Par Cheikh Gawane DiopSaint-Louis, 6 juil (APS) – Cheikh Ahmed Tidiane Sarr n’a rien perdu de son amour pour la nature avec lequel il vit depuis bien des années, finissant aujourd’hui par devenir un citoyen plus que jamais engagé pour l’amélioration du cadre de vie de la partie nord de l’île de Saint-Louis, où il a aménagé le long fleuve et sur l’ex avenue Roume, un espace vert.Ce coin de verdure, sis près de la grande mosquée de la vieille ville, est devenu au fil des années un cadre attractif, à la limite même un lieu de détente.‘’Je suis un amoureux de la nature, qui s’engage corps et âme pour l’environnement. C’est ça mon sacerdoce, vraiment. Je crois à ça. J’aime les plantes, j’aime la nature, j’aime la propreté, l’hygiène, un cadre de vie adéquat qui permette aux gens de vivre en harmonie’’, se targue avec force conviction le septuagénaire.Natif de la ville tricentenaire, Cheikh Ahmed Tidiane Sarr, par son initiative citoyenne, semble avoir très tôt compris cet adage qui dit que la nature a horreur du vide.‘’J’ai commencé à m’investir dans l’aménagement de cet espace vert en 2015. J’ai commencé à nettoyer le site, en ramassant les petits papiers et sachets par-ci et par-là à la main sur plusieurs mètres, jusqu’au long du fleuve’’, explique-t-il.Sarr, qui a suivi ses études primaires à Saint-Louis, est à la retraite depuis 2010. Mais, le vieil homme ne porte pas son âge.Des débuts marqués par réticence des parentsSi son engagement pour la nature est aujourd’hui plus ferme que jamais, il n’en demeure pas moins que son aventure citoyenne s’était heurtée au tout début à une farouche réticence de ses parents.‘’Même mes parents me disaient : +Sarr, laisse ces choses-là. Ce n’est pas ton niveau. C’est déshonorant pour toi+. J’apportais comme réponse que je voulais faire quelque chose pour ma ville, pour mon quartier’’, se remémore celui qui a obtenu en 1970 l’équivalent de l’actuel Brevet de fin d’études élémentaires.‘’Je voulais nettoyer et faire des choses, pour que le coin puisse être très beau et très luxuriant. Pour cela, j’ai commencé à planter des arbres petit à petit. Cette première rangée-là, puis j’ai attaqué l’autre rangée avec des cocotiers’’, explique-t-il.Tout en parlant, il montre du doigt les rangées en question où, en cette période de canicule, des promeneurs, pour l’essentiel des jeunes, se sont installés pour profiter de la fraîcheur et du micro-climat généré par cet espace vert.Ayant obtenu le baccalauréat en 1974 au lycée Charles de Gaulle de Saint-Louis, Sarr, comme l’appellent affectueusement ses proches, réussit à mettre en place cet espace attractif dans l’île classée patrimoine mondial de l’UNESCO.‘’Il y a des gens qui m’ont aidé, qui m’ont donné des cocotiers dans cette initiative. Je les remercie beaucoup pour ça. C’est comme ça, petit à petit, que j’ai créé ce jardin qui est devenu maintenant un espace attractif où tout le monde vient pour se détendre’’, se réjouit-il.Fils de Amadou Moustapha Sarr, un administrateur civil de classe exceptionnelle décédé en 2016, Cheikh Tidiane dit avoir également fréquenté l’Ecole nationale des arts.‘’J’ai décroché la maîtrise en 1979, ensuite je suis revenu à Dakar pour aller à l’Ecole nationale des arts où j’ai enseigné pendant plus de trente ans’´, a-t-il rappelé, soulignant que son père aimait bien la ville de Saint-Louis.‘’C’est quelqu’un de courageux qui aime ce qu’il fait. Il mérite d’être accompagné. Il passe des heures ici pour s’occuper de cet espace’’, témoigne son beau frère, Ibrahima Babacar Sarr, environnementaliste. Ce dernier dit avoir travaillé aux côtés d’Aly Haïdar, ancien ministre de l’Écologie et de la Protection de la nature (2012-2013).L’Île aux cocotiers, son projet de rêvePassionné de la nature et d’un beau cadre de vie, Sarr est déterminé à donner corps à un projet de rêve, qu’il dénomme ‘’l’île aux cocotiers’’. Son idée consiste à planter des cocotiers sur toute l’île de Saint-Louis de manière à l’embellir.‘’J’ai quelques soutiens, des soutiens personnels qui m’aident à faire quelque chose. C’est pourquoi le suis arrivé à ce stade. La mairie doit m’aider encore pour que je puisse faire le tour de l’Île en cocotiers’’, plaide-t-il.Sarr pense que les riverains de son espace vert n’ont certainement pas encore compris l’enjeu de l’environnement.‘’Le voisinage, ça ne joue pas un peu. Ils n’ont pas encore compris l’enjeu de l’environnement. Ils ne sont pas encore en mesure de décortiquer le message que je véhicule à travers les plantations que je fais ici. Je voudrais qu’ils participent à ça, mettent la main à la pâte, mais c’est un peu difficile’’, semble-t-il se désoler.Il reconnaît qu’il n’est pas facile de prendre soin de l’environnement.‘’Je veux que les gens comprennent l’enjeu de l’environnement. Que le fait de planter des arbres, d’avoir un cadre de vie adéquat nous aide à vivre en harmonie, nous aide à être des gens respectueux de l’environnement’’, fait-il valoir.Il dit espérer que les nouvelles autorités politiques sénégalaises vont booster le secteur de l’environnement mais aussi, et surtout, participer à l’amélioration du cadre de vie.Normalement, assure-t-il, on devrait avoir ici des pavés, avoir des plantes aromatiques qui égayent un peu le lieu. Mais, le fait est qu’il reste encore beaucoup de choses à faire, précise-t-il.Toujours prêt à soutenir les initiatives citoyennes, Sarr dit avoir participé à une activité de reboisement à Goxu Mbathie, un quartier de Saint-Louis, mais également à un reboisement de filaos à l’aire marine protégée de la ville.Très à l’aise dans la langue de Molière, Sarr est titulaire d’une maîtrise en droit public, option administration publique à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).Il déclare aussi avoir étudié les Sciences politiques en Algérie.Âgé aujourd’hui de 74 ans, Cheikh Ahmed Tidiane Sarr, en bon ‘’Ndomu Ndar’’ (fils de Saint-Louis en wolof), est reconnu pour son engagement citoyen. Son œuvre qui participe à l’amélioration d’un bon cadre de vie, semble être inscrite dans les annales de la ville tricentenaire.CGD/AB/ASG
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