SENEGAL-CULTURE
Matam, 24 mars (APS) – “Et si c’était toi”, le deuxième livre d’Abdou Rahmane Diène, professeur de français au lycée de Ogo (Matam), aborde les réalités sociales sénégalaises et africaines, sous le prisme de l’argent, sa place dans la société, la cupidité qu’il provoque, ainsi que la question du déficit d’enseignants dans la région de Matam.
“Ce livre traite de l’histoire d’un jeune homme issu d’une famille pauvre, neutre, qui n’était ni respectée, ni valorisée dans un village du Fouta. Cet homme, pour sortir de la pauvreté, a décidé de bafouer les règles de sa religion en pactisant avec le diable, c’est à-dire violer une fille pour devenir très riche”, explique l’auteur dans un entretien avec l’APS.
Ce jeune homme du nom de Baidy multiplie ainsi les bonnes actions de bienfaisance en construisant des mosquées, en aidant les pauvres. Bref, en devenant mécène.
Pour Abdou Rahmane Diène, la question qui se pose dans ce livre est celle-ci : peut-on tirer un bien d’un mal ? Une problématique que résume le titre du livre (Et si c’était toi) de 194 pages, publié ce mois de mars aux éditions Elma.
“C’est pourquoi j’ai essayé de creuser un peu pour que chaque lecteur puisse se faire une religion et son propre jugement par rapport aux faits racontés dans ce livre”, explique M. Diène, par ailleurs correspondant d’un organe de presse dans la région de Matam.
Selon l’auteur, Baidy, un homme très pieux, qui ne rate jamais les cinq prières, a fini par sacrifier sa fille au moment où il sentait qu’il allait mourir.
Diène évoque la question de l’éducation, en partant du fait que la région de Matam constitue une zone de départ d’enseignants, qui quittent la région chaque année pour se retrouver dans d’autres villes, entraînant un déficit criard en la matière.
Dans son livre, l’écrivain propose quelques pistes de solutions à travers le personnage du richissime Baidy qui, en visionnaire, tente de changer la donne au moyen de sa fortune.
“Il a décidé de doubler les salaires des enseignants, qui ont accepté de rester dans son village, il a fait appel à des enseignants retraités pour qu’ils reprennent la craie. Des inspecteurs qui n’étaient plus dans les classes, convaincus par Baidy, ont accepté de revenir enseigner.”
Grâce à cette démarche, Baidy parvient à faire rester tout ce beau monde dans son village, moyennant des primes. Une manière pour l’auteur de dire que l’Etat est ‘’en train de perdre’’ en laissant de côté les enseignants à la retraite.
Pour lui, un enseignant “doit toujours servir à quelque chose”, surtout quand il se sent apte à transmettre sa connaissance.
Baidy, Hahéwi, Kadia ou encore Foutamata sont les prénoms du terroir pulaar sur lesquels l’auteur a misé pour rendre hommage à la région de Matam, une zone qui lui a beaucoup donné.
Abdou Rahmane Diène a publié ‘’Les abus du destin’’ en 2017, aux éditions l’Harmattan.
AT/ASG/ADC