SENEGAL-POLITIQUE-CONCERTATIONS
Louga, 26 mai (APS) – À 48 heures du lancement du Dialogue national convoqué par le président de la République, des voix s’élèvent à Louga (nord) pour saluer cette initiative et formuler des propositions en perspective de ces concertations.
Dans un contexte de transition politique apaisée, plusieurs habitants de la capitale du Ndiambour appellent à une participation “large” et “constructive”, dans l’espoir de bâtir un avenir “plus stable” et “inclusif”, au bénéfice de tous les Sénégalais.
Pour Matar Faye, comptable et gestionnaire de projets, ce dialogue arrive à point nommé. Il trouve qu’il constitue un “levier fondamental” pour la vitalité démocratique du pays.
“Le dialogue permet de confronter les idées, de proposer des arguments, de sortir de sa bulle et de développer un esprit critique face à la complexité des enjeux politiques”, martèle-t-il.
Il insiste aussi sur sa dimension sociale. “Lorsque les débats sont menés avec courtoisie, ils renforcent la cohésion, même entre personnes aux convictions opposées”, ajoute-t-il.
M. Faye estime que ces concertations offrent un “cadre propice” à la confrontation d’idées et à la recherche de compromis, dans un esprit d’écoute et de respect mutuel.
Selon M. Faye, ce dialogue devrait permettre d’aborder des questions structurantes telles que la réforme du système électoral, la révision du parrainage, l’adoption d’un bulletin unique, la refonte des élections législatives, l’inscription automatique sur le fichier électoral.
Il a aussi évoqué le rôle des médias en période électorale, l’organisation de débats publics, la couverture médiatique des scrutins, ainsi que la redistribution des pouvoirs institutionnels.
Concernant le boycott de certaines forces politiques, il se montre critique. “Refuser de participer à ce débat national, c’est se soustraire à une responsabilité républicaine majeure”, regrette-t-il.
Il cite le Général de Gaulle (1890-1970), figure emblématique de la République française, pour appuyer son propos : “Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités”. Et de rappeler : “Si vous n’êtes pas à la table des discussions, vous devrez accepter les décisions qui en sortiront”.
Des voix citoyennes favorables mais vigilantes
Gora Mbodj, technicien audiovisuel, juge cette initiative “positive”, à condition qu’elle soit sincèrement tournée vers la paix et le bien-être des Sénégalais. “Ce dialogue devrait permettre d’aborder les vraies préoccupations, comme la cherté de la vie et l’économie”, suggère-t-il.
Même son de cloche chez Fatema Bèye, mobilisatrice communautaire, qui insiste sur l’importance d’une participation élargie. “Certes, il ne peut pas y avoir une entente totale entre pouvoir et opposition, mais (il peut y avoir) une entente partielle sur des questions essentielles comme l’apaisement du climat social et le développement du pays”, a-t-elle dit.
Elle appelle l’État à garantir une représentation “équitable” de toutes les couches sociales, pour renforcer la légitimité des conclusions.
Une dynamique à pérenniser
D’après Dame Faye, acteur de développement, “le dialogue devrait être permanent dans toute démocratie”. Il insiste sur l’urgence d’apporter plus de transparence au processus électoral, en garantissant la fiabilité du fichier, la crédibilité du parrainage et le respect strict du calendrier électoral.
Pour lui, le thème du dialogue devrait même étendu à l’idée de “réconciliation nationale”, afin d’aborder en profondeur les fractures sociales.
Il dit attendre de ce dialogue la constitutionnalisation des conclusions “crédibles” issues des discussions.
Outre les questions électorales, beaucoup de citoyens, à l’image de Fatema Bèye, espèrent voir abordés d’autres thèmes sensibles comme le financement des partis politiques, la lutte contre les détournements de fonds publics, ou encore la crise du pouvoir d’achat et la cherté des prix de l’électricité.
Malgré des sensibilités diverses, beaucoup de Lougatois s’accordent sur l’importance de ce dialogue pour construire un Sénégal plus apaisé et plus juste.
Si l’unité totale semble illusoire, l’espoir d’un consensus sur les priorités nationales reste bien vivant, car pour les citoyens en phase avec la démarche du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, l’essentiel reste de poser les bases d’un contrat social rénové, dans une dynamique d’écoute, de réconciliation et de projection vers l’avenir.
DS/HK