Dakar, 12 mai (APS) – Des milliers de personnes ont pris part vendredi au rassemblement tenu par le Mouvement des forces vives de la nation-F24 pour protester contre une éventuelle candidature de Macky Sall à un troisième mandat à l’élection présidentielle de février 2024 et réclamer la libération des détenus politiques. La manifestation autorisée par le préfet de Dakar s’est déroulée à la place de la Nation (ex-place de l’Obélisque), de 15 h à 19 h, devant une foule nombreuse, selon des images diffusées par des télévisions et des plateformes de réseaux sociaux. Constitué d’une centaine d’organisations, dont des partis politiques et des organisations de la société civile, le F24 a été lancé le 16 avril dernier à Dakar pour notamment s’opposer à une candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024. Plusieurs leaders de l’opposition, dont Khalifa Sall, Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, Abdoul Mbaye, Cheikh Tidiane Dièye, Cheikh Bamba Dièye, Papa Djibril Fall et Guy Marius Sagna ont pris part au rassemblement. Le leader de l’opposition, Ousmane Sonko, n’y a pas participé. ‘’Ça n’a rien à voir avec les droits de l’homme’’ Les leaders politiques, en prenant à tour de rôle la parole, ont notamment relevé ‘’le ‘non- droit’ à une troisième candidature de Macky Sall à l’élection présidentielle de 2024’’. Ils ont rejeté aussi son appel à un dialogue politique, dont l’objectif, selon eux, est d’empêcher les principaux leaders de l’opposition d’entrer en lice au prochain scrutin présidentiel. El Hadji Malick Gackou, le leader du Grand Parti, a par exemple parlé d’un ‘’dialogue-deal’’ en faisant allusion à l’appel au dialogue politique lancé par le chef de l’Etat à la veille de la célébration du 63e anniversaire de l’indépendance du Sénégal. ‘’Je reste ouvert au dialogue et à la concertation avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale’’, avait-il déclaré dans le traditionnel discours à la nation. Le chef de l’Etat avait réitéré son ouverture au dialogue avec tous les segments de la nation, le 22 avril dernier, à l’occasion de la fête marquant la fin du ramadan, le mois du jeûne musulman. ‘’Profitant de cette journée, je renouvelle mon appel à toutes les forces vives de la nation. Un appel au dialogue et à la concertation, dans le respect de l’Etat de droit’’, avait-il déclaré. Profitant du rassemblement organisé par le F24, Alioune Ndao, un ancien procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, a appelé à la ‘’libération des détenus et [à] l’organisation d’une élection libre, démocratique et transparente’’. De nombreuses arrestations ont eu lieu lors des manifestations survenues en marge du procès en diffamation entre le ministre Mame Mbaye Niang, militant de l’APR, le parti politique du chef de l’Etat, et l’opposant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor (sud). L’opposition considère les personnes arrêtées comme des prisonniers politiques, ce que conteste vigoureusement Macky Sall. ‘’On viole la loi, on brûle et on pille. Tout individu qui fait cela est arrêté […] Ça n’a rien à voir avec les droits de l’homme. Personne n’est détenu au Sénégal pour ses opinions politiques’’, a-t-il déclaré dans une interview accordée à la radio privée RFM, le 22 avril. Face aux composantes du F24 réunies à la place de la Nation, le leader de l’Alliance démocratique PÉNCÓO, Moussa Tine, a plaidé pour une ‘’unité de l’opposition’’, dont une bonne partie des leaders est réunie par la coalition Yewwi Askan Wi. ‘’Nous nous battons pour le même objectif’’ ‘’Nous pouvons avoir des divergences internes dans nos approches mais nous nous battons pour le même objectif, contre la candidature du président Macky Sall’’, a-t-il déclaré devant une foule déchaînée, qui scandait les noms de certains leaders avec force et enthousiasme au moment de leur prise de parole, là où d’autres étaient chahutés. Le rassemblement s’est tenu quelques jours après que l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à six mois de prison avec sursis par la cour d’appel de Dakar pour diffamation et injures publiques. Le leader de Pastef-Les patriotes était jugé en appel pour diffamation dans une affaire l’opposant au ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang. La cour d’appel a par ailleurs confirmé la condamnation de M. Sonko en première instance à verser des dommages et intérêts de 200 millions de francs CFA au plaignant. Le leader de Pastef-Les patriotes et maire de Ziguinchor avait été condamné en première instance à deux mois de prison avec sursis et à payer 200 millions de francs CFA au plaignant. Ousmane Sonko pourrait être convoqué de nouveau par la police judicaire ou un tribunal pour les faits de viol dont l’accuse Adji Sarr, une jeune dame. Il est placé sous contrôle judiciaire depuis plus de deux ans, dans le cadre de l’instruction de cette affaire. Il nie les accusations de la plaignante. Le F24 réunit ‘’112 entités’’, selon ses dirigeants. Il s’agit de partis politiques et de coalitions de partis, ainsi que d’organisations de la société civile, dont la RADDHO et la LSDH, deux des principales associations de défense des droits de l’homme au Sénégal. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, Ousmane Sonko, Abdourahmane Diouf, le professeur Mary Teuw Niane, l’ancienne Première ministre Aminata Touré et l’ancien ministre Cheikh Bamba Dièye font partie de ses leaders. Le coordonnateur du Mouvement des forces vives de la nation-F24, Mamadou Mbodj, est un professeur de philosophe à la retraite. Docteur en sciences de l’éducation, M. Mbodj a dirigé le M23, un mouvement de partis politiques, de syndicats et d’organisations de la société civile à la pointe de la contestation de la candidature d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2012. SMD/ASG/ESF
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