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Tivaouane, 4 sept (APS) – Le domicile de Sokhna Rokhaya Sy, sis au quartier Médine, dans la cité religieuse de Tivaouane, est un endroit emblématique, réputé pour être le gîte des pèlerins sans abris, issus de toutes les parties du pays, lors du Gamou de Tivaouane.
Plus qu’un site d’hébergement, le domicile de Sokhna Rokhaya Sy, fille d’El Hadj Malick Sy, l’initiateur du Gamou de Tivaouane, est un lieu de socialisation entre fidèles venus de divers horizons.
Bon nombre de pèlerins qui viennent assister à la célébration du Maouloud communément appelé Gamou, qui commémore la naissance du Prophète Mohamed (PSL) ce jeudi, se dirigent vers cette maison.
Situé près de la grande mosquée de Tivaouane, c’est une grande maison peinte en jaune, où les fidèles se regroupent en fonction de leur région d’origine.
Ici, assis à l’ombre des arbres, à l’entrée de la concession, un petit groupe venu de la région de Dakar, là-bas, d’autres originaires de régions plus éloignées telles que la Casamance, Saint-Louis et Tambacounda.
Plus loin sur une véranda, un autre regroupement de jeunes dames.
Au fond de la demeure, un bâtiment de couleur blanc et gris abrite des pèlerins de Kaolack.
“Ici, c’est le logement de Kaolack. Nous avons quitté le Saloum pour venir assister au Gamou”, confie une mère de famille se tenant près de sa fille qui est en train de faire visiter leur chambre d’hôte.
Une symbiose qui illustre à merveille le thème de la présente édition du Gamou, “Célébrer le mawlid pour une société cohésive”.
Mame Rokhaya Sy, fille d’El Hadj Malick Sy qui faisait partie des premiers habitants du quartier, marqua les esprits par sa générosité, en accueillant à bras ouverts les sans-abris chez elle.
Bien après sa disparition, la tradition d’hospitalité de celle qui fut décrite comme la “mère Thérèsa” de Tivaouane, est perpétuée encore par ses petits-fils.
Elle avait instauré un polissage des relations humaines dans sa demeure
“On demandait aux fidèles de se rendre chez Sokhna Rokhaya Sy pour trouver un toit. Il s’agit d’un site historique populaire très connu des pèlerins. Elle pilait beaucoup de mil pour préparer du couscous, qu’elle servait aux voyageurs”, qui arrivaient à bord de trains.

“Elle était épaulée par des femmes venant de diverses régions”, explique Moustapha Diouf, petit-fils de Sokhna Rokhaya Sy.
A force de recueillir des hôtes venant de diverses contrées, Sokhna Rokhaya Sy a des homonymes partout dans le pays, témoigne-t-il, estimant que c’est la preuve des bons rapports qu’elle entretenait avec ses hôtes.
“Elle faisait beaucoup dans le social, et lorsqu’elle est décédée, nous ne pouvons que continuer le legs. Nous continuons à accueillir des pèlerins quelle que soit leur région d’origine”, dit M. Diouf.
“J’ai rencontré ce matin une dame qui m’a dit qu’elle nous vient de Tambacounda. Hier, nous avons reçu des délégations venues de la Casamance”, raconte-t-il.
Venu de la capitale du pays, El Hadj Malick Diouf, retient de Sokhna Rokhaya Sy, l’image d’une mère de famille doublée d’une éducatrice.
Des pèlerins adoptés par la famille d’accueil
“Dans un premier temps, nous étions des invités comme tout le monde. A un certain moment, sa famille, ses petits-enfants qui sont là, nous ont intégrés dans l’organisation de la maison”, note-t-il, avant de rendre grâce à Dieu de ce que “le legs de Sokhna Rokhaya Sy est bien préservé par sa famille”.
M. Diouf se souvient d’une adoption “très facile” par une famille qui ne considère pas ses invités comme des étrangers, mais comme des membres à part entière.

Aminata Collé Faye qui fréquente le site depuis ses huit ans, informe que ce lieu, au-delà d’être un site d’hébergement, est un lieu de socialisation.
“Nous étions formées aux tâches ménagères, en tant que petites filles à l’époque. Il s’agit d’une demeure qui accueille toutes les générations : enfants, jeunes et personnes âgées, dit-il, on y apprend à être solidaire, parce qu’on se côtoie sans même se connaître”.
“Dans cette maison, on était sûr d’avoir le gîte et le couvert, le temps du Maouloud”, se remémore Mme Faye.
“Depuis plus de 30 ans que nous venons là, toutes les chambres sont vidées par ses petits-enfants qui passent la nuit à la belle étoile, au profit des hôtes”, témoigne ce membre adoptif de la famille de Sokhna Rokhaya Sy.
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