Thiès, 12 mai (APS) – Des voix se sont élevées, vendredi, pour prendre la défense de l’usine de recyclage de plomb implantée à Ndiakhate, un village situé non loin de Pout, dont une partie de la population s’insurge contre les dangers de la pollution liée aux activités de cet établissement.

Créée depuis trois ans par des ressortissants indiens, sous le nom de Société Ganesha Sénégal, l’usine avait dû suspendre ses activités, suite à la protestation d’une partie de la population qui se plaignait de ses effets néfastes sur l’agriculture et le bétail.

L’entreprise a été autorisée à redémarrer, sous la nouvelle dénomination de EMP/GSS, du nom de son repreneur sénégalais El Hadji Modou Pène.

Sohon Lal, superviseur de la production, de nationalité indienne, a indiqué à l’APS que depuis les huit mois qu’elle a repris du service, l’unité qui tourne 24 heures sur 24, recycle huit tonnes de plomb par jour à partir de la refonte de batteries de voiture, entre autres articles usités, grâce à ses 15 travailleurs permanents et à une soixantaine de journaliers.

Les blocs de plomb ainsi obtenus sont exportés vers la Chine, Dubaï ou l’Inde.

Un collectif a récemment demandé la délocalisation de l’usine, déplorant les conséquences, selon eux, de ses rejets sur les populations, les terres et les animaux. Les déchets de l’usine contaminent même le lac Tanma, soutiennent-ils.

Serigne Mbacké Sylla, un habitant de Touba Pout, a insisté lors d’une rencontre avec la presse sur l’importance de cette usine relativement à la réduction du chômage des jeunes dans la localité. Il a relevé que partout ailleurs dans la région, des entreprises, dont la supposée dangerosité a été décriée à leurs débuts, continuent d’opérer sans conséquences.

”Après la fermeture de l’usine de fabrication de batterie Sigelec de Pout, qui a fait perdre beaucoup d’emplois à Pout, Ndiakhate et environs, Dieu nous a gratifié d’une autre usine à laquelle des gens s’opposent”, a-t-il dit, avant d’ajouter : ”Nous refusons cette démarche”.

Le responsable du personnel, Djibril Ciss, dénonce des ”influences venues d’ailleurs” et sans fondement, qui jettent le discrédit sur ce type d’usines qui sont des remparts contre l’émigration irrégulière.

Selon Serigne Abdou Lahad Yade, consultant dans un cabinet indépendant dont la société s’était attaché les services, les particules de plomb prélevés dans l’air ambiant et sur le sol, à l’extérieur de l’usine, sont ”très largement en deçà de la limite admise”.

Les prélèvements effectués dans l’environnement immédiat des installations, dans le village de Ndiakhate et dans les champs, ont été soumis au laboratoire de l’institut de technologie nucléaire appliquée (ITNA) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

Ces prélèvements ont porté sur des points géolocalisés, avec possibilité de réaliser une contre-expertise par un autre cabinet, a-t-il souligné, comme gage de transparence.

Au moment où le four fonctionne, il n’y a presque pas de fumée au niveau de la cheminée, a-t-il fait constater, relevant que ce résultat a été atteint grâce à l’installation de filtres électrostatiques qui retiennent “à peu près 99%” des particules de plomb.

Selon l’étude, l’air ambiant contient, par contre, une forte teneur en poussière d’argile en suspension, a-t-il admis, précisant que cela peut se comprendre en raison de la proximité d’une cimenterie.

”Dire que l’usine (de recyclage de plomb) pollue l’environnement est inexact”, a-t-il conclu, citant l’étude en question.

À l’intérieur, toutefois, l’air ambiant atteint parfois des ”niveaux anormaux”, a noté l’environnementaliste, relevant que le rapport recommande que le personnel soit doté de moyens de protection adaptés à l’activité, comme des masques à gaz, des lunettes et autres équipements de protection individuelle.

L’unité continuera à faire l’objet d’un suivi, pour vérifier le respect des recommandations, a annoncé le consultant dont le cabinet est agréé, selon lui, par l’Etat.

ADI/MD/BK/ASG

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