Dakar, 7 fév (APS) – Des universitaires sénégalais ont invité, mercredi, la jeunesse africaine à s’inspirer de la pensée et de l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop pour le développement durable et la renaissance de l’Afrique.

‘’C’est important pour la jeunesse africaine aujourd’hui de s’approprier la pensée de Cheikh Anta Diop pour mener l’Afrique en avant et mener les Africains à l’épanouissement’’, a déclaré docteur Awa Bocar Ly Tall, sociologue, chercheur et membre du comité de pilotage de l’histoire générale du Sénégal.

Mme Tall intervenait lors d’une table ronde organisée à la place du souvenir pour revisiter l’œuvre du scientifique et homme politique sénégalais sur le thème ‘’quelle stratégie de communication pour la renaissance de l’Afrique ?’’. Cheikh Anta Diop, est né le 29 décembre 1923 à Thieytou et décédé le 7 février 1986 à Dakar.

Awa Bocar Ly Tall a rappelé que Cheikh Anta Diop disait à la jeunesse africaine qu’il n’avait fait que ‘’baliser les grandes voies’’ et que c’était à elle de ‘’les approfondir’’.

‘’Le principal combat de Cheikh Anta Diop était de bâtir l’Afrique sur des bases nouvelles, la mettre sur les voies d’un développement durable sur tous les plans’’, a ajouté Mme Tall, soulignant que les problèmes soulevés dans les années 1960, par Cheikh Anta Diop, persistent aujourd’hui en 2024.

Awa Bocar Ly Tall invite les jeunes à relire ses thèses et les actualiser par rapport au contexte pour aller de l’avant.

Selon elle, ‘’il y a une décolonisation inachevée comme le disait le professeur Iba Der Thiam et c’est à la jeunesse d’achever cette libération et Cheikh Anta Diop a donné toutes les solutions pour un interfédéral africain afin de partir de nos ressources pour se développer’’.

‘’Comment un pays peut être aussi riche en uranium que le Niger et avoir une population aussi pauvre, le Mali a de l’or, comment d’autres pays africains qui ont toutes les ressources pour se développer, sont-ils aussi pauvres ?’’, s’est-elle interrogée.

L’historien et disciple de Cheikh Anta Diop, le professeur Aboubacry Moussa Lam, a suggéré la mise en place d’une fédération des pays africains telle que proposé par Cheikh Anta Diop pour ‘’peser sur le plan mondial’’.

‘’Le Burkina, le Mali et le Niger voient enfin la nécessité de se mettre ensemble et si on l’avait fait dans les années 1960, on en serait pas là’’, a-t-il expliqué, ajoutant que la stratégie de communication de Cheikh Anta Diop pour la renaissance africaine, c’était de ‘’doter l’Africain du savoir nécessaire pour qu’il puisse renouer avec l’histoire’’.

Citant des propos de l’historien originaire de Thieytou dans la région de Diourbel (centre) dont le centenaire de la naissance a été célébré le 29 décembre dernier,  il a déclaré : ‘’j’ai voulu seulement armer (le jeune) en éveillant son sens critique contre les tours de passe-passe des historiens afin qu’en les lisant, il ne lui fasse plus avaler des inventions et des postulats sans qu’il ne s’en doute’’.

‘’Nous avons les fondements culturels mais nous avons aussi les fondements économiques et il faut s’inspirer de l’Egypte dont la force se trouvait dans son écriture qui est une forme de communication”, a encore cité le professeur Lam.

Des étudiants présents à la rencontre ont décidé ‘’d’adopter’’ la pensée du professeur Cheikh Anta Diop.

‘’Dans un contexte marqué par le repli identitaire, il est important de savoir qui nous sommes, d’où nous venons et ces questions sont importantes pour nous Africains afin de revigorer notre passé, de jeter les bases de l’avenir de notre continent’’, a dit Ousseynou Guèye, doctorant au département d’histoire.

‘’L’Afrique traverse des difficultés et cela pourrait nous permettre de nous départir de certaines situations pour que nous ayons notre mot à dire dans ce contexte géopolitique très dense’’, a-t-il ajouté.

MFD/FKS/AB

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