Tivaouane : une organisation condamne les propos jugés offensants contre des figures religieuses, appelle à des poursuites
Tivaouane : une organisation condamne les propos jugés offensants contre des figures religieuses, appelle à des poursuites

SENEGAL-RELIGION-REACTION

Tivaouane, 7 oct (APS) – Le Cadre de réflexion et d’actions Tijaani – Wattu Sunu Diine, regroupant des disciples et sympathisants de la communauté tidiane de Tivaouane, a fait état de son “indignation profonde”, suite aux propos “gravement offensants” tenus par l’influenceur Abdoulaye Cissé alias “Sa Wolof” à l’égard de deux figures religieuses de l’islam sénégalais, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Dans un communiqué transmis à la presse, lundi, le Cadre dénonce des attaques verbales dirigées contre Seydil Hadji Malick Sy, figure fondatrice de la communauté tidiane de Tivaouane, et Papa Moukhtar Kébé, intellectuel religieux et conférencier.

La vidéo, devenue virale, mettrait en scène l’auteur manipulant l’extrait sonore d’un discours de Papa Moukhtar Kébé, “sorti de son contexte” et assorti de commentaires jugés “irrévérencieux”.

Selon les signataires de ce document, l’auteur de la séquence serait allé jusqu’à interpeller, sur un ton qualifié “d’indécent”, la mémoire du vénéré Seydil Hadji Malick Sy, décédé en 1922 et dont l’héritage spirituel demeure central dans la tradition tidiane sénégalaise.

Le Cadre Wattu Sunu Diine considère ces propos comme une “atteinte grave à la dignité, à la mémoire et à l’autorité morale” des guides religieux de la communauté musulmane, au-delà même de la confrérie tidjane. Il dénonce une “dérive verbale” participant à une dynamique plus large de “désacralisation du religieux” dans l’espace public.

“Les discours haineux relayés sur les plateformes numériques ciblent injustement des figures religieuses et intellectuelles respectées, fragilisant la cohésion sociale et compromettant la paix civile”, peut-on lire dans le communiqué.

Tout en reconnaissant la tradition de l’autocritique enracinée dans la culture wolof, le Cadre estime que celle-ci est ici “dévoyée”. Il affirme que cette pratique, lorsqu’elle se fonde sur le respect et la recherche du bien commun, ne saurait être confondue avec les “dérives actuelles où la fierté culturelle se transforme en hostilité ouverte envers d’autres communautés ou familles religieuses”.

Le texte évoque également un risque d’instrumentalisation de ces discours à des fins ethniques, politiques ou confrériques, dans un contexte de polarisation.

Le Cadre met en garde contre les conséquences d’une telle dynamique, qui menace, selon lui, les fondements du vivre-ensemble sénégalais et appelle à des poursuites judiciaires et à des réformes législatives.

Dans sa déclaration, le Cadre condamne fermement les propos d’Abdoulaye Cissé alias Sa Wolof, exige le retrait immédiat de la vidéo concernée et appelle le procureur de la République à s’autosaisir pour engager des poursuites judiciaires contre l’auteur.

Il interpelle par ailleurs directement les plus hautes autorités de l’État, afin qu’elles veillent davantage à protéger la mémoire et la dignité des guides religieux, qualifiés de “symboles du pouvoir moral”.

Le Cadre appelle également à une accélération du processus législatif en vue de la création d’une autorité indépendante de régulation des réseaux sociaux, l’adoption d’un cadre juridique spécifique garantissant la protection des dignitaires religieux, au même titre que la protection institutionnelle accordée au chef de l’État.

Une réaffirmation des principes de paix et de respect

Enfin, le communiqué se veut un appel à l’apaisement. Le Cadre Wattu Sunu Diine réaffirme son attachement “indéfectible à la foi, à la science et à la paix”, conformément à l’héritage spirituel de Seydil Hadji Malick Sy. Il appelle les citoyens à œuvrer pour le maintien d’un climat de respect, de fraternité et de concorde, au-delà des appartenances confrériques ou communautaires.

“Porter atteinte à nos guides revient à saper les fondements de notre société”, concluent les auteurs du communiqué, qui voient dans cette affaire un test pour la résilience des valeurs républicaines, religieuses et culturelles du Sénégal.

MKB/ADI/FKS/HB/BK