La plage de Soumbédioune, un lieu de rencontres conviviales autour d’un plat de poisson braisé
La plage de Soumbédioune, un lieu de rencontres conviviales autour d’un plat de poisson braisé

SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE

Par Laïla Mamadou Diallo

Dakar, 15 sept (APS) – La plage de Soumbédioune, située sur la corniche ouest de Dakar, connue également sous le nom de plage de la Cour de Cassation du fait de sa proximité avec les locaux de la plus haute juridiction du pays (devenue Cour Suprême à la faveur d’une réforme judiciaire), connaît une grande affluence les week-ends, notamment en cette période de grandes vacances scolaires, au grand bonheur des vendeurs de poissons braisés. 

Sous un ciel aux teintes crépusculaires qui voit le soleil décliné à l’horizon, l’endroit attire une multitude de visiteurs venus profiter de la brise marine et des fameux ‘’lakk dieun’’, terme wolof désigant grillade de poisson. L’afflux de visiteurs et autres promeneurs fait l’affaire de ces vendeurs qui s’affairent autour des fourneaux où s’échappent des odeurs à la fois âcres et appétissantes.   

La plage de Soumbédioune est un véritable carrefour de rencontres, offrant un instant de détente à un large public qui s’abrite à l’ombre de parasols, en attendant son plat de poisson grillé accompagné d’une marinade faite de tranches d’oignon, de concombre, de tomate crus et de frites. 

Ici, les vendeurs de nourriture et de boissons forment le noyau vital de cet écosystème économique qui s’est constitué autour de la plage. Ces entrepreneurs au flair commercial certain y ont érigé un mini marché éphémère et bouillonnant. Par leur ingéniosité, ils ont transformé la plage en un lieu de vie et de partage, offrant aux visiteurs une évasion gastronomique et une ambiance vibrante.  

De grandes grilles ardentes sur lesquelles sont étalées les poissons à griller sont posées sur des fourneaux qui se déploient le long du littoral. Des fragrances enivrantes de charbon et d’épices s’exhalent, donnant l’eau à la bouche aux visiteurs. 

De leurs mains expertes, les tenanciers de ces restaurants de fortune retournent le poisson sous le crépitement de braises et la pression de la clientèle.

Alpha Dia, surnommé Akon Junior, propriétaire de l’un d’eux, se présente comme ‘’le chef d’entreprise de l’établissement dénommée +La braisée+, employant ‘’plus de quinze personnes’’, dit-il avec une fierté non feinte.

‘’Nous nous consacrons principalement à la vente de poissons braisés. Mon établissement jouit d’une grande notoriété grâce à la succulence des plats proposés’’, se réjouit-il. 

Lui et son équipe œuvrent sans relâche pour satisfaire la clientèle, dit ce jeune Dakarois trentenaire. ‘’Nous accueillons tout type de visiteurs, qu’il s’agisse de Sénégalais lambda, de célébrités ou de touristes africains et européens’’, ajoute-t-il.  

— Les week-ends, période faste des restaurateurs — 

Soulignant que les week-ends revêtent une importance capitale pour son business, Akon Junior déclare que ses recettes peuvent tripler, particulièrement en cette période de vacances, où il peut gagner ‘’jusqu’à quatre cent mille francs CFA’’, à raison de 6 mille francs CFA par plat de poisson braisé.

La plage de Soumbédioune abrite plusieurs restaurants éphémères spécialisés dans les plats aux fruits de mer, qui emploient beaucoup jeunes s’activant dans le service culinaire et la vente de sodas. Des marchands ambulants y proposent également divers babioles.  

Comme Akon Junior, Pathé Fallou Faye propose également des plats à base de poissons dans son commerce composé de huit 8 garçons et presque autant de filles. Taille imposante, celui qui compte parmi les doyens des lieux dresse une situation économique aléatoire.  

‘’Il y a des moments où ça marche bien, surtout les week-ends pendant les vacances, lors desquels nous recevons beaucoup de touristes étrangers’’, affirme-t-il. 

Par contre, enchaîne-t-il, ‘’durant l’année scolaire, mon chiffre d’affaires baisse considérablement, mais quoi qu’il en soit, je parviens toujours à payer mes employés journaliers’’.

Hésitant à déclarer les revenus générés en cette période de chaleur, où la plage connaît une forte fréquentation, Pathé Fallou Faye indique qu’il lui arrive de gagner jusqu’à 300 mille francs CFA. 

Le goût fumé et salé du poisson s’équilibre avec les sodas et jus locaux vendus sur les lieux aux clients assis sur des chaises en plastique autour d’une table.

Hamsatou Diaw est vendeur de boissons rafraîchissantes. Il dit tirer profit de son activité en proposant un large choix de saveur. ‘’Je propose du jus de citron, du +wass+ [une boisson chaude à base de gingembre, citron, bouye], le jus de bissap, bref des jus locaux, bénéfiques à la santé et facilitant une bonne digestion’’, précise-t-il. 

Hamsatou Diaw ne se limite pas seulement à proposer ses variétés de boissons au niveau de la plage de Soumbédioune. ‘’Chaque jour, je recrute des journaliers, parfois même des étudiants que je déploie sur le terrain. Ils peuvent réaliser des ventes allant jusqu’à cinquante mille francs CFA par jour’’, se réjouit-il.  

— Des visiteurs et clients ravis — 

Dans l’agitation ambiante de la plage, au bord de l’eau, des parasols accueillent des visiteurs en train de déguster leur plat ou leur boisson, tandis que d’autres attendent d’être servis, dans une atmosphère conviviale.  

En toute complicité, Awa Adam et ses deux amies nigérianes devisent autour d’une table bien garnie, tout en dégustant leur poisson braisé. Pour elles, la plage constitue un cadre où règne le bonheur. ‘’Nous passions simplement notre chemin, mais après avoir aperçu la foule qui se se dirigeait vers cette plage, la curiosité nous a poussées à descendre à la plage’’, admet-elle. 

Une fois sur place, nous avons été agréablement surprises par la variété de plats proposés, qui donnent envie de déguster’’, ajoute Awa Adam.

‘’En plus de la nourriture, le temps est magnifique ici et propice au divertissement’’, confie-t-elle, sous l’acquiescement de ses camarades.  

Toutefois, la plage de Soumbédioune, bien que bénéficiant d’un potentiel touristique et économique considérable, souffre de certaines carences en termes d’hygiène et de services essentiels, tels que des toilettes et de l’électricité. 

‘’Le principal problème sur cette plage demeure le manque de toilettes. Un tel lieu, accueillant un nombre assez important de visiteurs, devrait être équipé, mais hélas, elle n’en dispose pas encore’’, déplore le gérant de ‘’La braisée’’.

L’autre problème majeur, selon lui, est l’absence d’éclairage. ‘’Dès dix-neuf heures, l’afflux de clients diminue en raison de l’obscurité. Nous manquons de lumière et cela entrave quelque peu notre activité économique’’, se lamente-t-il.  

Face à cette situation, ‘’nous appelons au soutien des autorités locales, en particulier la municipalité, pour nous aider à résoudre ces problèmes’’, plaide Akon Junior.

LMD/ABB/OID/SKS/HB