Le projet de l’Université de Notto Diobasse est une ”bénédiction”, selon un universitaire
Le projet de l’Université de Notto Diobasse est une ”bénédiction”, selon un universitaire

SENEGAL-COLLECTIVITES-INFRASTRUCTURES

Notto Diobasse, 21 mai (APS) – Le professeur Ababacar Mbengue, agrégé en sciences de gestion au concours français d’agrégation et enseignant à l’Université de Reims (France), a salué, mardi, le lancement du projet de l’Université de Notto Diobasse (ouest) comme une ”bénédiction” et une ”révolution tranquille” fondée sur l’audace, l’intelligence locale et l’innovation frugale.

‘’Ce projet, c’est une bénédiction. Oser bâtir ici, à partir de presque rien, une université d’envergure mondiale, c’est refuser le fatalisme et affirmer que l’excellence peut naître dans nos terroirs”, a déclaré M. Mbengue, également diplômé de HEC Paris et ancien président du jury du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES).

Il s’entretenait avec l’APS en marge de la pose de la première pierre de l’Université Smart Notto Diobasse et de son centre médical hospitalier et universitaire, un projet structurant implanté sur un site de cinq hectares, visant à faire de cette commune un pôle d’excellence académique et sanitaire.

Ce projet éducatif est piloté par la commune de Notto Diobasse, dirigée par le maire Alioune Sarr, en partenariat avec plus d’une dizaine d’acteurs privés, d’universitaires et de la société civile.

— Une université pour et par la communauté—

Le projet de l’Université de Notto Diobasse ambitionne de former une nouvelle génération de jeunes ancrés dans leurs réalités locales, mais connectés aux meilleures pratiques internationales.

‘’Nos jeunes, qu’ils soient alphabétisés en français, en wolof, en arabe ou non scolarisés du tout, sont porteurs d’intelligence. Il faut aller chercher cette graine et la cultiver‘’, a indiqué Pr Mbengue, insistant sur l’importance de ne pas exclure les jeunes formés en langues nationales ou ceux en dehors du système scolaire classique.

L’université vise ainsi à capter les talents locaux tout en restant ouverte aux meilleurs profils à l’échelle nationale et internationale.

‘’Les jeunes d’ici seront privilégiés, mais l’ambition, c’est l’excellence, dans un esprit d’ouverture et de partage‘’, a-t-il soutenu.

— Un projet ambitieux, mais frugal—

‘’Le coût de la première phase du projet est estimé à 375 millions FCFA, dont 300 millions pour les infrastructures et 75 millions pour le fonctionnement initial‘’, a-t-il précisé.

Le projet se distingue par son recours à des méthodes d’innovation frugale, inspirées de modèles indiens et africains, qui privilégient l’usage de matériaux recyclés, les solutions locales et les circuits courts.

‘’Il ne s’agit pas de copier l’Occident, mais de créer ici une intelligence adaptée, capable de produire plus avec moins‘’, a-t-il expliqué.

Quatre pôles stratégiques : agro-industrie, sport, innovation et durabilité

Trois premiers axes structurent la vision pédagogique : la souveraineté alimentaire à travers l’agro-industrie, le sport (avec une dimension éducative, économique et touristique), et l’entrepreneuriat innovant au service de l’Afrique.

Un quatrième pilier transversal porte sur la transition écologique et énergétique, avec un volet ‘’ville durable ‘’qui traitera des enjeux climatiques, de l’économie d’énergie et du logement.

‘’Si nous ne traitons pas la question du développement durable, il ne restera bientôt plus personne. Il faut nourrir, loger, éduquer, mais aussi penser l’avenir climatique de nos territoires‘’, a averti M. Mbengue.

— Une gouvernance ancrée dans l’intelligence collective—

Le professeur Mbengue a par ailleurs insisté sur l’importance d’une gouvernance participative.

”Rien ne sera parfait dès le départ. Mais il faut parier sur l’intelligence collective, accepter la critique constructive, croiser les regards, corriger, ajuster. C’est ainsi qu’on bâtit des institutions durables‘’, a-t-il expliqué.

Interrogé sur les partenariats, il a précisé que le modèle reposerait principalement sur la commune, des collectivités locales et des investisseurs privés, l’État étant sollicité en appui.

Selon lui, ‘’il faut aller vite. Et pour cela, miser sur des mécanismes agiles, sans dépendre uniquement de la lourdeur administrative. ‘’

— Une révolution de mentalités plus qu’un chantier d’infrastructures—

Au-delà du chantier universitaire, le professeur voit dans ce projet une opportunité de transformation culturelle.

”Le vrai obstacle, ce n’est pas le manque de moyens. C’est le déficit de confiance en nous-mêmes. On a mis dans nos têtes qu’on ne savait pas faire. Ce projet prouve le contraire‘’, a-t-il souligné.

”Les Américains, les Allemands, les Chinois inventent. Nous aussi, nous pouvons inventer. Nous devons cesser de douter, croire en nos forces, organiser nos idées et construire un futur à la hauteur de notre dignité”, a-t-il conclu.

AN/HK/OID

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