Touba, 23 août (APS) – Le Magal, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, est un grand moment de ferveur religieuse avec les prières et recueillements, mais également un moment de solidarité et de partage, illustré par le ‘’berndé’’, la préparation de repas copieux pour les nombreux pèlerins qui prennent d’assaut la ville de Touba à cette occasion.

Ce geste de générosité incarne l’esprit de partage au cœur de cet événement religieux commémorant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927).

Le grand Magal de Touba célébré ce vendredi est une fête durant laquelle on doit rendre grâce à Dieu en lisant le Coran et les “Khassaïde” (les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba) mais surtout préparer des repas copieux pour les pèlerins, selon le responsable moral du Hizbut Tarqiyyah.

Serigne Youssou Diop rappele que ‘’c’est une recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba”.

Le jour du Magal, dès les premières heures de la matinée, des centaines de bénévoles s’affairent autour de grandes marmites fumantes pour la préparation des repas succulents et en quantité offerts aux  pèlerins, un aspect non négligeable de l’évènement.

Le même décor est visible dans toutes les grandes familles des dignitaires mourides jouxtant la grande mosquée de Touba. Comme à la résidence du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, située à Darou Miname.

Les gestes des bénévoles chargés de préparer les ‘’berndé’’ sont précis, fruit de plusieurs années d’expérience et un profond dévouement à la tâche.

‘’Nous commençons les préparatifs bien avant le Magal’’, explique Yaye Dieynaba Diagne, coordinatrice de l’une des grandes cuisines installées dans le quartier de Darou Miname.

‘’Chaque année, nous accueillons de plus en plus de pèlerins, et notre mission est de veiller à ce que personne ne reparte sans avoir mangé’’, fait-elle savoir.

Les cuisines géantes de Touba, souvent montées spécialement pour l’événement, rivalisent en taille et en efficacité.

Des milliers de sacs de riz, accompagnés de viande de bœufs immolés pour l’occasion, sont cuisinés pendant la période du Magal et sont offerts aux milliers de fidèles qui rallient la ville sainte pour commémorer cet événement religieux.

Les repas sont préparés dans de grandes marmites placées sur des foyers alimentés par du bois de chauffe, dégageant une odeur qui se répand dans les rues environnantes.

Des bénévoles dévoués à la tâche

Les bénévoles, pour la plupart des jeunes, hommes et femmes de la communauté mouride, travaillent en équipes. Pendant que certains s’occupent de la préparation des ingrédients, d’autres s’affairent à la cuisson, à la distribution des repas.

‘’Ce n’est pas seulement un travail, c’est une bénédiction de pouvoir servir les pèlerins en cette période de Magal’’, confie Ndèye Fatou Mbodj, étudiante de 21 ans qui participe à la préparation des repas.

Logée non loin de la résidence du Khalife général, elle souligne que ‘’cela fait partie de notre devoir en tant que mouride’’.

Chaque jour, des centaines de repas sont servis par les différents dahiras (regroupements religieux) et les foyers de Touba.

Les plats comme le thiébou dieune (riz au poisson) et le lakh (bouillie de mil), sont préparés en grande quantité, confie l’étudiante.

La distribution des repas est rapide et efficace ; les pèlerins, dont la plupart sont des jeunes, sont servis par groupe ou par rang.

Khadim Gueye, un autre bénévole parle d’une ‘’récompense en soi’’ en lisant la joie sur le visage des pèlerins après avoir distribué des repas, des fruits et des canettes de boisson.

Une logistique impressionnante

La coordination de la distribution des repas lors du Magal repose sur une logistique bien huilée.

Des camions chargés de provisions arrivent en grand nombre à la grande mosquée de Touba pour offrir des repas aux pèlerins.

Les responsables de chaque dahira planifient soigneusement les quantités nécessaires en fonction du nombre de pèlerins qu’ils accueillent à bras ouvert.

Des entreprises locales, des commerçants et des membres de la diaspora sénégalaise font aussi des dons pour contribuer la préparation des repas.

‘’La recommandation de Serigne Touba n’est pas seulement d’offrir des repas copieux aux pèlerins, c’est un acte de foi et de solidarité’’, a déclaré Mbagnick Diop, cofondateur d’une entreprise de distribution alimentaire qui offre chaque année des tonnes de riz et de sucre pour appuyer le comité d’organisation du grand Magal.

Un acte de foi et de partage

Pour de nombreux pèlerins, le ‘’berndé’’ est bien plus qu’une simple distribution de repas. Il incarne l’esprit de partage et de fraternité recommandé par Cheikh Ahmadou Bamba.

Assis sous un arbre après avoir fini de prendre son déjeuner, Ibrahima Sy, la trentaine révolue, venu de Sédhiou, exprime sa gratitude.

‘’Ici, à Touba, personne n’est laissé en rade. Tout le monde reçoit, tout le monde partage. C’est ce qui rend cet événement si spécial‘’, se réjouit ce pèlerin.

Pour Papa Alioune Thiam, étudiant en quatrième année d’Histoire, en cette journée de Magal, Touba offre au monde une leçon sur l’importance de la solidarité et du don de soi.

‘’Le berndé, en tant que symbole de cette générosité, continue de rappeler à chacun l’essence même de la foi mouride, notamment servir et partager‘’, soutient Thiam.

AN/ASB/OID/ABB

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