Par Ndeye Suzanne Sy 

Dakar, 10 fév (APS) – Atteinte de la polyarthrite rhumatoïde, une maladie chronique inflammatoire touchant plusieurs articulations, Elisabeth Diallo Seck, la quarantaine révolue, vit avec cette pathologie depuis 23 ans.

« Ma foi s’est renforcée au cours de 23 ans de vie avec cette pathologie », déclare-t-elle, sur un ton triste, dans un entretien avec l’APS.

« C’est une condamnation à vie, avec une transformation des articulations qui se détruisent au fil des ans », explique cette polyptote, qui cohabite depuis plus de deux décennies avec la polyarthrite rhumatoïde. « Depuis que je suis atteinte de cette maladie, je la vis avec ma foi qui s’agrandit de jour en jour. Je me suis davantage rapprochée de Dieu », confie-t-elle.

Cette habitante de Keur Mbaye Fall, née le 6 octobre 1980 à Dakar, n’avait jamais entendu parler de la maladie avant d’en être victime.

Au début, sa mère l’aidait beaucoup, mais, avec le poids de l’âge, elle n’y parvenait plus.

‘’Il s’agit d’une maladie méconnue. Je n’en avais jamais entendu parler avant. Le jour où on m’a intégrée dans le groupe des polyptotes, j’ai pleuré. J’ai réalisé que j’étais la seule à souffrir de cette pathologie incurable’’, rappelle Mme Seck.

Elle a été contrainte de cesser ses activités professionnelles pour se soigner.

Au fil du temps, dit-elle, ‘’j’ai appris qu’on ne guérit pas de la polyarthrite rhumatoïde. A ma première consultation chez le rhumatologue, je n’avais pas vraiment pris au sérieux le traitement comme il s’agit d’une maladie qui ne se soigne pas’’.

De ce fait, ‘’je m’efforçais toujours de prendre juste les calmants pour supporter les douleurs atroces. Mais j’ai eu la peur de ma vie, lorsque j’ai perdu la vue entre temps’’, raconte Elisabeth Diallo Seck.

A 22 ans, le début d’un long calvaire

Classée dans la famille des maladies auto-immunes, où l’immunité elle-même agresse le corps de la personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde, Elisabeth Diallo a su apprendre à vivre avec au fil des ans, grâce à sa foi grandissante.

‘’La maladie continuait son cours. Je prenais des calmants pour m’efforcer d’aller travailler. C’est Dieu qui m’a aidée à faire face à la maladie et à l’accepter’’, confie Mme Seck, quelque peu résignée.

‘’A l’époque, j’avais 22 ans. En 2001, j’ai commencé à travailler et, l’année suivante, je suis tombée malade’’, se rappelle-t-elle.

‘’Il y a cinq ans à peine, en 2020, j’ai su qu’il s’agissait d’une maladie auto immune. Mon médecin traitant ne m’en avait pas parlé. Il m’avait juste prescrit des médicaments à prendre’’, dit Elisabeth Diallo.

Douleurs ‘’intenses’’

D’après elle, il s’agit d’une maladie extrêmement difficile à gérer, marquée par des douleurs intenses.

‘’En l’espace de 4 mois, tout mon corps a sombré dans la douleur. Lorsque je devais aller au travail, ma mère me donnait de l’aspirine à prendre pour calmer la douleur.’’.

‘’Au début, c’était très difficile. Je m’enfermais dans ma chambre pour pleurer parce que mes parents me reprochaient d’être devenue paresseuse’’, se remémore Mme Seck.

‘’Ma famille entière ne pouvait pas me comprendre. Parce qu’avant la survenue de la maladie, je marchais de la cité Port à l’avenue Jean Jaurès où se situait mon école.’’

Selon Mme Seck, plus la maladie évoluait, plus elle commençait à en sentir le poids.

Une maladie qui déforme le corps

Ce qui a fait qu’elle finit par abandonner son travail car sa santé déclinante ne lui permettait plus d’exercer sa profession correctement.

‘’Je ne sais pas faire le linge, même balayer ma chambre devenait un fardeau irréalisable. Ne serait-ce que laver mes sous-vêtements est devenu une tâche difficile’’, explique Elisabeth Diallo Seck.

‘’Au début, je pensais que c’était lié au fait que je tapais au clavier de l’ordinateur. Mais au fil du temps, des enflures sont survenues et mes doigts se sont déformés, tout comme mon genou droit. Ce qui fait que je boite’’, dit-elle l’air abattu.

