la musique, à ses deux enfants. ‘’Je ne leur ai rien imposé. Je suis très démocrate. C’est venu, comme ça, naturellement, ils se sont intéressés aux instruments et ils ont appris à jouer de la musique’’, a-t-il tenu à préciser. ‘’Massamba, il ne chante pas parce qu’il a une voix de crapaud. Mais il est ingénieur de son et joue bien l’instrument. Kiya, elle chante bien. Mais je lui ai dit quand même d’arrêter un peu la musique parce qu’elle fait actuellement son master en droit. Après, elle pourra en faire son loisir’’, a expliqué le père. Un artiste engagé Musicien intemporel et universel, Cheikh Lô s’est aussi révélé ces dernières années comme étant un artiste engagé qui s’intéresse à la situation politique de son pays. Lors des émeutes de mars 2021, il avait publié sur sa page Facebook, un message adressé à Macky Sall, en lui demandant de se ‘’plier aux exigences des jeunes pour éviter le pire’’. ‘’Je me suis adressé à lui directement sur Facebook pour l’avertir et le calmer aussi. Peut-être qu’il n’a pas bien reçu mon message, ou qu’il n’a pas voulu m’écouter, du moment où il s’est entêté’’, a-t-il relevé, indiquant que son propre fils à même reçu une balle à l’épaule lors de ces manifestations. Cet engagement, dit-il, s’explique par le fait que ‘’depuis 1960 à nos jours, c’est la même chanson qui se répète à travers des dirigeants malhonnêtes et corrompus’’. ‘’Maintenant qu’il y a eu ce changement de régime, je crois que les données vont changer. J’ai ce pressentiment. D’abord, avec tous les discours que j’entends, j’ai quand même de l’espoir. Je crois que le Sénégal va changer complètement de visage, et ils vont contaminer aussi l’Afrique’’, a-t-il soutenu. MK/ADL/FKS/OID
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)
SENEGAL-AFRIQUE-CULTURE / Dak’art : l’artiste Madeleine Devès Senghor redonne une seconde vie à des débris d’objets
SENEGAL-EDUCATION-HUMEUR / Université de Ziguinchor : la satisfaction « immédiate » des revendications, condition de la reprise des cours (étudiants)