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Dakar, 6 mars (APS) – Le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Samba Cor Sarr, a mis en garde, jeudi, contre le risque de voir les machines prendre trop de place au détriment de l’homme dans le domaine de la santé avec la digitalisation des données.
”La machine développe de nouvelles valeurs. Et cela, si on y prend garde, effectivement, nous pouvons avoir des difficultés liées à notre existence, même en tant qu’être humain’’, a déclaré le docteur Samba Cor Sarr.
Il prenait part au 3e dialogue politique sur le renforcement de la digitalisation des données de santé en Afrique, avec un focus particulier sur le Sénégal, une initiative portée par la Plateforme de l’Observatoire africain de la santé sur les systèmes et les politiques de santé (AHOP).
‘’Cette transformation crée ce que l’on appelle le transhumanisme et le post-humanisme, qui sont de nouvelles dynamiques de vie qui font que l’homme disparaît devant la machine’’, a expliqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale.
D’où l’impératif, selon lui, de faire très attention pour suivre ce processus de transformation et d’éviter que ”cette transformation nous élimine en tant qu’humain dans notre humanitude’’.
‘’Aujourd’hui, nous sommes en train de vous créer une autre personnalité qui vous accompagne. Vous avez une personnalité numérique et une personnalité physique. Et ces deux personnalités, parfois, il y a un télescopage. Parfois, la personnalité numérique prend le dessus et vous niez votre existence en tant que personnalité physique’’, a analysé Samba Cor Sarr.
De l’avis du responsable du ministère de la Santé, les uns et les autres doivent surveiller, encadrer ces dynamiques pour éviter ”notre propre disparition en tant qu’humain”.
‘’Il s’agit d’alertes que les éthiciens lancent au monde pour faire très attention dans ce développement frénétique des transformations en termes de post-humanisme, de transhumanisme’’, a-t-il conclu.
Pour sa part, le docteur Serge Bataliack du bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique a souligné la nécessité de créer le cadre de gouvernance dans cette digitalisation des données.
‘’Il y a des enjeux qu’il faut gérer, notamment les questions de sécurité, les questions de cybercriminalité. Toutes ces questions-là sont importantes dans ces enjeux’’, a-t-il soutenu.
”Aujourd’hui, les taux d’utilisation en Afrique varient entre 75 et 95 %. Il y a des pays où des personnes ont deux, trois téléphones, des smartphones. Vous avez beaucoup de personnes qui sont sur les réseaux sociaux, qui utilisent une série d’applications que nous connaissons tous. C’est-à-dire qu’il y a un potentiel, il y a des opportunités’’, a fait observer M.Bataliack.
De son côté, Dr Abdourahmane Sow, directeur de la prévention de l’Institut Pasteur, a justifié la tenue de ce dialogue par une opportunité de mettre ensemble les chercheurs, les innovateurs, les planificateurs, les décideurs pour que nos résultats de recherche puissent être utilisés.
‘’Aujourd’hui on est obligé d’aller dans ce sens-là pour optimiser le travail que nous faisons dans le système de santé’’, a-t-il défendu.
La rencontre a enregistré la participation de plusieurs pays comme l’Ethiopie, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal et le Mali. Ces experts vont travailler pour donner aux autorités tous les éléments pour pouvoir réussir cette transition numérique.
NSS/OID/SKS/ASB