Dakar, 26 oct (APS) – Les femmes produisent 80 % des aliments des pays en développement alors qu’elles représentent moins de 20 % des propriétaires terriens à l’échelle mondiale, indique un rapport de la Convention-cadre des Nations unies sur la lutte contre la sécheresse (CNULCD), relevant leur capacité à trouver des solutions innovantes permettant de s’adapter aux conditions environnementales de plus en plus sévères.Les femmes produisent ‘’jusqu’à 80 % des aliments dans les pays en développement, mais elles possèdent moins de 20 % des terres à l’échelle mondiale’’, lit-on dans ce document publié par la CNULCD et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.‘’Cette disparité limite leur accès aux ressources, dont le crédit et la formation, ainsi que leur capacité à se préparer et à se remettre des sécheresses, exacerbant ainsi leur vulnérabilité au changement climatique’’, signalent les auteurs du document.Intitulé ‘’Solutions dirigées par des femmes pour la résilience face à la sécheresse’’, ce rapport a été rendu public à l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, célébrée le 15 octobre de chaque année.En dépit des ‘’obstacles systémiques’’ qu’elles doivent surmonter, liés par exemple aux droits fonciers limités, ‘’les femmes développent des solutions innovantes permettent à leurs communautés de s’adapter aux conditions environnementales de plus en plus sévères’’, indique le rapport.Il relève que malgré les ‘’difficultés accrues’’ auxquelles les femmes sont confrontées dans ce domaine, elles font preuve d’un ‘’leadership remarquable’’ face à la sécheresse.Aussi le rapport préconise-t-il le soutien accru aux efforts menés par les femmes pour protéger les communautés vulnérables des effets dévastateurs de la sécheresse, en faisant valoir que les droits fonciers des femmes sont essentiels à la sécurité alimentaire.‘’Les femmes ont longtemps été perçues comme les plus vulnérables face à la sécheresse, mais, comme le révèle ce rapport, elles sont aussi les plus résilientes, ouvrant la voie à des solutions face à l’un des défis mondiaux les plus pressants’’, a déclaré Ibrahim Thiaw, le secrétaire exécutif de la CNULCD.‘’L’ingéniosité et la débrouillardise des femmes qui luttent contre la sécheresse dans le monde sont sans limites. Que ce soit dans la région du Sahel, en Afrique, dans le nord du Kenya, en Iran, au Pérou ou au Maroc, les femmes ont prouvé leur résilience et leur capacité à surmonter des conditions inextricables pour faire prospérer leurs familles’’, affirme le rapport en citant M. Thiaw.Le secrétaire exécutif de la CNULCD considère que ‘’combattre les inégalités liées au genre n’est pas seulement une question de justice, c’est aussi une opportunité de libérer un potentiel inexploité dans la lutte contre le changement climatique’’.Inégalités de genre et impacts disproportionnésLe rapport relève que ‘’les femmes et les filles sont disproportionnellement touchées par la sécheresse en raison des inégalités structurelles persistantes qui limitent leur accès à des ressources essentielles telles que la terre, l’eau et les services financiers’’.Ces inégalités augmentent également leurs charges de travail, indique le document, rappelant que les femmes, dans de nombreuses zones touchées par la sécheresse, sont principalement responsables de la collecte de l’eau, parcourant souvent de longues distances au péril de leur santé et de leur sécurité.En plus, les femmes ‘’gèrent le travail de soin non rémunéré, comme s’occuper des enfants et des personnes âgées, ce qui complique leur capacité à faire face à la sécheresse et souligne la nécessité d’intégrer ces défis spécifiques dans les plans de gestion de la sécheresse’’.Le rapport insiste sur ce point en soulignant que les sécheresses ‘’entrainent 15 % des pertes économiques liées aux catastrophes dans le monde et sont responsables de 85,8 % des décès de bétail’’.Dans les régions agricoles pluviales, la sécheresse menace les moyens de subsistance des femmes, qui représentent une grande partie de la main-d’œuvre agricole, indique le rapport. Ses auteurs constatent que 40 % des terres mondiales sont dégradées, ce qui affecte plus de 3,2 milliards de personnes.Le rapport signale que de nombreuses femmes, en raison de la dégradation des terres et de la sécheresse, sont contraintes de parcourir de plus longues distances pour accéder à l’eau potable et ramasser du bois de chauffage pour leur famille.Or, ‘’des recherches montrent que garantir les droits fonciers des femmes améliore la nutrition des ménages, augmente les dépenses en matière d’éducation des enfants et renforce les conditions économiques globales’’, affirme le document.Il présente 35 études de cas en Afrique, en Asie et en Amérique latine en mettant en lumière le leadership des femmes dans la résilience face à la sécheresse. Ces exemples montrent comment les femmes favorisent le progrès et renforcent la résilience face à la sécheresse, selon le rapport.S’assurer que le genre soit au cœur de la résilience face à la sécheresse Au Pérou, les femmes pasteurs combinent des savoirs traditionnels et modernes pour gérer les ressources en eau grâce au suivi éco-hydrologique, garantissant une végétation tout au long de l’année, pour soutenir le bétail et atténuer les crises de sécheresse, selon le texte.En Inde, lit-on dans le document, des femmes ont mis au point des techniques de collecte des eaux de pluie pendant les moussons. Elles conservent ainsi l’eau, pour les cultures en période de sécheresse, et protègent la production alimentaire.Le rapport donne enfin l’exemple de femmes qui restaurent des terres dégradées au Kirghizistan en cultivant des plantes médicinales et créant à la fois une récupération environnementale et des sources de revenus durables.Les conclusions du rapport devraient alimenter les discussions de la 16ᵉ conférence des parties de la CNULCD (COP16) à Riyad, en Arabie Saoudite, du 2 au 13 décembre 2024.L’un des axes clés de la COP16, y compris le Caucus du genre, sera de renforcer les initiatives dirigées par les femmes et de s’assurer que les stratégies sensibles au genre soient au cœur des efforts mondiaux pour la résilience face à la sécheresse.Il est admis que l’investissement accru dans ces stratégies sera crucial pour soutenir les communautés face aux défis environnementaux croissants liés à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse à travers le monde.Selon ses auteurs, le rapport de la Convention-cadre des Nations unies sur la lutte contre la sécheresse bénéficie du soutien de l’Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse, du gouvernement du Canada et de la GIZ, l’agence gouvernementale allemande chargée de la coopération internationale et du développement.La CNULCD est un accord international portant sur la gestion durable des terres.Elle aide les populations, les communautés et les pays à créer des richesses, à développer leurs économies et à garantir un accès suffisant à la nourriture, à l’eau potable et à l’énergie en assurant aux utilisateurs des terres un environnement propice à la gestion durable des terres.Par le biais de partenariats, les 197 parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification mettent en place des systèmes robustes pour gérer la sécheresse rapidement et efficacement.Cette stratégie part du principe selon lequel une bonne gestion des terres, fondée sur des politiques solides et des données scientifiques, aide à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, renforce la résilience face au changement climatique et prévient la perte de biodiversité.SBS/BK/ESF
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