SENEGAL-TABASKI-PREPARATIFS
Dakar, 26 mai (APS) – À moins de deux semaines de la célébration de la fête de l’Aid el Kébir ouTabaski, la capitale sénégalaise a changé de décor avec des enclos de fortune abritant des moutons le long des trottoirs qui bordent les chaussées avec l’espoir pour les vendeurs et les acheteurs de s’en tirer à bon compte.
Sur l’avenue Bourguiba, la voie de dégagement nord (VDN) et dans plusieurs quartiers de Dakar, ces trottoirs sont carrément transformés en foirails.
Sous des tentes et autres Barnum pliables, des béliers aux grosses cornes, bien entretenus sont exposés à la vente, sous la surveillance distraite de vendeurs, qui devisent autour du thé.
Interrogés sur le prix d’un de ses moutons, El Hadj Gorgui Konté dit sans sourciller : ‘’J’ai ici des moutons qui coûtent jusqu’à un million’’. Plus connu sous le nom de Papi, il tente une justification sur les raisons de la cherté de ses béliers, qu’il expose sur un trottoir, sur l’avenue Bourguiba, du nom du premier président de la Tunisie.
‘’Nous faisons de l’élevage dans la commune de Mermoz-Sacré-cœur. Nous élevons des moutons toute l’année, mais nous n’avons pas suffisamment d’espace. Le foin et les autres aliments de bétail Également coûtent chers. Tout cela se répercute sur le prix du mouton’’, dit-il.
À quelques jours de la Tabaski, les vendeurs comme Papi ne voient pas encore les clients arriver. ‘’C’est timide pour le moment. Les quelques clients que nous accueillons nous disent que les prix sont chers’’, fait savoir Badara Diop, qui a aménagé son enclos au quartier Liberté 6.
Entouré de ses amis, il dit avoir investi des millions pour préparer son ‘’opération Tabaski’’. Constatant une rareté de clients, il exprime sa peur de ne pouvoir faire de bénéfice, si jamais il devait diminuer le prix de ses moutons. Toutefois, il garde espoir que les choses bougeront d’ici la veille de la fête.
Non loin de la tente de Papi, Pape Fall ne quitte pas des yeux les moutons mis en vente. Il est venu tâter le pouls du marché, mais dit attendre l’arrivée des éleveurs Peulh dont les prix sont, selon lui, ‘’beaucoup plus abordables’’.
‘’Les moutons qui sont exposés ici coûtent excessivement chers. J’ai une fois demandé le prix d’un mouton, et on m’a dit 250 mille francs CFA. C’est difficile pour un père de famille, qui doit également acheter des habits neufs pour ses enfants, sans parler des condiments qui doivent accompagner le mouton’’, dit-il.
C’est pourquoi, Fall dit attendre l’arrivée des éleveurs peulhs pour avoir au moins un bélier qui coûte ‘’150 mille francs CFA’’.
Alors que les vendeurs attendent avec impatience l’arrivée des clients, des Dakarois se plaignent de l’occupation des trottoirs par les moutons.
Les trottoirs pris d’assaut par des enclos improvisés
‘’A chaque approche de la fête de Tabaski, nous sommes obligés de marcher sur la chaussée que nous disputons avec les automobilistes. Je pense que les mairies et l’État du Sénégal doivent mieux contrôler les points de vente pour lutter contre l’encombrement des trottoirs’’, estime un passant.
Interpellé sur l’occupation des trottoirs avec le risque sécuritaire pour les piétons, le vendeur moutons, Papi, minimise.
‘’C’est juste pour une période d’un mois’’, lance-t-il invitant les Dakarois à ‘’plus de compréhension’’.
‘’Vous savez que cette année on ne pourra pas exposer au stade Léopold Sédar Senghor et dans certains lieux dédiés. Nous demandons aux riverains de prendre leur mal en patience, car c’est bientôt la Tabaski, et tout rentrera dans l’ordre’’, dit-il.
Lors du Conseil interministériel sur la préparation de la Tabaski 2025, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a donné des instructions aux ministres concernés, en collaboration avec les autorités locales, de prendre les mesures nécessaires pour aménager des points de vente sûrs, qui ne causeraient aucun désagrément aux populations.
Parmi ces instructions figurent l’aménagement d’un parc à bétail sur une grande surface à Diamniadio, le désencombrement et le nettoyage des sites avant, pendant et après la fête de Tabaski, l’éclairage des points de vente, l’ouverture de points d’eau temporaires et la mise en place de comités de gestion de ces points de vente autorisés.
Face à la cherté des moutons, le chef du gouvernement a également demandé au ministre des Forces armées et à son homologue de l’Intérieur et de la Sécurité publique d’assurer la sécurité des personnes et des biens tout au long de la chaîne d’acheminement et de commercialisation des moutons, notamment sur les points de passage frontaliers, les axes de convoyage, les zones d’attente, et les points de vente.
Ousmane Sonko a également appelé à faciliter la circulation des véhicules transportant les moutons vers les marchés, en permettant notamment à chaque camion ou wagon d’avoir à bord trois bergers chargés de surveiller les moutons.
Se félicitant de ces mesures prises par les autorités gouvernementales, les Dakarois, vendeurs et potentiels acheteurs, espèrent, chacun de leur côté, s’en tirer qui avec un bon bélier à un prix abordable, qui pour écouler ses têtes de bétail avec du bénéfice.
CMS/ABB/OID