Dakar, 24 août (APS) – Le Sénégal peine, jusqu’en 2023, à positionner le digital de façon transversale dans toutes les constructions économiques et sociales, a constaté l’administrateur général de Gaïndé 2000, Ibrahima Nour Eddine Diagne.‘’Ce qui a manqué, c’est un déphasage entre les compétences africaines en matière de digital et le positionnement du digital dans les politiques publiques’’, a signalé M. Diagne dans une interview accordée au journal dakarois L’As.Il explique que le digital est toujours considéré comme un secteur, alors que c’est un élément ‘’transversal’’, qu’on retrouve dans tous les secteurs.‘’Si le digital est pris comme une matière à part, cela va nous coûter cher’’, a prévenu l’expert, ajoutant : ‘’Si on doit réfléchir digital pour l’éducation, réfléchir digital pour la santé et la sécurité, de façon fractionnée, nous n’aurons pas une construction cohérente. [Notre stratégie] n’aura pas la valeur ajoutée attendue.’’‘’Nous avons un retard consommé en matière de transformation digitale, parce que dans nos pays nous continuons à mener la plupart des activités économiques et sociales avec du papier’’, a souligné M. Diagne, estimant qu’il sera ‘’assez difficile’’ de réduire cet écart.‘’Au Sénégal, nous avions une stratégie 20-25, qui doit arriver à échéance dans deux ans, alors qu’en dix ans nous n’avions même pas eu le temps de poser le cadre de pilotage de cette stratégie’’, a-t-il relevé.Cela montre qu’il y a un déphasage entre la vitesse d’évolution de cette dimension et la capacité de pouvoir se l’approprier, selon Ibrahima Nour Eddine Diagne.‘’Par ailleurs, dit-il, il est important de dire que nos partenaires au développement ne nous laissent pas une marge [de manœuvre] nous permettant d’avoir nos propres constructions.’’Selon M. Diagne, avec le digital, un État peut accélérer son développement mais en respectant certaines normes.Il suggère qu’il y ait des assises sur le digital. ‘’Tout ce qui lie le citoyen à l’État n’a connu aucune transformation digitale. Les grandes administrations sont digitalisées de l’intérieur, mais leur relation avec le citoyen peine à atteindre ce niveau’’, a signalé l’administrateur de Gaïndé 2000, une structure spécialisée dans la dématérialisation des procédures et formalités douanières et du commerce extérieur.M. Diagne avoue tout de même que des experts, dont lui-même, sont souvent sollicités par les pouvoirs publics. ‘’Mais il n’existe pas une construction cohérente. Et du coup, tous les efforts produits ne se traduisent pas en des résultats concrets’’, a constaté Ibrahima Nour Eddine Diagne.‘’Il faut régler la question de l’identité digitale, car, si dans chaque administration j’ai une identité différente, on ne peut faire une construction cohérente’’ de l’ensemble, a-t-il expliqué.Le niveau du digital dans les services publics est tel qu’un jeune entrepreneur peut bénéficier de cinq financements octroyés par les pouvoirs publics à l’insu de tout le monde, au moment où ses semblables n’en trouvent pas du tout, car il n’existe pas de système d’information unifié. L’administrateur général de Gaïndé 2000 reste toutefois ‘’persuadé’’ qu’il existe, du côté de l’Etat, plus un défi de compréhension à relever qu’un manque de volonté.MFD/ADC/ESF
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