Réserve de Dindéfélo : des lanceurs d’alerte s’opposent à l’exploitation de dolomie
Réserve de Dindéfélo : des lanceurs d’alerte s’opposent à l’exploitation de dolomie

SENEGAL-ENVIRONNEMENT

Par Ibrahima Diébakhaté

Kédougou, 22 mai (APS) – Des lanceurs d’alerte de la région de Kédougou protestent contre l’installation d’une usine d’extraction de dolomie autour de la réserve naturelle communautaire de Dindéfélo (RNCD) et de la cascade du même nom, des sites classés patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un site de 40 hectares de la réserve communautaire de Dindéfélo, situé dans le terroir communautaire de Pélel Kindéssa et Ndanoumary, aurait été affecté à une société pour l’exploitation d’une carrière de dolomie.

La dolomie, selon une fiche établie par le catalogue des ressources minérales du Sénégal publié par la Direction de la prospection et de la promotion minière  du ministère des Mines et de la Géologie, est une “roche sédimentaire carbonatée” faisant partie des engrais naturels. Elle est présente surtout dans le département de Kanel (Matam, nord).

‘’Aujourd’hui on ne peut pas avoir une exploitation d’une carrière au sein de la réserve communautaire de Dindéfélo qui est un patrimoine de l’UNESCO, et vraiment ce n’est pas possible. Nous ne pouvons pas accepter cette carrière dans la zone, nous avons des animaux et des espèces que nous devons protéger‘’, a prévenu Oudy Diallo, lanceur d’alerte et président de l’association Kédougou environnement.

‘’Il n’y a même pas un plan de gestion environnemental, et Dindéfélo ne va pas gagner dans ça”, a-t-il souligné. Il rappelle que ”la réserve communautaire et tout ce qui est historique et écologique font partie du corridor des chimpanzés’’.

Il a interpellé les autorités compétentes, notamment le ministère de l’Environnement et de la Transition écologique sur le risque d’hypothèque sur les générations futures.

‘’Nous invitons les autorités à arrêter ce projet de carrière parce que toutes les populations de Dindéfélo et environs ne sont pas d’accord sur cette exploitation. Et nous sommes aujourd’hui dans un espace protégé qui, en plus, a un label de l’UNESCO et un géoparc, et les 40 hectares octroyés sont intégrés dans la réserve communautaire‘’, a-t-il fait valoir.

 Le ministre de l’Environnement attendu sur le site ce vendredi 

Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, se rendra ce vendredi sur le site de la réserve naturelle communautaire de Dindéfélo pour une “tournée de suivi”, a annoncé la gouverneure de Kédougou, Mariama Traoré.

Il devrait rencontrer sur place le comité de gestion, avant de se rendre, samedi, dans les villages de Mako et Tambanoumouya.

La cascade et la réserve naturelle communautaire de Dindefélo sont menacées et exposées. Selon les populations locales de la commune, les places publiques sont “vendues” et des champs “bradés” sur le site.

Djibril Camara, un ancien responsable de la réserve naturelle communautaire, a déploré l’exploitation de cette carrière qui va impacter la zone touristique.

‘’Les chimpanzés sont menacés aujourd’hui et en voie de disparition. Le monde est en train de protéger ce qui reste de ce label. Et ces gens, aujourd’hui, veulent créer une carrière au niveau de la réserve naturelle, c’est vraiment regrettable’’, a-t-il déploré.

Vers la création d’une réserve naturelle transfrontalière 

M. Camara a indiqué que les communautés de Dindéfélo veulent créer une réserve naturelle transfrontalière en collaboration avec la Guinée Conakry.

‘’Nous envisageons de créer une réserve naturelle transfrontalière avec la Guinée Conakry. Il s’agit de mutualiser nos efforts pour la conservation et la protection durable de cette zone naturelle, au profit des communautés et des générations futures’’, a-t-il dit. Il a insisté sur la nécessité d’un plan de gestion interdisant de mener des activités extractives en plein milieu de la réserve naturelle communautaire de Dindéfélo.

Le directeur du village communautaire de Bandafassi, Alexis Wally Diouf, a lui aussi invité les autorités étatiques à préserver le site, ajoutant qu’il est envisagé un projet de géoparc pour la “valorisation de ces roches”, ce qui sera “une première au Sénégal et en Afrique”.

Selon Alexis Wally Diouf, si l’on installe l’usine de dolomie dans la réserve naturelle communautaire, le site sera inscrit sur la liste rouge du patrimoine.

‘’Et il risque tout bonnement d’être déclassé, et cela engendrera des conséquences’’, a-t-il alerté.

Le chimpanzé, l’espèce la plus emblématique de la réserve, est cataloguée en “danger critique de disparition” depuis 2016 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les facteurs qui pourraient conduire à leur disparition sont la destruction de leur habitat, notamment les feux de brousse, l’installation des industries ou encore les coupes d’arbres fruitiers dont ils se nourrissent. Il y a aussi d’autres facteurs tels que le braconnage et les maladies.

PID/ABD/HK/ASG

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