+++Par Baboucar Thiam+++

Gouloumbou, 21 nov (APS) – La zone de Gouloumbou, principal bassin de production de banane au Sénégal, est confrontée à un enclavement causé par la dégradation de la piste latéritique qui la dessert, entrainant un énorme manque à gagner pour les producteurs de cette partie de la commune de Missirah (est).

La zone bananière de Gouloumbou polarise plus d’une trentaine de villages, tous situés dans cette commune de la région de Tambacounda.

Il faut presque une heure de route pour parcourir la distance qui la sépare de Gouloumbou. La piste qui y conduit est poussiéreuse, jonchée de nids de poules et coupée par endroits.

Cette piste relie aussi, entre autres localités, Nguène, Sinthian, Sal, etc. Leurs habitants s’adonnent à la production de bananes, mais aussi de fruits tels que les mangues, les citrons et les légumes.

‘’La piste de production est en si mauvais état qu’il arrive que des véhicules s’y renversent’’, déplore François Balick  Dione, un habitant du village de Nguène.

Des quantités importantes de fruits et de légumes sont produites dans des localités environnantes, comme Saré Sidy, Saré Boubou, Sinthian, Kouar, Djalyko, Adjaf Sankagne.

En dépit de cela, les producteurs sont confrontés à de nombreuses difficultés, comme l’enclavement, le manque d’électricité qui, selon lui, leur ‘’portent vraiment préjudice’’.

Le chemin du correspondant de l’APS croise celui d’un groupe de jeunes, de femmes et d’hommes, tous couverts d’une poussière rougeâtre se dégageant de  la piste latéritique qui relie plusieurs villages de la zone bananière de Gouloumbou.

Tous, à l’unanimité, décrient l’état de cette piste  qui, pendant la saison des pluies, rend difficile l’accès de la zone aux camions et autres véhicules faisant la navette entre Tambacounda, la capitale régionale, et la zone des bananeraies.

Parmi eux, Etienne Thiaw qui habite le village de Sall. L’air taquin, il demande à ses camarades : ‘’A quelle heure vous vous levez pour aller à Tambacounda ?’’. Et tous de répondre en choeur : ‘’A 5 heures’’. Une réponse qui conforte notre interlocuteur sur l’enclavement de cette zone bananière située dans la commune de Massira. Actuellement, soutient le jeune producteur, il est presque impossible de faire sortir la banane ou toute autre production de la localité.

Selon lui, ‘’rares sont les camionneurs qui acceptent de venir ici pour acheminer les productions vers les lieux de stockage ou d’écoulement’’. Ils craignent tous d’emprunter cette piste en très mauvais état, jonchée de nids de poules et coupée par endroits, explique Thiaw, le visage dégoulinant de sueur, signe de la forte la chaleur qui règne dans la zone en cette fin de saison des pluies.

Un manque à gagner énorme pour les producteurs de bananes

L’enclavement de Gouloumbou est en train de causer un manque à gagner aux producteurs de bananes. A cause de cet enclavement, d’importantes récoltes risquent de pourrir, faute de moyens de transport pour les acheminer vers Tambacounda et d’autres villes du Sénégal, alerte Etienne Thiaw.

Les jeunes producteurs, tous des diplômés sans emploi, ont préféré revenir à la terre pour s’adonner à l’agriculture, plutôt que de braver la mer pour partir en Espagne, confie-t-il.

‘’Si tu entres dans les bananeraies, tu seras abattu en voyant la quantité de produits qui pourrissent ou qui risquent de pourrir, alors qu’on a besoin d’argent pour payer la scolarité de nos enfants’’, se désole le jeune producteur.

A l’évocation des difficultés d’évacuation des productions vers les marchés, Marceline Sokhna Thiaw, une productrice de bananes, avoue sa crainte avec l’arrivée de la période des récoltes pour certaines plantations.

Selon Alphonse Tine, coordonnateur des activités de la zone bananière, la piste de production va de Gouloumbou à Kouar, en passant par Sall, Nguène, etc., entre autres localités traversées par le fleuve Gambie.

Il rappelle que les populations de la zone attendent ‘’depuis longtemps’’ son bitumage. ‘’Plus de 900 tonnes de banane sont produites par mois dans la zone. Mais, avec l’état de cette piste, on ne parvient pas à écouler la marchandise’’, déplore-t-il lui.

Récemment, rappelle-t-il, le véhicule de transport en commun qui fait des navettes entre Nguène et Tambacounda s’est renversé en cours de route. Il arrive également que les rares camions qui viennent évacuer les productions se renversent sur cette route. Les producteurs perdent alors des millions d’argent, et tout cela, à cause de l’état de la piste.

Alphonse Tine sollicite l’aide de l’Etat pour le bitumage de cette piste de production sur laquelle est construit un pont. ‘’Les travaux ont pris fin l’année dernière’’, mais ‘’il est déjà hors d’usage, au point qu’aucun véhicule n’ose l’emprunter pour rallier les villages situés en aval’’ du pont, s’offusque-t-il.

Outre l’état de la route, les populations locales sont également confrontées à d’autres difficultés, comme l’absence d’électricité. Il s’y ajoute que le réseau  téléphonique n’est disponible que pendant la journée. ‘’Si une urgence sécuritaire se présente dans la zone pendant la nuit, comment faut-il faire pour contacter les autorités ?’’, s’interroge-t-il.

Marceline Sokhna Thiaw égraine un chapelet de difficultés liées à l’état de la piste latéritique, insistant surtout sur l’évacuation des femmes enceintes vers le poste de santé de Gouloumbou ou l’hôpital régional de Tambacounda.

‘’C’est un véritable problème ici. Parfois, elles accouchent en cours de route. Elles arrivent à destination très exténuées du fait de l’état défectueux de la route’’, fustige-t-elle.

‘’Tous ces problèmes gangrènent notre localité’’, dénonce encore le coordonnateur des activités de la zone bananière.

La zone bananière en chiffres

La zone bananière compte 31 périmètres de production dont certains sont organisés en groupement d’intérêt économique (GIE), tandis que d’autres sont des propriétés individuelles.

Le village de Sall compte quatre périmètres, Nguène six, Kouar cinq, Sankagne et Adjaf, huit chacun.

Ces périmètres sont irrigués grâce à l’eau du fleuve Gambie au bord duquel ils ont été créés en 1983, à la faveur des grandes sécheresses qui avaient affecté à l’époque les régions ouest et centre du Sénégal.

La zone  bananière polarise 35 villages, tous situés dans la commune de Missirah, qui en compte 85 au total.

BT/ASB/ASG/OID

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