SENEGAL-EDUCATION-REPORTAGE
Ziguinchor, 7 octobre (APS) – À la veille de la rentrée scolaire, les marchés de Ziguinchor (sud) sont bien approvisionnés en fournitures, mais les clients se font rares devant les cantines et autres étals qui proposent toute une gamme de matériel scolaire en cette veille d’ouverture des classes. Entre précarité économique et solutions de fortune, commerçants et parents d’élèves font face à une ouverture des classes sous tension, a constaté un reporter de l’APS.
La rentrée scolaire est prévue ce mercredi, mais les marchés de Ziguinchor, en particulier, celui de Boucotte, le plus fréquenté de la ville, offrent un spectacle contrasté.
D’un côté, une abondance de fournitures scolaires : sacs d’écoliers aux motifs colorés, gourdes, trousses, cahiers, stylos, ardoises, matériel de géométrie… de quoi répondre à tous les goûts et tous les niveaux scolaires. De l’autre, une fréquentation parcimonieuse. Les étals bien garnis attendent les parents, mais ces derniers semblent hésitants, voire absents.
Des étals bien fournis, une offre diversifiée
Au marché Boucotte, dès l’aube, les commerçants s’attellent à disposer soigneusement leurs produits. Les sacs d’écoliers – à motifs de dessins animés ou sobres pour les collèges et lycées – sont suspendus ou alignés pour capter le regard.
Les gourdes, souvent en plastique durable ou en aluminium léger, brillent sous le soleil du matin, assorties de leurs bouchons colorés. Cahiers grands ou petits formats, stylos, crayons de couleur, ardoises, gommes, et autres accessoires indispensables complètent l’offre.
Les vendeurs témoignent d’une diversité plus grande que certains autres marchés périphériques : des produits importés, d’une qualité variable, mais aussi des articles artisanaux ou locaux, souvent plus durables. Le souci de la variété s’observe aussi dans les prix : on trouve des articles “haut de gamme”, mais aussi des fournitures à bas coût destinées à celles et ceux dont le budget est très serré.
Un contexte économique difficile : les familles sous pression
Pour beaucoup de parents, cette rentrée représente une source de stress financier. “Ce moment représente un poids financier considérable. On doit faire des choix : payer le loyer, acheter la nourriture, ou régler la rentrée scolaire. On ne peut pas tout faire”, déplore Moussa Diédhiou, père de famille.
L’inflation des prix des denrées alimentaires, et les incertitudes sur le revenu font que certaines familles doivent sacrifier certaines dépenses essentielles pour pouvoir acheter le minimum scolaire. Pour beaucoup, l’essentiel compte plus que le prestige : les fournitures doivent être solides, mais leur prix doit rester raisonnable.

Moins d’acheteurs que d’habitude : les commerçants s’inquiètent
Malgré l’abondance, les vendeurs s’inquiètent d’une baisse notable de la fréquentation. ”Les prix sont abordables, mais les ventes tardent à décoller”, constate Dame Sy, un commerçant de Boucotte.
Selon lui, les parents retardent leurs achats, espérant peut-être des réductions de dernière minute, ou ajustant leur budget au paiement d’autres charges urgentes.
Des libraires et boutiques de vêtements scolaires confirment la tendance : pas d’affluence comme les années précédentes. Les clients semblent préférer acheter “le strict minimum”, ou reporter certains achats au-delà de la rentrée. Les commerçants craignent que leur stock ne reste longtemps invendu, ce qui pourrait générer des pertes importantes dans un contexte où la trésorerie est déjà fragile.
Recyclés, friperie, libraires-parterre : des alternatives en hausse
Face à cette situation, de nombreux parents optent pour des solutions de rechange. Les articles “recyclés” – c’est-à-dire usagés ou de seconde main – connaissent une demande accrue. Les boutiques de vêtements pour enfants proposent des habits déjà portés, remis en état, à des prix bien moindres.
Mais, c’est surtout chez les libraires-parterre, installés à même le sol ou sur des étals rudimentaires, que les effets scolaires d’occasion, les manuels usagés et les livres de seconde main trouvent preneurs. Ces vendeurs semblent tirer parti de la situation. Les parents y trouvent une alternative temporaire pour alléger le budget, même si la qualité ou la durabilité des manuels peuvent poser problème.
Appel pressant pour un soutien de l’État
Dans les allées de Boucotte, beaucoup de vendeurs lancent un appel pressant à l’État et aux collectivités locales. Ils demandent des mesures pour alléger la charge financière qui pèse sur les familles : subventions sur les fournitures scolaires, réduction ou exonération de certaines taxes à l’importation, interventions ciblées pour les ménages les plus vulnérables.
Certains suggèrent aussi la mise en place de circuits de distribution à prix réduits, ou de “points de rentrée” subventionnés, pour que les familles puissent acquérir les fournitures de base à moindre coût.
Espoir malgré les difficultés
Malgré les nuages, l’espoir persiste parmi les commerçants de Boucotte. Beaucoup parient sur les derniers jours avant la rentrée. “On espère qu’avec le jour de la rentrée et après la rentrée, les parents finiront par venir. Ils n’ont pas vraiment le choix”, confie Moustapha Ndiaye, un commerçant établi au marché Boucotte de Ziguinchor.
Les commerçants croient également que la visibilité de leurs offres (publicité locale, promotions, rabais) pourra stimuler les achats. Certains envisagent d’alléger les prix pour les familles nombreuses, ou d’offrir des remises pour achats groupés.
MNF/ASB/MTN

