SENEGAL-RELIGION-HERITAGE
Tivaouane, 1-er Septembre (APS) – Les sept khalifes de Seydi El Hadji Malick Sy qui se sont succédé à la tête de la confrérie tidiane à Tivaouane, depuis le rappel à Dieu en 1922, de leur guide spirituel, ont contribué chacun à sa façon, à l’expansion, à la consolidation et à l’adaptation de l’œuvre de l’érudit de Ndiarndé aux évolutions de la société sénégalaise.
Serigne Babacar Sy, l’orthodoxe
Premier à assurer la relève, Serigne Babacar Sy (1885-1957), encore appelé Cheikhal Khalifa, s’impose dès 1922 comme le continuateur direct du legs de Maodo.
Formé à Saint-Louis, respectueux des préceptes de l’islam et porteur d’une solide culture religieuse, il se distingue par son autorité et son sens de l’organisation. Il est, notamment, l’initiateur des premiers “dahiras” (cercles de fidèles), dont le “dahira Kiram”, créé en 1927 à Dakar.
Défenseur intransigeant de la Sunna et de la tarikha tidiane, il demeure une figure religieuse centrale du 20-ème siècle au Sénégal.
El Hadji Mansour Sy, “le mystique éducateur”
Né en 1900, Serigne Mansour Balkhawmi, fils de Sokhna Safiétou Niang, fut le plus proche collaborateur de son père. “Secrétaire” d’El Hadji Malick Sy, il veille sur l’orthodoxie doctrinale et s’impose comme un garant de la régularité des pratiques, rôle qui lui vaut le surnom d'”inspecteur de la tarikha”. Décédé le 29 mars 1957, il rejoint son frère Serigne Babacar Sy quatre jours après son rappel à Dieu.
El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh, le régulateur social et rassembleur
Né en 1904, Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh accède au Khalifat en 1957. Héritier de la rigueur paternelle et formé par les moukhadams (émissaires) de son père, il devient une référence morale et sociale. Poète et orateur, il joue un rôle de médiation lors les grandes crises nationales, tout en entretenant de solides relations dans le monde arabe. Son long khalifat, de quarante ans, donne à la confrérie une aura dépassant largement les frontières sénégalaises. Il est rappelé à Dieu le 14 septembre 1997.
Serigne Mansour Sy, “Borom Daaraji”, le formateur
Serigne Mansour Sy (1925-2012) est le premier petit-fils d’El Hadji Malick Sy à être khalife. Considéré comme un “recteur” des sciences islamiques, il perpétue l’école de Maodo et consacre ses efforts à la formation et à la diffusion du savoir religieux. Son khalifat débute en 1997 pour s’achever le 8 décembre 2012.
Cheikh Ahmed Tidiane Sy “Al Makhtoum”, l’érudit multidimensionnel
Né en 1926, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, fils de Serigne Babacar, est une figure marquante de la famille Sy de Tivaouane, par sa précocité intellectuelle et sa pensée réformatrice.
Auteur prolifique, mystique et voyageur, sa personnalité singulière lui confère un signe distinctif dans l’histoire du khalifat tidiane de Tivaouane. Devenu khalife en 2012, il dirige la communauté pendant cinq ans jusqu’à son rappel à Dieu le 15 mars 2017.
Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, la voix de la confrérie
Frère cadet d’Al Makhtoum, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine (1927-2017) a été longtemps le porte-parole de la famille Sy et le maître d’œuvre du Gamou. Malgré son bref passage comme khalife – puisqu’il ne garde le titre que pour six mois, soit jusqu’en mars 2017 – , il reste dans la mémoire comme un grand médiateur et un serviteur infatigable de la confrérie.
Serigne Babacar Sy Mansour, le véridique
Depuis septembre 2017, Serigne Babacar Sy Mansour, né en 1932, assume la charge de khalife général. Rigoureux, franc et soucieux des valeurs morales, il poursuit le projet d’achèvement de la Grande mosquée de Tivaouane. Il se veut un gardien du temple spirituel et social de Maodo.
En plus d’un siècle, la succession des khalifes de Tivaouane illustre la continuité d’un héritage religieux transmis de génération en génération.
Entre rigueur doctrinale, régulation sociale et ouverture intellectuelle, chaque khalife a apporté sa touche à la réalisation d’un objectif commun : la perpétuation de l’œuvre d’El Hadji Malick Sy.
MKB/ADI/BK
