Par Khady Mendy

Dakar, 5 avr (APS) – Le ramadan tirant à sa fin, la question de la tenue idéale pour la célébration de l’Aïd-El-Fitr ou Korité, fête marquant la fin de ce mois de jeûne, fait partie intégrante des préparatifs.

Les femmes sont peut-être les plus enthousiastes, mais les hommes ne sont pas non plus en reste, et pour eux, la mode est à la tendance ”tradi-moderne”, néologisme désignant un style alliant couture traditionnelle et moderne.

Comme pour ravir la vedette aux femmes, généralement connues pour leur goût prononcé du faste, les hommes se ruent en masse chez les couturiers avec une grande préférence pour les tenues tradi-modernes.

Pour Cheikh Dièye, un jeune horticulteur originaire de la Petite-Côte, arborer ce style vestimentaire suscite une “sensation d’enracinement”.

”Je me sens comme un porte-étendard de ma riche culture quand je m’habille en tenue africaine ou en tradi-moderne. La petite touche de modernité rend ce type d’habillement commode pour tout type de cérémonie, notamment lors de la fête de Korité”, explique-t-il fièrement.

Le président Diomaye Faye fait des émules

M. Dièye partage ce sentiment avec Aldiouma Faye. De plus, selon ce dernier, “hormis le mariage réussi du traditionnel et du moderne, ces tenues confèrent du confort ainsi qu’une certaine allure à ceux qui les portent”.

Ce style vestimentaire, dans sa variante la plus prisée, comprend une saharienne qui arrive en dessous des genoux, confectionnée avec des épaulettes comme pour l’abacost, en plus d’un pantalon.

Si certains voient à travers le port de ces tenues très prisées des jeunes gens et des hommes d’âge mûr, une forme d’expression culturelle et identitaire, d’autres justifient leur choix par la tendance, ou encore par la volonté de s’identifier à des personnalités connues.

”Cette année, j’ai décidé de m’offrir le même costume africain que celui porté par le président Diomaye Faye lors de sa première visite au palais. Il était très élégant dans cet accoutrement qui promeut en même temps nos vaillants couturiers locaux”, confie Bara Kâne.

Filon porteur pour jeunes entrepreneurs

L’attrait des Sénégalais pour ce style vestimentaire a donné des idées à de jeunes entrepreneurs, qui ont flairé le bon filon.

Mouhamadou Moustapha Guèye est l’un deux. Selon lui, les nombreuses réactions positives qu’il reçoit lorsqu’il porte ce style de vêtement, l’ont convaincu à en faire une marque propre, “African Dressing”.

”J’aime m’habiller africain surtout avec les tissus wax et le fil à fil. Et les gens me demandaient très souvent où est-ce qu’ils pouvaient se procurer les tenues que je portais.  C’est de là que m’est venue l’idée de créer une marque de costume africain moderne”, explique Guèye, qui dit s’inspirer de la mode africaine.

Ses créations sont rangées en trois catégories phares : les costumes simples, les tenues avec panache et celles avec broderie qui, tous, peuvent apparaitre sous forme de deux ou trois pièces assorties d’un gilet ou d’un manteau.

Idem pour Serigne Khadim Diop, propriétaire d’une marque éponyme suivi du slogan ”Solou Class’chic”, qui se définit comme un  ”amoureux de la sape”.

Les affaires marchent bien pour eux, comme pour Ben Abdel Aziz, le fondateur de “Senegalese Style”. Ils disent qu’ils sont submergés par des commandes, notamment en cette période de Korité, les contraignant à des nuits blanches pour la satisfaction des clients.

Les vendeurs de tissus y trouvent leur compte

Ce type d’habit est confectionné avec des tissus plus sobres que le basin, faisant l’affaire des marchands de textile.

”Pour des costumes tradi-modernes, le fil-à-fil-anglais et le super-cent sont en haut des ventes”, souligne Serigne Mbaye, gérant d’une boutique de tissus sur les deux voies de Keur Massar sud.

”À peine livrés, les tissus s’écoulent comme de petits pains. Nous faisons de gros chiffres qu’il m’est impossible d’estimer en cette dernière semaine du mois de ramadan. La confection de tenues africaines modernes fait que les tissus pour homme se vendent à un rythme sans précédent”, s’enthousiasme un autre commerçant qui préfère garder l’anonymat.

La gent féminine ne s’en laisse pas conter

Si le tradi-moderne l’emporte chez les hommes, les femmes, pour la plupart, restent plus fidèles au style tape-à-l’œil.

Amsatou doit passer la fête de Korité chez ses beaux-parents à Louga, région du nord-ouest du Sénégal. La dame au teint clair, de stature moyenne dans une robe en crêpe noire, a passé six heures dans le marché avant de pouvoir faire son choix.

”Il me faut mettre les bouchées doubles cette année. C’est la première fois que je dois aller là-bas pour une fête après deux ans de mariage. Les épouses de mes beaux-frères y seront, donc je dois paraitre éclatante”, lance-t-elle avec le sourire.

Au marché zinc de Pikine, dans la banlieue dakaroise, l’ambiance des veilles de fête est au rendez-vous.

Les magasins de tissu refusent du monde. À chaque devanture, les commerçants exposent leurs marchandises. Pour nombre de clients, faire un choix parmi les nombreux rouleaux de tissus relève d’un véritable embarras.

Pour les trois amies, Marie Bèye, Fama et Ndèye Astou, la meilleure option, c’est le brodé Lafaya, à la mode.  Le prix du paquet de cinq mètres s’élève à 25.000 francs CFA.

D’autres tissus, comme la soie plissée, le brodé cotonnade ou encore le basin riche super gold XXL, ne sont pas pour autant passés de mode, confient les vendeurs.

Les adeptes du bling-bling, à l’image de Sokhna Fall et Raïssa, jettent leur dévolu sur les tissus perlés dont les prix sont compris entre 18.000 et 35.000 francs CFA.

Chrétienne de confession, cette dernière est également en plein dans les préparatifs vestimentaires de la Korité qu’elle passera chez ses amis musulmans. ”C’est cela le dialogue islamo-chrétien que nous vivons pleinement”, soutient-elle.

KM/ABB/SBS/BK/ASG

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