Pout, 24 juin (APS) – Des autorités traditionnelles et religieuses des communes de Keur Moussa et Pout se sont engagées samedi à prendre part aux initiatives pour la délocalisation de l’usine de recyclage de plomb de Ndiakhate.Le président de l’association des délégués de quartier de Pout, Doudou Diagne, a annoncé qu’il compte convoquer les délégués des 13 quartiers de cette commune, pour une réunion élargie aux imams et chefs de village, afin qu’ils adressent une lettre au gouverneur de Thiès, pour lui demander de délocaliser au plus vite cette usine aux “effets néfastes”.Il a noté que cette démarche est plus profitable que de laisser les choses pourrir au point que les jeunes en arrivent à s’attaquer à l’usine. “La destruction n’a aucune utilité. Par le dialogue, on peut trouver une solution”, a-t-il dit.Il s’adressait à des journalistes, au terme d’un atelier de sensibilisation des autorités traditionnelles et religieuses sur les impacts environnementaux des opérations de plomb et de métaux non ferreux, en lien avec le projet Ganesha, à Ndiakhate.Cet atelier était organisé par le collectif pour la défense des impactés de l’usine de Ndiakhate, avec l’appui du Centre de recherche et d’action sur les droits économiques et sociaux et culturels (Cradesc).Sept chefs de village de la commune de Keur Moussa ont pris part à cette rencontre, en même temps que le président de l’association des délégués de quartier de la commune de Pout et l’association des imams et oulémas.Saluant la démarche du collectif qui, dit-il, lutte pour l’intérêt de toute la communauté, l’imam Abdoulaye Ciss, vice-président de l’association des imams et oulémas, a signalé avoir pris connaissance des documents constituant les termes de référence de ce collectif avant d’épouser leur “combat”. Il a dit privilégier le respect des règles et procédures en vigueur dans le cadre de cette lutte.L’usine de Ndiakhate, située non loin de Pout, a été fermée en décembre 2023, sous la pression des populations, qui protestaient depuis 2018 contre son implantation dans la zone, en raison de ses effets jugés néfastes sur l’environnement. Elle a été rouverte depuis mars dernier.Daouda Diouf, chef du village de Santhie Sérère, qui représentait l’association des 36 chefs de village de Keur Moussa, a attiré l’attention des habitants de la zone sur leur devoir de solidarité pour préserver la santé des populations locales de cette partie de la région de Thiès très convoitée par les investisseurs. “La santé est le premier bien”, a-t-il souligné, notant qu’il n’était pas informé de l’affaire de l’usine de Ndiakhate.Pour Mouhamadou Mansour Ciss, membre dudit collectif, ces autorités ont été ciblées en raison de leur influence au sein de la communauté, pour relayer, auprès des populations, les informations sur les enjeux autour de cette usine.“L’objectif principal est que l’usine soit désinstallée”, a relevé M. Ciss, rappelant qu’après une première fermeture en décembre 2022, l’usine a repris du service au mars dernier, avant que le ministre de l’Environnement n’annonce à nouveau la cessation de ses activités.Selon lui, la réouverture, tout comme la seconde fermeture annoncée pour le 27 juin par le ministre de l’Environnement, “suscitent énormément de questions”. Il s’est dit intrigué par l’affirmation du ministre selon laquelle, après la fermeture, “on va voir” la suite à donner à cette question.Il estime que si l’usine est fermée, l’étape suivante devait être la désinstallation, puis le suivi, pour déterminer les impacts de son activité sur les populations.“Nous avons des données scientifiques qui prouvent que l’usine est dangereuse”, a-t-il fait valoir, évoquant le cas de Thiaroye, un quartier de Dakar, ainsi qu’un rapport du centre anti-poison qui a, selon lui, confirmé les effets néfastes du recyclage des batteries à plomb.Ndella Faye, une habitante de Ndiakhate, a fait part de nombreux cas de faiblesse de poids, de diarrhées, de rhume chronique, de toux et de vomissements notés chez les enfants, ainsi que de fréquents avortements dans le village depuis l’implantation de l’usine. D’autres évoquent des mortalités dans les poulaillers et des dégâts dans les jardins environnants.Pour souligner l’ampleur de la pollution de cette unité, El Hadji Bâ, autre membre dudit collectif, affirme que les rejets de l’usine contaminent le lac Tanma situé dans la zone des Niayes, principale pourvoyeuse de légumes du pays.Ciss, un habitant du village de Sagnafil, également membre du collectif, ne s’explique pas que l’usine puisse être installée dans la zone en ne respectant pas, selon lui, les normes environnementales, ni le processus d’implantation.Selon M. Bâ, l’audience publique ayant précédé cette réouverture, qui est une exigence, a été organisée dans la salle de délibération de la mairie de Keur Moussa en lieu et place de la place publique, et il y a été dit que l’unité exploiterait du fer et non du plomb.“Toutes les autorités administratives ont été interpellées, mais jusqu’à présent, on n’a pas eu de réponse convaincante”, a dit Mouhamadou Mansour Ciss.“On est en train de peaufiner un plan pour le 27 (juin)”, a dit Mouhamadou Mansour Ciss, avant d’ajouter que le collectif continuera à manifester son désaccord par rapport à l’ouverture de cette usine.ADI/BK
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