Saint-Louis, 17 mai (APS) – Des milliers de disciples de la confrérie tidiane s’apprêtent à célébrer, ce samedi, à Saint-Louis, le 70e Gamou de Serigne Babacar Sy.

La manifestation religieuse, prévue au lycée Charles de Gaulle, avait été instaurée en 1954 par le parrain.

Le guide religieux avait invité, à l’époque, ses disciples à venir célébrer avec lui le “Gamou” de Tivaouane, initié par son illustre père, El Hadj Malick, l’un des principaux propagateurs de la confrérie des tidianes au Sénégal.

A ses débuts, cet événement phare de la fédération des dahiras de Saint-Louis était organisée, chaque année, dans la “vieille ville”, le jour de la Pentecôte, au Camp-Nord (Stade Abdoulaye Diagne), affirme Mouhamadoul Moukhtar Kane.

Ce dernier est écrivain et auteur du livre “Les savants du Sénégal : Tome 1, Anthologie de oulémas et des figures religieuses de Saint Louis”.

Les fidèles venaient principalement par le train, souligne M. Kane. C’était selon lui une recommandation du guide né à Saint-Louis pour qui le train offrait le meilleur confort pour un tel déplacement.

Les disciples tidjanes s’organisaient pour louer auprès de la régie des chemins de fer un train spécial, dont l’arrivée à Saint-Louis, aux environs de 18h, était un événement.

Le train quittait Dakar le matin, puis passait notamment par Thiès, Tivaouane, Rao. Il arrivait à Saint-Louis avec un cortège de fidèles, venus célébrer le marabout originaire de la “vieille ville” et à laquelle il a revendiqué dans ses écrits son appartenance.

L’écrivain se souvient que “les organisateurs se rendaient à l’accueil à la gare ferroviaire avant de placer leur hôte dans les sites choisis, notamment les écoles en vacances ce weekend de Pentecôte”.

Dans un ouvrage en préparation, M. Kane indique que “cet évènement occupe, à côté de la ziyâra générale de Tivaouane et du Mawlid (appelé Maouloud par erreur, car ces deux mots arabes, de même racine, ont des sens différents)”, cet évènement occupe “une place importante dans le calendrier annuel de la fédération de Saint-Louis.”

“L’organisation inspirée de Tivaouane et la rigueur méthodique acquise au cours de sa carrière administrative, ont permis à Serigne Babacar Kane (1913-2004), de présider aux destinées de la fédération et de gérer convenablement ces activités”, écrit-il dans cet ouvrage en gestation.

Faisant l’historique de cet événement, il signale que “ces veillées religieuses à la gloire du Prophète (PSL) étaient présidées au début par le khalife de Pire, Serigne Amadou Cissé (1890-1984), puis par son fils, Cheikh Ahmed Tidjane Sy Al Maktûm (1925-2017), jusqu’en 1981”.

Le frère cadet de ce dernier, Cheikh Abdoul Aziz Sy Al Amine (1927-2017), a dirigé cet évènement, jusqu’en 2016. Ensuite, c’est le benjamin Pape Malick Sy (1940-2020) qui avait repris le flambeau.

Aujourd’hui, ce sont les petits-fils de Serigne Babacar Sy qui ont pris le relais, notamment Serigne Moustapha Sy l Amine pour la dernière édition.

L’événement a migré vers le lycée Charles de Gaulle il y a une dizaine d’années pour des raisons évidentes de recherche d’un espace plus vaste et pour éviter aux fidèles éparpillés à travers la ville les difficultés à rejoindre l’île où se tient au même moment le Festival de jazz de Saint-Louis.

Pour l’organisation de cet évènement, une fédération des dahiras de Serigne Babacar Sy est aux manettes.

Au départ, il était dirigé par El Hadj Madior Cissé qui a pris son propre chemin par la suite vers les années 60, indique M. Kane.

Il reviendra alors à son père Serigne Babacar Kane d’hériter du poste toute sa vie durant avant de céder le flambeau à Serigne Bathie Seck, qui en assure aujourd’hui la conduite.

Pour l’organisation matérielle et la restauration, cette fédération apporte son appui aux dahiras et bénéfice de l’accompagnement de l’administration.

Lors d’un comité régional de développement (CRD), le gouverneur Alioune Badara Sambe a réitéré l’engagement de l’Etat à aider à l’organisation de cet évènement. Celui-ci, dit-il, nécessitera la mobilisation de dix mille chaises pour les fidèles venus de toutes les contrées du pays.

Ce CRD a été l’occasion pour le président du comité d’organisation, Ousmane Samb, de noter l’impact économique du Gamou.

Ne serait-ce que pour cet aspect économique, le Gamou mérite amplement cette attention des autorités étatiques, a dit M. Samb.

Il invite les fidèles à attendre l’aube avant de rentrer. Ils ont tendance, regrette-t-il, à prendre la route aux environs de 3 h du matin. Ce qui est en contradiction avec les nouvelles règles du transport qui interdisent les voyages nocturnes de minuit à 6 h pour les bus, indique-t-il.

Parmi les dahiras mobilisés, le plus ancien, dénommé Dahira Kiram et basé à Dakar, vient avec des centaines de fidèles qui viennent en cortège le jour j, souligne M. Kane.

AMD/ASG/BK

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