Dakar, 15 fév (APS) – L’autorisation et l’encadrement des manifestations par les pouvoirs publics peuvent aider à atténuer la destruction des biens par des manifestants, espère le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), Adama Lam.

“Le président de la République a parlé de la nécessité de pacifier l’espace public. Cela fait naturellement partie du dialogue en cours de préparation. C’est pourquoi nous estimons, sans toutefois disposer des données relatives à la sécurité et à la sûreté de notre pays, qu’il est nécessaire de faire en sorte que les manifestations des citoyens puissent être autorisées et encadrées”, a dit M. Lam.

Le président de la CNES a fait ce plaidoyer lors d’une réunion du gouvernement avec les organisations patronales.

“Nous disons cela parce que nous estimons que c’est une forme de catharsis nécessaire en période de crise, pour permettre aux gens de dire ce qu’ils pensent réellement”, a ajouté Adama Lam en parlant de l’autorisation et de l’encadrement des manifestations.

“Nous ne connaissons pas les contraintes auxquelles vous êtes confrontés pour interdire les manifestations, mais nous estimons que la destruction des biens peut être atténuée si […] on permet aux gens de parler de manière responsable des griefs qu’ils ont”, a insisté M. Lam.

Il a déploré la restriction de l’accès à Internet par le gouvernement.

Cette restriction “ne concerne pas seulement les opérateurs de téléphonie. Internet est devenu un outil de travail international […] Une partie de notre jeunesse vit des activités s’exerçant avec Internet. Il est nécessaire d’étudier avec les responsables concernés la possibilité d’atténuer ces coupures d’Internet”, a souligné le président de la CNES en présence du Premier ministre, Amadou Ba, des ministres des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Doudou Ka, et du Travail, Samba Sy.

“Si des efforts importants ont été faits, nous pouvons aussi souligner qu’il y a des manquements qu’il faudrait corriger. Nous du secteur privé national ne sommes pas bien présents dans notre économie”, a relevé Adama Lam.

“Des entreprises étrangères viennent de plus en plus grappiller dans des secteurs d’activité de notre pays”, a-t-il dit, estimant par ailleurs que “la politique a pris une ascendance réelle sur l’économie”, au Sénégal.

M. Lam pense qu'”il est temps que nous essayions d’inverser cette tendance”.

“Notre image a été [écornée] par ces évènements-là. Les gens n’ont plus la même confiance qu’ils avaient dans notre pays […] Il y a eu un ralentissement très important de l’activité économique”, a fait observer le président de la CNES en parlant de la crise engendrée par le report de l’élection présidentielle.

Il a fait allusion aussi à la mort de trois personnes dans des manifestations organisées en guise de protestation contre ce report que le Conseil constitutionnel a jugé “contraire à la Constitution”, ce jeudi.

“Cette situation est intenable”

“Cela impacte les devises et les commandes que nous faisons auprès d’entreprises à l’étranger, lesquelles exigent maintenant que nous payions intégralement”, a poursuivi Adama Lam en parlant de la crise politique.

M. Lam pense que “cette situation est intenable”. “C’est dangereux pour le secteur privé et les affaires […] Il faut que nous trouvions les moyens de nous sortir de cette crise.”

Le Premier ministre a appelé les Sénégalais à “s’unir” pour sortir le pays de cette crise. “Dans cette conjoncture délicate, a-t-il dit, il est de notre devoir de nous unir […] et de ‘forger’ ensemble un chemin vers la prospérité et la stabilité.”

“Nous sommes conscients des défis économiques auxquels notre pays est confronté. Cependant, je tiens à souligner les efforts considérables faits par l’État dans l’amélioration du climat des affaires, la revalorisation des salaires, la lutte contre la cherté de la vie, la protection des biens et équipements collectifs…”, a souligné Amadou Ba.

“La prospérité véritable ne peut être atteinte que par un partenariat dynamique entre le secteur public et le secteur privé”, a-t-il soutenu en présence des représentants du Conseil national du patronal, Baïdy Agne, du Club des investisseurs sénégalais, Baïdy Dieng.

D’autres organisations patronales étaient également représentées.

ESF/BK

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