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Dakar, 26 fèv (APS) – Des enseignants et formateurs interrogés par l’Agence de presse sénégalaise (APS) se sont accordés sur la nécessité d’une utilisation rationnelle de l’intelligence artificielle par les élèves afin que cette technologie ne dépossède pas l’humain de sa faculté de réflexion, de raisonnement et de questionnement.
”Parler d’avancées technologiques ne suffit pas, il faut se rappeler que les concepteurs de ces applications comme ChatGPT ne s’en sont pas servi pour les créer. Ils y sont allés avec leurs propres connaissances. C’est un savoir de base qui a déjà été installé”, a souligné Daha Ba, professeur de mathématiques au lycée Lamine Guèye, situé en plein centre-ville de Dakar.
De l’avis de cet enseignant du moyen-secondaire, il faut “rationaliser l’utilisation de l’IA”, insistant sur le travail personnel attendu de l’élève, à travers la recherche, la lecture et le questionnement.
”On est des humains qui doivent réfléchir, raisonner, se questionner. Et cette facilité que nous procure l’IA mène à de l’indolence intellectuelle”, tranche-t-il.
L’enseignant estimant qu’une mauvaise utilisation de l’intelligence artificielle ne sert qu’a “dépourvoir les jeunes apprenants de leurs ressources intellectuelles”.
”Les géants de la technologie que nous voyons dans ce monde ont beaucoup étudié en leur temps. Et si nous laissons nos enfants à leur merci, il y aura une véritable baisse de leur productivité intellectuelle”, a encore fait valoir Daha Ba.
Il va falloir, selon lui, créer de futurs scientifiques capables de créer eux-mêmes ce type d’applications, “en lieu et place d’être réduits à d’éternels consommateurs”.
Un de ses collègues en Sciences de la Vie et de la Terre qui a assisté à l’entretien n’a pas manqué d’émettre ses craintes, “si tout espoir des apprenants repose sur l’intelligence artificielle”.
Dans cet état de fait, estime-t-il, “c’est la réussite qui est suspendue au pouvoir de l’intelligence artificielle. Ce qui est une fatalité non seulement pour eux mais pour ce pays”.
Dans un autre établissement scolaire, c’est la même peur et les mêmes appréhensions qui animent les enseignants devant l’irruption de l’intelligence artificielle chez les apprenants.
Enseignante en techniques administratives au Centre de formation professionnel et technique du lycée Maurice Delafosse, Mme Goudiaby s’inquiète de ”l’avenir de l’enseignement face à l’Intelligence artificielle”.
”Il y a matière à s’inquiéter lorsqu’on voit les élèves, nos enfants utiliser à outrance des outils de l’IA très nocifs à leur propre intelligence”, a-t-elle relevé.
Qualifiant l’IA comme un “vecteur de paresse” chez les apprenants, elle ne manque pas d’inviter les élèves à retourner vers les méthodes classiques de recherche, à savoir la lecture.
”Jadis, pour faire des recherches, les seuls moyens étaient les bibliothèques, les ouvrages, entre autres. Il y a eu progrès, c’est indéniable, mais les élèves ne fournissent plus d’efforts dans l’apprentissage et la recherche”, a-t-elle encore relevé.
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