Thiès, 23 juin (APS) – L’inspecteur de l’éducation Elhadji Babacar Seck, formateur au Centre régional de formation des personnels de l’éducation (CRFPE) a indiqué samedi à Thiès, que l’école sénégalaise traverse une crise de l’étiolement des modèles anciens de réussite, cumulée à une inadaptation des curricula et des offres d’éducation.

“Malgré les énormes efforts, l’école sénégalaise traverse une crise de l’étiolement des modèles anciens de réussite, cumulée à une inadaptation des curricula et des offres d’éducation“, a dit M. Seck.

Ce qui se traduit par des abandons scolaires de jeunes qui embarquent dans des pirogues pour émigrer.

M. Seck prenait part à la cérémonie de lancement du renouveau de l’éducation, organisée dans un hôtel de Thiès, par la Force nationale de renouveau de l’éducation, une organisation syndicale qui se veut une “force de proposition“.

Dans sa présentation, l’inspecteur de l’éducation Elhadji Babacar Seck, formateur au Centre régional de formation des personnels de l’éducation (CRFPE) a, à la lumière du Rapport national sur la situation de l’éducation (RNSE 2019) évoqué les “performances mitigées“ du système éducatif sénégalais.

“Beaucoup d’indicateurs phares, tels que le taux d’achèvement, le taux brut de scolarité (TBS), le taux brut de préscolarisation (TBPS) et le taux d’admission en CI n’ont pas atteint leur valeurs cible“, a-t-il signalé.

Il évoque aussi un “développement soudain du non formel, avec la prolifération des daara internat, qui échappent au contrôle et au suivi qualité nécessaires“.

Le corollaire d’un tel phénomène est le “manque d’horizon des produits de ces daaras qui sortent avec des profils et des âges différents des élèves de l’élémentaire.

“Des jeunes Sénégalais terminent la mémorisation du coran à 10-12 ans et ne trouvent aucune offre capable de les prendre en charge“, dit-t-il soulignant la nécessité de “repenser, l’insertion à travers le prisme des modèles alternatifs“.

L’inspecteur Seck pointe aussi du doigt un “déficit d’efficacité interne“, avec des taux de réussite aux différents examens qui “méritent d’être améliorés“. Par exemple, les taux de réussite au baccalauréat tournent autour de 45%.

Selon lui, le système éducatif sénégalais manque aussi d’efficacité externe. Il s’agit notamment de l’employabilité de ses produits, qui sont obligés de faire une autre formation, pour s’insérer dans le marché du travail.

L’expert recommande l’introduction dans les curricula, des “valeurs de référence qui font le socle du substrat culturel du Sénégalais“.

Cela passe également par l’apprentissage dans les langues, pour amener les enfants à raisonner dans ces vecteurs de connaissances mais aussi de culture.

L’inspecteur préconise que soient répertoriées les pratiques traditionnelles ayant un soubassement scientifique, afin de les intégrer dans les apprentissages.

Ce qui le fonde à dire que “la rédaction des curricula ne peut plus être un exercice de bureau pour des techniciens de l’éducation“.

Il évoque des impairs comme un “programme trop vaste à l’élémentaire“, étalé sur six ans de scolarité, un cycle jugé long.

Ces programmes doivent être continuellement revus, puisque les enfants naissent dans des contextes différents, avec des compétences différentes liées au développement des sciences et des sociétés.

Parmi ses recommandations, la nécessité de “repenser les cycles d’apprentissage à travers le prisme des profils d’entrée“, a poursuivi le formateur, selon qui, “il faut aussi repenser l’enseignement scientifique et corriger l’atrophie des filières scientifiques”.

Les contenus d’apprentissage doivent aussi être revus “dans l’optique d’opérer une cure d’amaigrissement“, a-t-il suggéré.

L’autre recommandation de l’inspecteur est de “prioriser les connaissances instrumentales au détriment des connaissances déclaratives“.

L’inspecteur Aly Dia, coordonnateur du Projet d’éducation inclusive, a insisté sur la nécessité de prendre en compte les enfants handicapés du bas âge jusqu’au niveau supérieur. Pour lui, le fait qu’un enseignant ne puisse pas enseigner à un enfant souffrant d’un handicap quelconque est un échec pour le système éducatif.

Evoquant la question des examens pour les candidats malvoyants, il juge “injuste” le fait que quatre élèves qui ont fait leur cursus à Ziguinchor soient obligés de se rendre à Thiès, à 400 km pour pouvoir passer leur baccalauréat. Ce qui dénote une rupture d’équité par rapport à leurs camarades, selon lui.

ADI/AB

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