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Dakar, 19 nov (APS) – La présidente de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Amsatou Sow Sidibé, a dénoncé, mercredi à Dakar, la persistance du phénomène des enfants en situation de rue, un ”scandale” nécessitant à ses yeux une mobilisation de toutes les parties prenantes pour son éradication.
“C’est un scandale et il faudrait que toutes les parties prenantes se donnent la main pour que ce phénomène des enfants de la rue soit éradiqué. Il y va de l’intérêt supérieur de la nation”, a-t-elle déclaré.
Amsatou Sow Sidibé présidait la table ronde préparatoire aux Assises nationales sur les enfants en situation de rue, en présence d’autorités religieuses et coutumières, de représentants de la société civile et d’experts.
Prévue pour deux jours, cette rencontre organisée avec l’appui de l’Association francophone des institutions nationales des droits de l’homme et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), porte sur le thème “Le phénomène des enfants de la rue au Sénégal : quelles approches durables pour son éradication ?”.
Le ministère de la Famille et des Solidarités est également partie prenante de cet atelier visant à formuler des recommandations destinées à alimenter les Assises nationales annoncées, en vue de garantir le respect de la dignité des enfants et de renforcer les mécanismes de prévention et de protection.

Le but de la rencontre est de bâtir une stratégie ”durable, concertée et inclusive” pour la protection de tous les enfants, qu’ils soient sénégalais ou étrangers, a souligné la présidente du CNDH.
”Nous attendons énormément de cet atelier pour que l’éradication du phénomène des enfants de la rue soit enfin une réalité. Le Sénégal ne peut se développer tant que ses enfants vivent dehors”, a-t-elle martelé.
La présidente de la CNDH a rappelé que “plus de 50 % de la population sénégalaise a moins de 20 ans, et 42,1 % moins de 15 ans”, estimant que cette majorité juvénile doit bénéficier d’une protection effective de ses droits fondamentaux.
”Quand ces enfants sont dans la rue, leurs droits ne sont pas protégés. Ils vivent dans une insécurité inadmissible, victimes de violences physiques, morales, sexuelles et parfois de traite”, a-t-elle déploré.
Les enfants ”n’ont pas choisi de naître”’ et doivent être protégés par les familles, l’école et l’État, a fait valoir Amsatou Sow Sidibé.
Elle a également rappelé que la présence d’enfants dans la rue est incompatible avec les engagements internationaux et régionaux du Sénégal en matière de droits humains, ainsi qu’avec son arsenal juridique interne.

Selon Oumar Ndiaye, conseiller technique à la Direction de la promotion des droits de l’enfant du ministère de la Famille, cette démarche cadre avec la directive présidentielle issue du Conseil des ministres du 25 avril dernier, invitant à l’organisation d’Assises nationales pour repenser les politiques publiques.
“Malgré les programmes mis en place, la prolifération des enfants en situation de rue demeure. Il faut s’asseoir, évaluer et dégager des stratégies pérennes et concertées”, a-t-il souligné.
Le phénomène ne concerne pas uniquement les enfants “talibés”, mais aussi des mineurs en rupture familiale, victimes de violences ou vivant avec leurs familles dans la rue.
“La présence d’enfants originaires de pays voisins ajoute une dimension régionale à la problématique”, a-t-il relevé.
Le représentant régional du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), Robert Kotchani, a insisté sur la nécessité d’une approche sous-régionale pour lutter contre le phénomène.
“Beaucoup d’enfants viennent de Gambie, de Guinée-Bissau, du Mali ou du Niger. Si la réponse n’est pas coordonnée, le phénomène risque de resurgir”, a-t-il averti, se réjouissant de ”l’engagement au plus haut niveau de l’État sénégalais” pour la prise en charge de cette problématique.

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