Dakar, 8 août (APS) – L’artiste peintre Mouhamadou Mbaye alias ‘’Zulu Mbaye’’, 69 ans, a estimé, dans un entretien exclusif avec l’APS, qu’il part toujours de l’imaginaire négro-africain pour nourrir sa démarche plastique, relevant par ailleurs des influences de l’Egypte ancienne.‘’Ma peinture, je la revendique négro africaine, je ne fais pas partie des artistes qui disent qu’il n’existe pas une peinture africaine, ce sont des appellations pour situer la personne. Il faut partir de quelque part. Moi, je pars de l’imaginaire négro-africain, je pars de ce que j’ai d’historique, de culturel et enfin d’humain pour essayer d’aller vers universel’’, a déclaré l’artiste visuel considéré comme ‘’un enfant de Senghor’’.Zulu Mbaye a reçu une équipe de l’APS en prélude à la célébration de ses 50 ans de carrière, prévue en octobre à Dakar.Le peintre dont la toile, le pinceau et la couleur ne sont qu’un prétexte fait savoir que sa peinture est une quête de réalisation de soi. Et on comprend bien lorsqu’il révèle les artistes de son choix tels que les chanteurs sénégalais Souleymane Faye, les Français Pierre Garand alias ‘’Garou’’ ou Jacques Brel dont dit-il que ‘’la musique a une personnalité’’.‘’Ma peinture me révèle à moi et cela passe par l’acte de peindre, cet acte de peindre me dit ce que je pense. Je suis un être chargé et mon action picturale devient mon authenticité’’, dit Zulu Mbaye qui s’est initié à l’art dès 1970 dans les ateliers du peintre coopérant français Pierre André Lods à la Médina.Selon lui, l’art a un côté très religieux parce qu’il y a quelque chose de divin, de très proche de la nature. ‘’Dans mon œuvre, il y a cette partie divine parce que quand je peins, je sais qu’il y a dans la multitude de l’univers des couleurs, des formes que j’essaie d’appréhender, de le relier sur un espace qu’on appelle tableau et cela devient une image parce que tout a été fait’’, a dit l’artiste, ajoutant qu’il va chercher dans sa ‘’force intérieure’’ pour présenter des œuvres inspirées des hiéroglyphes.D’ailleurs, c’est ce qui fait que certains parlent d’influences égyptiennes. Lorsqu’on lui a fait cette remarque dans les années 1980, l’artiste rappelle qu’il n’avait alors ni mis les pieds en Egypte ni appris l’Egypte pharaonique à l’école. Il a arrêté ses études en classe de quatrième au lycée Malick-Sy de Thiès.‘’J’ai une influence très égyptienne dans ma peinture, vous ne verrez jamais des personnages en face dans ma peinture, c’est comme dans les grottes égyptiennes où les images ont des personnages en profil. Je ne connaissais pas l’Egypte ancienne lorsqu’on m’a dit dans les années 1980 que ma peinture était influencée par l’Egypte, ce qui m’a fait croire à la réincarnation parce que je me dis que j’ai dû avoir une vie antérieure en Egypte et ma mémoire a dû enregistrer des images que je restitue aujourd’hui’’, explique-t-il.Cette remarque faite sur son travail bouleverse toute sa pratique apprise dans les ateliers libres de Pierre André Lods, l’un des fondateurs de l’Ecole de Dakar, un mouvement de renouveau artistique créé par le premier président du Sénégal Léopold Sédar Senghor (1906-2001).Attachement au peuple Zulu Le peintre, président de l’Association des artistes plasticiens du Sénégal de 1987-1989, révèle qu’il tient son nom d’artiste de son admiration pour le peuple Zulu dont il salue la témérité et le courage.‘’C’est en 1981 que j’ai commencé à signer avec ce nom Zulu parce que je revendique une peinture très négro africaine et le nom Mouhamadou ne collait pas très à cette peinture, j’ai essayé de trouver un qui sonne et colle mieux à cette peinture et le nom Zulu m’est venu parce que j’aime beaucoup le peuple zulu par leur histoire, leur témérité, leur fougue, leur africanité’’, explique-t-il, estimant que cette signature qu’il a depuis 42 ans, allait bien avec sa personne et sa peinture.Le peintre qui a depuis quelques années nouées des liens fraternels avec le Maroc, estime que le peuple Zulu est très négro africain à travers ses chants, danses et il représente bien l’Afrique noire. Zulu Mbaye dit n’avoir aucun complexe à revendiquer l’art africain ‘’qui existe’’.L’artiste qui est ‘’tombé dans l’art par destinée’’, car ne sachant même pas ce qu’est l’art dans sa tendre enfance, au village, a fait son premier voyage professionnel en 1977 au Nigeria lors du deuxième festival mondial des arts nègres à Lagos alors qu’il avait 21 ans.Après huit ans passés en France dès 1989, et dix ans en Belgique, le voyageur revient au bercail définitivement en 2018. Aujourd’hui, il vit entre Dakar et Popenguine à côté de son cousin, le cinéaste Moussa Sène Absa, son ‘’jumeau’’ et compagnon en peinture.FKS/ADC
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