Dakar, 5 jan (APS) – L’universitaire El Hadji Omar Diop invite, dans son dernier livre, ‘’La candidature à l’élection présidentielle en Afrique’’, à réfléchir davantage à la conception et à la pratique du pouvoir, lesquelles, à son avis, ont engendré la ‘’banalisation de la fonction présidentielle’’ dans le continent.

‘’On a parlé du nombre démesuré de candidats à la candidature à l’élection présidentielle de février prochain [au Sénégal]. Tout cela découle en quelque sorte de la banalisation de la fonction présidentielle’’, laquelle, selon lui, résulte de ‘’la conception et [de] la pratique du pouvoir en Afrique’’, a expliqué M. Diop.

L’enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar présentait au public son livre intitulé ‘’La candidature à l’élection présidentielle en Afrique’’.

L’ouvrage de 403 pages a été publié en 2022 par l’Observatoire de la vie institutionnelle et politique en Afrique et le Centre de recherche, d’étude et de documentation sur les institutions et les législations africaines, qui est rattaché à l’UCAD.

L’auteur a relevé ‘’l’encadrement juridique de la candidature’’ et a mis en évidence ‘’les conditions conflictogènes comme la nationalité et le parrainage’’ des candidats au scrutin présidentiel.

‘’Aujourd’hui, la candidature à l’élection présidentielle est l’une des questions les plus débattues dans le continent, soit à cause d’une troisième candidature controversée du chef de l’État en exercice, soit pour l’exclusion de candidatures sérieuses de l’opposition’’, lit-on sur la quatrième de couverture du livre.

Une ‘’hyperpersonnalisation’’ du pouvoir

M. Diop estime que ‘’la conception du pouvoir traduit une hyperpersonnalisation’’ du pouvoir en Afrique, alors que ‘’la pratique de celui-ci fait que les hommes politiques ont tendance à chercher le pouvoir, non pas pour servir mais pour se servir’’.

El Hadji Omar Diop a aussi évoqué ‘’le rôle et la responsabilité de l’opposition, qui, par endroits, est dans les invectives pour fragiliser les institutions sur lesquelles elle devra s’appuyer pour gouverner quand elle arrivera au pourvoir’’.

Dans sa présentation de l’ouvrage, le professeur Samba Thiam signale qu’il fournit un ‘’bilan scientifique de l’expérience démocratique en Afrique’’.

L’ancien directeur de l’Institut des droits de l’homme et de la paix de l’UCAD salue aussi les pistes de réflexion dégagées par son collègue sur ‘’la répartition des compétences entre les acteurs impliqués dans le processus électoral’’.

Il fait notamment allusion à certaines ‘’tâches administratives’’ relevant du contrôle et de la vérification des dossiers par le Conseil constitutionnel, la Cour constitutionnelle ou leur équivalent, selon les pays. ‘’Ce qui peut placer le juge constitutionnel dans une posture inconfortable’’, a ajouté M. Thiam.

Il souhaite que l’administration se limite à ‘’l’organisation matérielle des élections, comme cela a été expérimenté au Sénégal’’.

SMD/MTN/ESF

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