Kaffrine, 6 fév (APS) – Kany Touré, sexagénaire, a marqué les esprits à Kaffrine où elle était le symbole de la propreté pendant plusieurs années. Les journées de nettoiement initiées par les nouvelles autorités sont, pour elle, « un rêve qui s’est réalisé ».

Assise dans sa chambre soigneusement bien rangée, dans sa tenue « taille basse » jaune et noire, Kany Touré a pris sa « retraite » après de bons et loyaux services de nettoiement de certains quartiers de Kaffrine (centre). La sexagénaire, le foulard bien ajusté sur la tête, ne tient plus, elle qui fait partie de ces vieilles dames balayant les devantures de maisons aux premières heures de la matinée. Au quartier Kaffrine 2 sud, et au-delà, son nom y résonne comme « Madame propreté ». Elle revendique d’ailleurs en être la « gardienne ».

« Balayer et nettoyer les rues de mon quartier relève juste d’une passion et d’une mission que Dieu m’a confiées sur terre et dont je me suis acquittée avec dévouement pendant plusieurs années », a-t-elle dit à l’APS. Elle dit se consacrer actuellement à son petit commerce pour entretenir sa famille.

Toutefois, cette dame de teint clair et de petite taille, dit avoir fait plus de 15 ans de bénévolat dans le nettoiement de son quartier et d’autres de la commune de Kaffrine. « Entre la propreté et moi, c’est une longue histoire d’amour, un devoir et une mission que j’accomplissais depuis ma tendre enfance », a-t-elle insisté. « Au début, a expliqué Kany Touré, je nettoyais la cour de notre maison puisque j’ai été ainsi éduquée par ma mère, c’est-à-dire à balayer la maison tôt le matin, laver les ustensiles et autres équipements ménagers ». Selon elle, avec le temps, débarrasser les ordures est devenu « une habitude » et « une passion ». « Je suis devenue une personne qui n’aime pas voir de la saleté dans son cadre de vie », exulte, sourire aux lèvres, la veuve.

 Des reptiles dans les ordures

Sa passion pour la propreté grandissant, elle s’attaque aux lieux transformés en dépôts sauvages d’ordures. « Puisque je me levais chaque jour pour nettoyer et balayer les rues du quartier, tous les habitants du quartier pensaient que j’étais devenue folle. Heureusement le regard des autres ne m’a jamais dévié de cette mission », a-t-elle fait valoir. Avec son râteau, il ratisse large pour nettoyer les dépôts sauvages et même le terrain du quartier dédié aux enfants ainsi que la gare ferroviaire de Kaffrine.

« Je débarrassais également les allées des ordures pour libérer le passage », a-t-elle ajouté, relevant que parfois elle allait jusqu’à monter la garde sur les voies nettoyées pour « surveiller les gens tout en les sensibilisant sur l’importance de participer à l’amélioration du cadre de vie ».

Kany Touré ne ramassait pas que des ordures. « Je m’efforçais de nettoyer les ordures le jour et de les incinérer la nuit, parfois au risque de ma vie avec les reptiles qui sortaient des tas d’ordures en flammes. Mais ma passion était mon arme de résistance », a-t-elle encore souligné.

Elle est convaincue que cette mission doit être collective pour être pérenne. « Tout citoyen doit participer au développement de sa ville par tous les moyens. C’est de cette manière que l’on arrive à rendre nos cadres de vie propres et accueillants », a-t-elle ajouté, exprimant sa fierté d’avoir rendu aujourd’hui certains espaces de son quartier « fréquentables au grand bonheur des habitants ».

 « J’ai refusé d’être décorée »

Elle s’est également réjouie de constater que les habitants de son quartier ont finalement accepté et compris « la sincérité de son amour » pour la propreté. Elle rappelle qu’un jour, l’ancien maire de Kaffrine, Abdoulaye Wilane, est venu le trouver sur les lieux pour l’encourager et le féliciter. « Il m’a offert par la suite des chaussures et des gants de protection pour m’appuyer dans ma mission. Je remercie infiniment, l’ancien maire, qui ne cesse de m’assister encore en tant que veuve et citoyenne qui a fait de la propreté de Kaffrine son combat premier », a-t-elle souligné.

Kany Touré dit être dans la vie une personne qui aime l’humilité et la sobriété. Un trait de caractère de sa personnalité. La preuve : « A un moment donné, des gens avaient voulu me décorer publiquement pour services rendus à la communauté, mais j’ai refusé », a-t-elle dit. Elle précise que la seule décoration qu’elle a acceptée de sa vie à Kaffrine vient d’une association de son quartier, qui lui a offert une photo de son marabout, Serigne Babacar Sy. « J’étais très contente », a ajouté cette mère d’une unique fille âgée d’une vingtaine d’années, en stage dans un poste de santé de la zone.

« Toutefois, dit-elle, j’ai pu bénéficier, grâce à mon engagement, d’un recrutement de l’Unité de coordination et de gestion des ordures (UCG), devenue la Société nationale de gestion intégrée des ordures (SONAGED) ».

Kany Touré se félicite de l’initiative présidentielle dénommée Setal sunu reew. « Aujourd’hui, mon rêve, s’est transformé en réalité, avec ces journées de nettoiement initiées par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Les gens de mon quartier, même les femmes, commencent maintenant à changer de comportement en nettoyant les rues et en travaillant pour la propreté avec la SONAGED », a-t-elle indiqué. Selon ses voisins, Kany Touré, reste « une femme engagée pour la propreté ».

Pour ses voisins, elle a, par son engagement, « inspiré plusieurs générations », notamment les femmes. « Elle mérite d’être accompagnée par les autorités d’être portée en icône à Kaffrine », ont-ils plaidé.

CTS/AB/HK/OID

 

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