SENEGAL-SOCIETE-NUTRITION
Dakar, 5 nov (APS) – Le directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev-Afrique), Amadou Kanouté, a souligné mercredi la nécessité de réfléchir sur la possibilité d’inverser le modèle de consommation alimentaire du Sénégal qu’il juge extraverti.
“Nous nous réjouissons, à l’occasion du mois du consommer local, de l’invitation faite par les parlementaires […] pour que nous puissions nous retrouver aujourd’hui pour échanger, pour envisager comment inverser ce modèle de consommation extraverti”, a-t-il dit.
M. Kanouté s’exprimait lors de la célébration du “Mois du consommer local” autour du thème “Les parlementaires sénégalais s’engagent pour la promotion du +consommer local+ et la souveraineté alimentaire”.
Le Sénégal, a-t-il rappelé, importe “plus de 1000 milliards 700 millions de francs CFA” en denrées alimentaires d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage.
“Ce chiffre est pharamineux, [et ce] n’est pas durable”, a déploré Amadou Kanouté, notant que “le Sénégal, avec la révision de la loi d’orientation agrosylvopastorale et halieutique, a pris le consommer local à bras le corps en disant : il nous faut équilibrer notre production et notre consommation”.

A cela s’ajoutent les directives données au gouvernement par le chef de l’Etat pour que la promotion du consommer local soit considérée comme “un impératif”, de même que la valorisation et la transformation des produits locaux.
“C’est pourquoi nous avons dit, à partir des propos du chef de l’État : comment allons-nous inverser et travailler à ce que nous puissions équilibrer l’équation entre la production que nous avons dans ce pays et la consommation que nous devons faire dans ce pays”, a indiqué Amadou Kanouté.
Dans cette perspective, des parlementaires africains, des chefs cuisiniers africains et des chercheurs se sont réunis du 27 au 29 juillet 2025 à Addis-Abeba, en Éthiopie “pour réfléchir sur comment transformer des systèmes alimentaires africains” en vue de les rendre durables.
Le président de la commission du développement rural de l’Assemblée nationale, Ibrahima Mbodj, a magnifié cette initiative du consommer local bien intégrée dans l’Agenda national de transformation Sénégal 2050, de même que les initiatives continentales pour arriver à la souveraineté alimentaire.
Il assure qu’avec la révision de la loi agrosylvopastorale, le consommateur est bien pris en compte dans ce maillon de la chaîne de valeur.
D’après M. Mbodj, le rassemblement des chefs cuisiniers africains à Addis-Abeba constitue un élément important pour parvenir à la souveraineté alimentaire du continent, notamment avec le lancement du concept “My food is African”, ou “Ma nourriture est africaine”.
“Pour parler de souveraineté, il faut que les Africains se nourrissent par eux-mêmes, il faut que les Africains consomment ce qu’ils produisent et produisent ce qu’ils consomment”, a-t-il insisté.
Au cours de cette rencontre, la députée Fatou Ba a fait lecture de la déclaration d’Addis-Abeba en Ethiopie.
Les participants à cette journée ont fait part de leurs préoccupations liées notamment à la sécurité foncière, à l’accès à l’eau et au coût des produits locaux, des problèmes dont la résolution devrait permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire.
Ils ont également invité l’Etat à investir davantage dans le secteur agricole pour arriver à des résultats probants dans la souveraineté alimentaire, pour ne pas simplement laisser la place aux privés.
Mamadou Ka, conseiller technique ministère de l’Agriculture, de même que Khady Fall Tall, présidente régionale de l’Association des femmes d’Afrique de l’Ouest (AFAO), ont pris part à cette journée, en même temps que la représentante du ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités.
Le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Ismaïla Diallo, a présidé la cérémonie d’ouverture de la journée du consommer local, en présence du secrétaire exécutif du Conseil national du développement de la nutrition, Mbaye Sène, et des associations de consommateurs, des entrepreneurs agricoles, des femmes transformatrices.

FD/BK