Son employeur ainsi que sa famille minimisaient ce qui lui arrivait. ‘’Lorsqu’ils ont vu l’évolution de la maladie, ils ont su que c’était très sérieux avec mes membres déformés’’, explique-t-elle.

Après 5 ans en service dans une entreprise comme secrétaire, Mme Seck a été contrainte d’arrêter le travail à cause des douleurs atroces qu’elle peinait à supporter.

Toutefois, elle n’a pas baissé pas les bras. Elle a essayé une solution thérapeutique, loin de sa famille qu’elle finit par abandonner.

‘’Je me suis rendue en Gambie pour prendre un traitement par les plantes. J’avais senti une légère amélioration de mon état de santé. Par la suite, je suis revenue au Sénégal’’, témoigne Elisabeth Diallo.

Elle décide de poursuivre le métier qu’elle avait choisi et pour lequel elle avait des compétences.

‘’L’entreprise au sein de laquelle je travaillais m’a licenciée. Les indemnités que j’ai pu obtenir m’ont permis de faire du commerce. Après, j’ai trouvé un autre travail en 2017 comme secrétaire toujours dans un daara [école coranique], mais la maladie devenait plus compliquée’’, raconte-t-elle.

En dépit de la douleur persistante causée par la polyarthrite rhumatoïde, Elisabeth n’a pas perdu l’envie de travailler.

‘’J’avais repris le travail. Je voulais exercer mon art mais, les matins, avant d’aller au travail, j’avais une vision floue. Je ne voyais rien, et ça persistait‘’, déclare-t-elle.

C’est ainsi qu’elle décide de faire une consultation ophtalmologique. ‘’L’ophtalmologue me demandait souvent si je n’avais pas une maladie particulière qui affectait mes os. Je servais souvent comme réponse : J’ai une arthrose’’, confie-t-elle.

Des troubles visuels à la cécité

Outre les articulations, la polyarthrite rhumatoïde affecte également d’autres parties du corps, en l’absence d’un traitement médical approprié. Elisabeth en a fait les frais.

Si elle a vu sa foi grandir, ses facultés visuelles quant à elles ont fini par diminuer.

‘’En consultation chez un ophtalmologue, on m’oriente vers un rhumatologue mais faute de moyens, je ne pouvais pas y aller. Je restais chez moi, ma vision devenant de plus en plus floue. A mon deuxième rendez-vous, l’ophtalmologue m’a appris que j’avais la polyarthrite rhumatoïde’’, se remémore-t-elle.

La polyarthrite affecte les os et, si elle n’est pas bien traitée, elle touche tous les organes du corps.

‘’Actuellement, elle m’a rendue aveugle. On me conseille d’aller à l’étranger pour bénéficier d’une greffe de cornée. Je ressens plus la maladie en période de froid à cause des crampes.’’

Si Elisabeth ne sent pas le poids de sa maladie, c’est parce qu’elle a un mari sur qui compter.

‘’Je me suis mariée il y a 3 ans (en 2022). Dieu m’a donné un mari formidable. Il est ma source d’apaisement, un homme bien. Je parviens à surmonter le poids de la maladie grâce à lui’’, se réjouit-elle.

‘’C’est à l’âge de 42 ans que je me suis mariée. Je n’ai pas encore d’enfants. Et j’espère en avoir un jour’’, prie Mme Seck.

La polyarthrite rhumatoïde, une maladie au traitement onéreux

Pour sa prise en charge, elle est assistée par son mari et sa belle-famille. Un de ses beaux-frères l’a mise en rapport avec un spécialiste qui était à l’hôpital Aristide Le Dantec. Il reçoit ses malades à son bureau, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

‘’Le coût de mes analyses avoisinaient 300 000 francs CFA, une somme que je ne parvenais pas à avoir, mais grâce à l’appui de mon époux, de ma famille et de mes amis, j’ai pu faire toutes les analyses’’, explique Mme Seck.

Toutefois, elle lance un appel aux autorités publiques, pour la mise en place d’un centre de prise en charge des polyptotes, qui sera financé par l’Etat du Sénégal.

Le traitement de la polyarthrite rhumatoïde est long et difficile, car nécessitant des analyses de temps à autre. Il faut voir le rhumatologue deux fois par trimestre. Il s’agit en effet d’un traitement de fond’’, fait remarquer Elisabeth Diallo Seck.

‘’Je peux attendre six mois avant de voir le rhumatologue grâce au traitement qui atténue la douleur’’, indique-t-elle, un peu soulagée.

NSS/ SKS/SBS/HK/OID/ASG

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