Par Mame Fatou Diouf (APS)Dakar, 5 oct (APS) – La nouvelle industrie pétrolière sénégalaise suscite des vocations et donne déjà naissance à des ingénieurs, dont Aboubakry Niang Diop et Ousmane Faye, lauréats du Hackathon Min’Ovation, un concours national d’innovation technologique destiné à promouvoir l’entrepreneuriat des élèves ingénieurs, des jeunes développeurs et des start-up au Sénégal.Les jeunes ingénieurs pétroliers ont reçu leur distinction à l’ouverture, mardi 3 octobre, du septième Salon international des mines (3-5 octobre), à Diamniadio (ouest).Les découvertes de gisements de pétrole et de gaz au Sénégal en 2014 ont suscité un vif intérêt chez les deux lycéens de l’époque.‘’Pour moi, l’INPG, c’était une passion ! Depuis 2016, l’année où j’étais en terminale, j’entendais parler de la découverte de gisements de pétrole. Je disais à mes camarades de classe que je voulais travailler dans ce domaine’’, se souvient Aboubakry Niang Diop.Aujourd’hui, à 26 ans, le jeune homme est un ingénieur frais émoulu de l’INPG, l’Institut national du pétrole et du gaz, un établissement créé par les pouvoirs publics sénégalais pour former la matière grise de la production d’hydrocarbures.‘’L’industrie pétrolière m’a toujours passionné’’Avant de passer le concours d’entrée à l’INPG, M. Diop décroche un diplôme d’ingénieur géologue de conception à l’Institut des sciences de la terre, un démembrement de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.Âgé de 26 ans comme lui, son camarade de promotion de l’Institut national du pétrole et du gaz Ousmane Faye a entretenu la même ambition : devenir ingénieur et travailler dans le secteur pétrolier et gazier.Après des études de génie chimique, il entame une carrière d’ingénieur process aux Industries chimiques du Sénégal, dont il était chargé d’‘’optimiser les processus de fabrication’’, la performance et la rentabilité.‘’L’industrie pétrolière m’a toujours passionné’’, raconte Ousmane Faye, considérant les métiers de l’ingénieur comme une voie incontournable pour sortir les Sénégalais des difficultés économiques, les nouvelles ressources pétrolières et gazières aidant.‘’C’est un plaisir, pour moi, de participer aux activités de ce secteur, qui peuvent assurer le bien-être des Sénégalais’’, dit le jeune ingénieur.Hormis le fait d’avoir la même vocation, Aboubakry Niang Diop et Ousmane Faye ont l’ambition commune de porter des projets scientifiques dits innovants. Dans le but d’aider à développer leur pays et d’améliorer les conditions de vie des populations, disent-ils lors d’une cérémonie au cours de laquelle ils ont reçu leur récompense des mains du Premier ministre, Amadou Ba.Le premier prix du Hackathon Min’Ovation 2023 est doté de 3 millions de francs CFA, le deuxième de 2,5 millions, et le troisième, décerné à des étudiants de l’université Amadou-Mahtar M’Bow de Diamniadio, de 2 millions.‘’Le Sénégal va entrer dans une phase de production d’hydrocarbures, il faut faire des forages. Pour cela, on a nécessairement besoin de la boue, qui s’obtient à l’aide de la bentonite’’, explique Aboubakry Niang Diop.‘’Zéro émission de gaz carbonique’’Le pays s’apprête à produire ses premiers barils de pétrole, mais ne dispose pas de ce minéral argileux dont la Grèce est un exportateur de premier plan, selon le jeune ingénieur. Se voulant prévenant, il se consacre, avec l’aide des camarades de promotion Wokha Ba, Ousseynou Sall et Abdoul Aziz Sow, à l’étude scientifique d’un minerai de substitution, ce qui lui a valu le premier prix du Hackathon Min’Ovation.‘’La bentonite pose des questions d’ordre environnemental et requiert l’utilisation d’eau douce. Nous, en tant qu’ingénieurs pétroliers, avons proposé d’utiliser l’attapulgite, un minerai de la même famille que la bentonite, capable de la remplacer’’, explique M. Diop en présentant son projet scientifique aux centaines de participants du Salon international des mines.‘’Avec l’attapulgite, on ne va pas utiliser l’eau douce. On va utiliser de l’eau de mer’’, assure le lauréat.Ousmane Faye a travaillé en duo avec Marie-Hélène Corréa, une camarade de promotion. ‘’Notre projet consiste à concevoir une centrale à gaz avec zéro émission de gaz carbonique, ce qui la différencie des autres que nous avons au Sénégal. La fumée sortant de la turbine est traitée. Les 94 % de gaz carbonique sont envoyés dans la chambre de combustion, le restant est vendu à des entreprises agroalimentaires’’, explique M. Faye.‘’Ce recyclage permet de faire passer le rendement des centrales de 25 à 42 %. La réduction du coût de l’énergie au Sénégal en sera la conséquence directe. Cela va réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre’’, dit-il fièrement.Les deux ingénieurs cherchent des financements pour développer leur projet. Pour y arriver, ils disent solliciter le ministère des Mines et de la Géologie‘’Il n’y a pas de secret, il faut travailler dur et aller vers les filières scientifiques, car les concours d’entrée à l’INPG et dans certaines écoles sont très sélectifs’’, conseille Aboubakry Niang Diop aux plus jeunes.‘’Nous voulons sauver la planète. Nous ne pouvons pas continuer à utiliser les combustibles fossiles comme nous le faisons actuellement’’, professe Ousmane Faye.MFD/ESF/BK/ASG
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