Dakar, 3 déc (APS) – La suppression de la troisième tranche du système de facturation de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) est diversement appréciée par des consuméristes interrogés par l’APS : certains s’en réjouissent, d’autres sont déçus et dénoncent un ‘’acte discriminatoire’’ envers certains usagers.

L’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN) se réjouit de la suppression d’une facturation qui ne prenait pas en compte les changements survenus dans les ‘’styles de consommation’’ d’électricité des ménages et des entreprises.

La journaliste Oumy Ndour, à l’origine d’une pétition contre des ‘’hausses abusives’’ des prix de l’électricité, parle d’un ‘’saupoudrage’’ lorsque l’APS l’interroge sur la nouvelle décision.

La nouvelle grille rendue publique par la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE), avec la suppression de la troisième tranche, procède d’un ‘’acte discriminatoire’’ pour les abonnés du post-paiement, ceux qui consomment avant de payer, a-t-elle dénoncé.

Oumy Ndour dit se demander pour quelle raison les pouvoirs publics, dont dépend la CRSE, acceptent de baisser les tarifs de l’électricité à trois mois seulement de l’élection présidentielle, alors que les clients réclamaient sa baisse depuis longtemps.

‘’Nous sommes très heureux de voir le gouvernement répondre favorablement à notre requête pour la modification des tranches’’, une baisse des prix de l’électricité, s’est réjoui Momar Ndao, le président de l’ASCOSEN.

Momar Ndao, le président de l’ASCOSEN

‘’Les équipements de plus en plus nombreux [des ménages] doivent être pris en compte [par la Senelec], pour le confort des Sénégalais’’, dit le président de l’ASCOSEN.

Selon lui, les équipements des ménages engendrent ‘’un changement des styles de consommation’’, lequel les fait ‘’basculer facilement dans la troisième tranche’’, qui vient de bénéficier d’une réduction.

La troisième tranche concerne les clients dont la consommation bimestrielle atteint 250 kilowattheures.

‘’En 2009, l’État voulait augmenter le prix de l’électricité […] À cette époque-là, plus on consommait, moins on payait cher. Les plus aisés étaient privilégiés. Nous avions demandé à la Senelec de faire en sorte que la première tranche et la deuxième soient les moyens chères. C’est ce que nous appelions la tranche sociale’’, a rappelé Momar Ndao.

Cette tranche comprenait ceux dont la consommation bimestrielle variait entre 50 et 150 kilowattheures.

‘’Les tranches jouent un rôle extrêmement important dans la facturation, qui doit prendre en compte le confort des consommateurs’’, a expliqué M. Ndao.

Selon le président de l’ASCOSEN, l’électricité étant un facteur de production, sa cherté entraîne une baisse de compétitivité de l’économie du pays. ‘’C’est la raison pour laquelle nous devons veiller à ce que son prix soit accessible pour le plus grand nombre de clients’’, a-t-il dit.

Le directeur général de la Senelec, Pape Mademba Bitèye, tient à préciser que la nouvelle grille tarifaire a été soumise au régulateur du secteur de l’énergie, la CRSE, en vue de sa validation. ‘’Je rappelle toujours que la Senelec ne détermine pas les tarifs’’, a dit M. Bitèye dans une interview accordée à la RTS.

Les nouveaux tarifs comprennent une baisse de 13 francs CFA sur le coût du kilowattheure pour les ménages, selon le directeur général de la société d’électricité.

Pape Mademba Bitèye, le directeur général de la Senelec

Les baisses annoncées par Pape Mademba Bitèye et la CRSE ne satisfont pas Oumy Ndour et les 44.264 signataires de la pétition, selon la journaliste employée par la RTS. ‘’Le problème reste quasiment entier pour les abonnés en mode post-paiement, la nouvelle grille ne favorisant que les clients du Woyofal (le prépaiement de l’électricité)’’, a-t-elle relevé.

‘’Les clients en mode post-paiement, qui reçoivent des factures bimestrielles, ne sont pas concernés par la baisse […] Ils vont continuer à subir les affres de la troisième tranche, qui continue à coûter cher, avec une TVA et des taxes municipales. On ne peut pas accepter ça’’, a-t-elle déploré, laissant entendre que les abonnés de la Senelec doivent continuer à réclamer la baisse des tarifs.

Avec la nouvelle grille tarifaire, les pouvoirs publics posent un ‘’acte discriminatoire’’ pour les abonnés en post-paiement de la société d’électricité, selon Oumy Ndour.

Les pouvoirs publics sénégalais ont procédé à un ‘’saupoudrage, à quelques semaines d’une élection cruciale’’, en déclarant avoir baissé les prix pour une partie des ménages seulement, selon elle.

L’APS a tenté de recueillir l’avis de la CRSE. Sans succès.

SMD/ESF/ASG

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