Tournée en Casamance : Bassirou Diomaye attendu sur la vétusté des infrastructures et l’emploi des jeunes
Tournée en Casamance : Bassirou Diomaye attendu sur la vétusté des infrastructures et l’emploi des jeunes

SENEGAL-ECONOMIE-REPORTAGE

Ziguinchor, 18 déc (APS) – Des habitants de la région de Ziguinchor interrogés sur la visite que le chef de l’Etat va effectuer en Casamance, à partir de samedi, ont fait part à l’APS de leurs attentes portant essentiellement sur la dégradation des routes et au chômage des jeunes.

Ils ont également évoqué d’autres préoccupations relatives à la vétusté du pont Emile Badiane et aux contraintes de mobilité dans la région.

Bassirou Diomaye Faye, présidant la réunion du Conseil des ministres du mercredi 11 décembre 2025, a annoncé qu’il va se rendre en Casamance du 20 au 25 décembre 2025, dans le cadre d’une tournée économique.

La venue du chef de l’État est très attendue dans cette région méridionale du pays, où habitants, acteurs économiques et leaders communautaires espèrent des réponses aux difficultés liées aux infrastructures, à l’emploi et aux conditions de vie en général.

Parmi les principales doléances des populations, figure l’état jugé déplorable des routes. Matar Gaye, résident à Ziguinchor, cite notamment l’axe reliant la capitale régionale au Cap Skirring.

“Nous voulons la réalisation de la route Ziguinchor-Cap Skirring. Cette route est cahoteuse”, a-t-il déploré.

Un constat partagé par les acteurs du secteur du tourisme, dont Doudou Tamba, selon qui l’accessibilité de la région de Ziguinchor par la voie terrestre reste “très limitée”.

“Les axes Cap Skirring-Ziguinchor, Oussouye-Elinkine et Bignona-Diouloulou restent très dégradés, obligeant parfois les populations locales à reboucher elles-mêmes les nids-de-poule pour éviter les accidents”, a expliqué M. Tamba, porte-parole du Collectif des acteurs touristiques de la destination Casamance.

Une desserte maritime jugée insuffisante

Il s’y ajoute que la desserte maritime “repose sur un seul bateau souvent immobilisé”, a regretté M. Thiam, plaidant pour le renforcement de la desserte aérienne par au moins un avion dédié aux liaisons domestiques.

Il préconise dans le même temps le développement de liaisons combinées avec des hubs internationaux, notamment par le prolongement de la ligne Bruxelles-Dakar vers Cap Skirring.

Une autre préoccupation des habitants de la capitale sud du pays porte sur l’état du pont Émile Badiane, un ouvrage stratégique vieux de 46 ans reliant Ziguinchor au reste de la région.

Le président du collectif citoyen “L’Heure est Grave”, El Hadji Kamara, appelle l’État à multiplier les mécanismes d’intervention pour sa reconstruction.

“Les observations recueillies font état de fissures avancées, d’effritements du béton, d’armatures apparentes et de vibrations anormales lors du passage des véhicules lourds”, a-t-il signalé.

“Le danger est permanent. Les promesses ont duré, mais nous gardons confiance en la capacité de l’État à prendre des décisions appropriées”, dit-il, réaffirmant la disponibilité du collectif à accompagner toute démarche visant à sécuriser l’ouvrage.

Tournée en Casamance : Bassirou Diomaye attendu sur la vétusté des infrastructures et l'emploi des jeunes

Le coordonnateur national du mouvement “Vision citoyenne”, Madia Diop Sané, a lancé le même appel aux autorités étatiques.

“Nous ne voulons plus de promesses. L’heure est grave et le pont est dans un état grave. Il faut immédiatement réaliser ce pont”, insiste-t-il.

Un membre du collectif des transporteurs de Ziguinchor, Ousmane Thiam, a également exhorté les autorités à agir rapidement sur cette question.

Il est d’avis que “la réalisation de ce pont doit être une priorité pour [éviter d’éventuels drames] et pour l’intérêt du Sénégal et de la sous-région”.

Le président de la Fédération des associations religieuses et des communautés en Casamance, Chérif Cheikh Boun Chamsidine Aïdara, a aussi invité le chef de l’État à prendre en charge la situation du pont Émile Badiane.

Selon lui, la vétusté de cette infrastructure “constitue un danger réel pour les usagers”. Il estime par ailleurs que la visite du chef de l’Etat constitue une opportunité pour relancer le Programme national de modernisation des foyers religieux en Casamance.

Bignona-Kafountine : une route stratégique à reconstruire

La réhabilitation de la route Bignona-Kafountine demeure une forte doléance en Basse-Casamance, en raison de l’état “catastrophique” de cet axe, selon le maire de Kafountine, David Diatta.

“Sa réhabilitation est devenue une nécessité absolue”, martèle l’édile de Kafountine, évoquant des contraintes de mobilité liées à l’état de la chaussée.

Chaque jour, de nombreux camions transportant du poisson quittent le quai de pêche de Kafountine à destination de Ziguinchor, de Dakar et de la sous-région.

“Cette route est vitale pour notre économie locale. Sa réhabilitation doit être une priorité nationale”, a plaidé M. Diatta, signalant également la persistance de l’érosion côtière dans cette zone, malgré des “signaux positifs” venus des plus hautes autorités.

L’emploi des jeunes est un autre sujet sur lequel le chef de l’Etat est attendu par les populations locales.

À Ziguinchor, le chômage des jeunes reste une source d’inquiétude.

Conducteur de moto “Jakarta”, Alassane Goudiaby appelle à la création d’emplois “durables” pour les jeunes, dénonçant les “tracasseries policières” auxquelles ses camarades sont confrontés quotidiennement.

Sidi Dramé, rencontré au rond-point Jean-Paul II, estime aussi que “la création d’emplois reste la seule solution durable”.

Plusieurs habitants décrivent une situation économique et sociale difficile, à l’image de Lamine Manga, qui parle d’un contexte “chaotique”.

Amy Souaré, commerçante, évoque le manque d’infrastructures sociales de base. “Il n’y a pas de bonnes routes, l’éclairage public est insuffisant et le chômage est critique”, résume-t-elle.

À travers cette visite présidentielle, les populations de Ziguinchor espèrent des “actes forts” et des “réponses concrètes” à leurs préoccupations quotidiennes.

Infrastructures, emploi, mobilité et conditions de vie figurent parmi les principaux chantiers sur lesquels le président Bassirou Diomaye Faye est attendu, dans une Casamance en quête d’un nouveau souffle.

MNF/ASB/SBS/BK