SENEGAL-SANTE-PREVENTION
Louga, 10 juin (APS) – Les autorités administratives et sanitaires de Louga (nord) ont procédé, jeudi, au lancement officiel du projet EnPRISE 4, destiné à renforcer la prise en charge psychosociale des enfants et adolescents âgés de 0 à 19 ans vivant avec le VIH/Sida, a constaté l’APS.
‘’Aujourd’hui, on est là dans le cadre d’un CRD [Comité régional de développement] de lancement du projet EnPRISE 4, plus connu sous le nom de projet de renforcement de la prise en charge psychosociale des enfants et des adolescents vivant avec le VIH. Cela concerne la tranche d’âge de 0 à 19 ans’’, a déclaré l’adjoint au gouverneur de Louga chargé du développement, Papa Leïty Mar.
Selon lui, le projet, qui s’étendra sur trois ans (avril 2025-mars 2028), vise à corriger les lacunes constatées dans l’accompagnement de cette frange vulnérable, en s’appuyant sur les leçons tirées des précédentes phases du programme, notamment EnPRISE 3.
“L’objectif général est d’améliorer l’accompagnement psychosocial des enfants infectés par le VIH. Au Sénégal, il existe encore un déficit important dans ce domaine, notamment à cause de la stigmatisation”, a souligné l’adjoint au gouverneur.
Stigmatisation et prise en charge pédiatrique ‘’préoccupante’’
Il a rappelé que ce programme est la continuité du projet EnPRISE 3 et qu’il s’inscrit dans les efforts déployés par les pouvoirs publics pour une meilleure lutte contre le VIH/Sida.
Papa Leïty Mar a également insisté sur l’importance de lutter contre la stigmatisation sociale dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH.
‘’Ce qui fait beaucoup de mal dans cette maladie, c’est la stigmatisation. Même avec les médicaments, ces patients souffrent énormément à cause du regard de la société. Il faut massifier et intensifier les campagnes de sensibilisation à travers les organisations communautaires de base, mais aussi les chefferies traditionnelles, les imams, les curés, les +bajenu gox+, tous les acteurs de la société”, a-t-il plaidé.
Le directeur régional de la santé de Louga, Dr Cheikh Sadibou Senghor, a présenté un état des lieux préoccupant de la prise en charge pédiatrique dans la région.
Faible taux de dépistage infantile
‘’On a constaté que le taux de dépistage chez l’enfant est très faible. Au niveau national, il est de 42 % et, parmi ceux-là, seuls 32 % sont mis sous traitement antirétroviral. Pire, parmi ceux qui suivent un traitement, la suppression de la charge virale reste très faible’’, a-t-il signalé.
‘’Sur une file active de 1 289 personnes vivant avec le VIH, seuls 57 sont des enfants. Cela montre un taux de détection très faible. Parmi ces enfants, seuls 28 % présentent une suppression efficace de la charge virale. C’est très inquiétant’’, a-t-il ajouté.
Toutefois, a souligné le directeur régional de la santé de Louga, “ce projet vient combler les lacunes identifiées dans une étude récente, notamment le faible taux de dépistage, la mauvaise observance thérapeutique et les difficultés logistiques. Il appuiera également la formation des acteurs, l’équipement des laboratoires et le soutien au transport des patients”.
Une dynamique territoriale est en cours, selon lui, pour impliquer toutes les parties prenantes, notamment les autorités administratives, les leaders religieux et communautaires, afin de créer un cadre d’harmonisation des interventions.
‘’Ce qui a été décidé avec monsieur le Gouverneur, c’est de mettre en place un cadre qui nous permettra d’impliquer tous les acteurs : les imams, les curés, les +bajenu gox+, les chefs de quartier, les acteurs techniques et communautaires, afin d’améliorer durablement la réponse au VIH chez l’enfant dans la région de Louga’’, a annoncé Dr Cheikh Sadibou Senghor.
DS/ABB/SKS/ASB
