Par Momar Khoulé Ba

Tivaouane, 03 Avril (APS) – Les fortes températures caractérisant le mois de ramadan, cette année, n’entament pas la volonté de certains jeûneurs exerçant des métiers pénibles. Ils sont obligés de faire avec la canicule qui sévit ces temps-ci dans certaines parties du pays, comme à Tivaouane (ouest).

Ils sont maçons ou carreleurs, s’ils ne sont pas électriciens. Ces travailleurs semblent les plus éprouvés par le fait de devoir allier diète, dur labeur et chaleur.

Il est 11h à Goumoune, un quartier de Tivaouane. Les fortes températures et les rayons du soleil qui irradient les rues sablonneuses de cette partie de la cité religieuse tidjane, n’entament en rien le courage de Mor Dia, un maçon professionnel, qui vient de Thiès chaque matin.

Si les musulmans doivent jeûner de l’aube jusqu’au coucher du soleil, pendant le ramadan, ne pas s’alimenter et ne pas boire pendant plus d’une douzaine d’heures de la journée, n’exonère personne de ses tâches quotidiennes.

Des horaires compris entre 7h et 14 h

A jeun et tout en sueur, ce quarantenaire multiplie les consignes à l’endroit d’apprentis, qui travaillent sous sa responsabilité, sur un chantier de construction en finition.

En plus de six ans d’expérience, il ne sait plus combien de maisons il a fait bâtir. Comme beaucoup de travailleurs, il réaménage ses horaires pendant le mois sacré musulman. ”Quand vient le mois de ramadan, je commence le travail à 7 heures et je termine souvent à 13 ou 14 heures”, explique-t-il.

Une équipe de quatre personnes, dont deux maçons et deux manœuvres s’activent sur le chantier. “Chaque manœuvre rentre tous les jours avec 4.000 FCFA, alors que les maçons reçoivent 7.000F la journée”, renseigne le responsable des travaux.

S’il ne rechigne pas à payer ses employés jusqu’au dernier centime, le patron exige d’eux, en retour, qu’ils s’acquittent convenablement de leurs tâches. “Vous savez, la confiance n’a pas de prix. Quand quelqu’un vous confie un travail aussi important que la finition d’une maison, vous devez y mettre du sérieux et de la détermination”, dit-il.

En attendant de réussir à un concours, Ibrahima Djité, un ancien étudiant à la faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, s’est provisoirement reconverti en maçon, pour subvenir à ses besoins et bien préparer les tests. Il dit avoir pris cette option pour gagner dignement de l’argent.

Se battre dans les chantiers en attendant les concours 

“Contrairement aux ‘toog mouy dokh’ (partisans du moindre effort), je suis un soutien de famille qui ne perd jamais son temps”, dit non sans fierté Ibrahima. Le jeune homme dit avoir “cartouché” (échoué) à la fac de droit de l’UCAD, “les armes à la main”, par manque de moyens.

“Aujourd’hui, je me bats dans les chantiers, tout en continuant à faire des concours, dit-il. D’ailleurs, je prépare le concours de la douane prévu le 27 avril prochain.”

Khadim Fall, la trentaine, est carreleur de profession. Il vient aussi de Thiès chaque jour pour travailler comme manœuvre, sur le même chantier, en attendant la phase du carrelage.

“Je touche 4.000 francs chaque jour, en attendant à mon tour, d’être le patron du carrelage de la maison”, explique Khadim qui dit beaucoup souffrir de la chaleur.

Non loin du site où il opère, Ibrahima Kane Samb applique de l’enduit sur la façade d’une maison en construction depuis bientôt six mois. Avec ses ouvriers, il s’évertue à boucler le chantier avant la fin du ramadan.

“Un de mes éléments était alité depuis la mi-janvier. C’est pourquoi nous avons accusé du retard, mais normalement, je devais finir au début du mois de mars”, dit-il.

En plus du ramadan, les risques encourus sur les chantiers 

“Je vais devoir me concentrer ici tous les jours de 7h du matin à 15 heures, pour terminer définitivement le chantier, malgré la chaleur infernale qui règne à Tivaouane”, poursuit le maçon.

Massamba Mbow, l’électricien en charge des installations électriques du bâtiment, arrive sur les lieux aujourd’hui vers midi. Il doit y rester jusqu’à 17 h, voire 18h. Il a l’avantage d’habiter à Tivaouane.

“Je viens peu avant midi chaque jour et j’y reste jusqu’à 18h”, dit-il, confiant de pouvoir terminer toutes les installations de la maison, dans deux jours. Même si les tâches qu’il exécute, pour l’essentiel à l’intérieur du bâtiment, sont en apparence moins pénibles que celui des maçons, Massamba, le visage dégoulinant de sueur, se plaint de la chaleur torride.

Le travail de maçon nourrit bien son homme, par ces temps qui courent, certes, mais c’est à se demander si le jeu en vaut la chandelle.

En plus de la dureté du travail, liée au ramadan, il y a les nombreux risques encourus sur les chantiers, où les ouvriers travaillent sans aucune protection, ni gants, ni casque de sécurité.

MKB/ADI/ASG/ADL/BK

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