SÉNÉGAL-RELIGION-EVENEMENT
Envoyé spécial : Abibou Ndiaye
Popenguine, 6 juin (APS) – Le pèlerinage marial de Popenguine, dont la 137e édition se déroule de samedi à lundi, constitue une voie essentielle de transmission de la foi catholique entre générations, et un modèle vivant de coexistence pacifique entre croyants de différentes confessions, a affirmé Prosper Joseph Carvalho, directeur du sanctuaire Notre-Dame de la Délivrande, dans un entretien à l’APS.
‘’Nous ne sommes pas seulement un lieu de rassemblement annuel, mais un sanctuaire qui accueille plus de quarante pèlerinages par an ‘’, a-t-il précisé, insistant sur la dimension spirituelle quotidienne de ce haut lieu de la foi chrétienne.
Il indique que le pèlerinage de Popenguine marque la transmission de la foi, qui s’opère par la marche et l’expérience du pèlerin en son Seigneur.
‘’Le pèlerin de l’espérance, thème inspiré par le défunt pape François, est celui qui quitte un lieu de rupture ou de souffrance pour marcher vers la réconciliation avec Dieu, et avec lui-même ‘’, explique-t-il.
C’est ainsi que des blessés de la vie, des croyants en quête de sens, des fidèles revenus à la foi ou encore des jeunes découvrant la prière, nourrissent ensemble une tradition dynamique où chaque pèlerin, avec son histoire, devient témoin, a-t-il souligné.
Rappelant que le sanctuaire de Popenguine ne reçoit pas uniquement que des chrétiens, le religieux a indiqué que des ‘’musulmans aussi viennent, parfois de Dakar, non pas pour changer de foi, mais pour vivre cette démarche intérieure’’.
‘’Le pèlerinage, c’est quitter sa maison pour entrer dans une relation personnelle avec Dieu, au-delà des religions ‘’, a-t-il notamment expliqué.
Brassage interreligieux
Ce brassage inter-religieux contribue à faire de Popenguine un espace de fraternité unique, de mémoire partagée et de mystère qui rassemble. Il est symbolisée, selon lui, par la statue de la Vierge noire, qui a été bénie par le pape Jean-Paul II, lors de sa visite au Sénégal, en 1992.
Interrogé sur le dialogue interreligieux, il a exprimé son scepticisme par rapport ‘’au formalisme du concept’’.
‘’Au Sénégal, on ne doit pas parler pas de dialogue religieux. C’est inscrit dans nos gènes. Moi, j’ai des parents musulmans ‘’, a-t-il dit.
Il a ainsi déploré les discours ‘’clivants’’ de certaines élites, tout en réaffirmant la profondeur de la téranga (hospitalité) sénégalaise.
‘’Dieu n’est pas dans les religions. Dieu est dans l’humain. Et l’humain, par essence, c’est l’amour ‘’, a-t-il déclaré. Sa conviction est que ‘’la religion devrait rendre [les hommes] plus humains et capables d’aimer même celui qui n’est pas aimable ‘’.
Selon le religieux, la ferveur du pèlerinage et la solidarité spontanée qu’il suscite illustrent cette foi incarnée.
‘’Pendant le pèlerinage, les maisons s’ouvrent à tous. C’est une ambiance indescriptible, une hospitalité qui transcende les clivages ‘’, a-t-il souligne-t-il.
‘’Au Sénégal, nous avons tous une racine commune. Que nous soyons devenus musulmans ou chrétiens, nous restons des enfants du même sol‘’, rappelle-t-il.
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