Bassirou Diomaye Faye en Casamance, retour sur un périple attendu et plein de symboles
Bassirou Diomaye Faye en Casamance, retour sur un périple attendu et plein de symboles

SENEGAL-DEVELOPPEMENT-POINT

Ziguinchor, 26 déc (APS) – Du Cap Skiring à Ousssouye, le chef de l’Etat vient de boucler une tournée économique de cinq jours en Casamance (sud), un périple qui lui permis d’être au plus près des préoccupations de terroirs en reconstruction après des années d’instabilité liée à un conflit irrédentiste.

A Ziguinchor, Darsalam, Coubalan, Tanaff, Singhère Diola, Adéane, Sindone ou Oussouye, Bassirou Diomaye Faye a pu mesurer les attentes parfois pressantes en termes d’infrastructures et de développement dans une Casamance à la fois verdoyante et meurtrie, dont les souvenirs douloureux liés à ce conflit se mêlent aux espoirs d’une paix durable.

Dans un style sobre et direct, son déplacement a été ponctué d’annonces de projets d’infrastructures, d’appels à la réconciliation et de rencontres empreintes d’émotion.

Il a notamment eu l’opportunité d’évaluer, sur le terrain, la mise en œuvre du Plan Diomaye pour la Casamance, un programme gouvernemental doté d’un budget de 53,6 milliards de francs CFA.

Il a été lancé par le chef de l’Etat pour accompagner le retour des déplacés et relancer les activités économiques dans la région sud du pays, impactée par un conflit lié à une rébellion déclenchée en décembre 1982.

En 2022, l’armée nationale a mené des opérations d’envergure contre les bases rebelles, ce qui a renforcé l’accalmie et favorisé le retour des personnes déplacées dans leur village d’origine.

Bassirou Diomaye Faye en Casamance, retour sur un périple attendu et plein de symboles

Il est exactement 10 heures 43 minutes, lorsque l’avion présidentiel atterrit, samedi 21 décembre, sur le tarmac de l’aéroport de Cap Skirring, sous un ciel légèrement voilé.

Cap Skirring : une arrivée discrète mais remarquée

Le chef de l’État, vêtu d’une chemise africaine sobre, est accueilli par le gouverneur de Ziguinchor, Mor Talla Tine, entouré des autorités administratives et sécuritaires.

Une ambiance calme, presque feutrée. L’accès de l’aéroport était strictement filtré : barrières, agents de sécurité et listes préétablies limitent les mouvements.

Même les journalistes accrédités pour la couverture de cette tournée du président de la République ont dû attendre de longues minutes avant d’accéder à la zone officielle.

“On dirait qu’ils ne veulent pas qu’on voie le président”, glisse un reporter. Quelques badges sont finalement distribués et la tournée peut débuter dans une atmosphère de sécurité renforcée.

Le cortège présidentiel s’ébranle ensuite vers Ziguinchor. Le paysage défile, somptueux : forêts luxuriantes, rizières verdoyantes, palmiers élancés et villages paisibles. Dans les véhicules convoyant les journalistes, les regards s’attardent sur les merveilles de la nature dans une région réputée pour la beauté de ses paysages.

Puis, quelques commentaires, forcément attendus : “La nature est vraiment magnifique ici”. “On oublie parfois que cette région a tant souffert”…

À l’entrée de la capitale régionale, Ziguinchor, pas de foule le long des artères. Un accueil en toute sobriété, dans le style du président Bassirou Diomaye Faye.

Dans l’après-midi, il visite le chantier de l’aéroport de Ziguinchor, une infrastructure stratégique pour le désenclavement et le développement touristique. Les échanges sont techniques, précis. Le chef de l’État écoute, interroge, prend note.

Aux HLM Néma, lieu de résidence de la mère du Premier ministre Ousmane Sonko, à Ziguinchor, le chef de l’Etat a eu droit à un accueil populaire et enthousiaste. “Merci, Président !”, “Hoo lii rafetna ! ” (C’est vraiment bien, en wolof), s’exclame une jeune fille.

Les sourires, les chants et les acclamations traduisent une émotion collective. Bien que privée, cette visite semble être d’une grande portée symbolique pour les résidents et la population. Le déplacement aux HLM Néma est à la hauteur de l’étroitesse des relations entre deux hommes qui ont cheminé ensemble de longues années au cours desquels ils ont ensemble fait face à l’adversité politique et déjoué de nombreux pièges jusqu’au sommet du pouvoir.

Bassirou Diomaye Faye en Casamance, retour sur un périple attendu et plein de symboles

Dimanche, cap sur Darsalam, dans la commune de Nyassia, l’une des localités les plus touchées par le conflit armé. Le président y lance un appel solennel pour le dépôt définitif des armes et la consolidation de la paix.

Darsalam, les blessures à vif

Mais ce sont surtout les témoignages des victimes de mines antipersonnel qui marquent les esprits. Hommes et femmes, ils racontent leur vie post amputation, évoquent leurs souffrances quotidiennes, la précarité et le manque d’accompagnement de la, part des pouvoirs publics.

Aminata Sagna, déplacée de Mahmouda, à Darsalam, plaide pour un soutien plus soutenu de l’État. Les journalistes, silencieux, prennent la mesure des blessures encore ouvertes, malgré les années.

Dans l’après-midi, le chef de l’État se rend à Coubalan (Bignona), où il visite une digue anti-sel ayant permis, selon lui, de restaurer 550 hectares de terres agricoles dégradées, redonnant espoir aux producteurs. L’accueil y est chaleureux, rythmé par les danses et les tam-tams.

Lundi, à Tanaff, dans la région de Sédhiou, le président annonce officiellement le lancement des travaux du second pont de Ziguinchor, l’année prochaine. Une annonce qui était très attendue. “C’est un vieux rêve qui commence à se concrétiser”, confie un habitant.

Dans la même localité, les travaux de la route reliant Sandiniéri à la frontière de la Guinée-Bissau sont également lancés dans une ambiance festive.

À Singhère Diola, Bassirou Diomaye Faye visite deux salles de classe réalisées par le Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeurs (PROVALE-CV), une initiative du ministère de l’Agriculture. Le chef de l’État échange avec les élèves, rassure les parents et évoque le retour progressif des déplacés.

Il les assure de l’accompagnement de l’État pour le retour des familles, dont certaines ont passé plus de trente ans loin de chez eux. Il leur promet également de meilleurs conditions de sécurité et des perspectives économiques stables.

Bassirou Diomaye Faye en Casamance, retour sur un périple attendu et plein de symboles

Mardi, le président Faye s’est rendu sur le site du parc agro-industriel d’Adéane, comptant pour l’agropole Sud, dont le budget va passer de 57 à 109 milliards de francs CFA au profit de l’agriculture et de l’industrialisation locales.

Investir dans l’avenir

À Sindone, un village de la commune d’Adéane, il a posé la première pierre du Lycée nation-armée pour la qualité et l’équité (LYNAQE) de Ziguinchor, un projet salué par les autorités locales comme un levier de promotion de l’excellence et de la discipline.

Mercredi, au dernier jour de sa tournée, le président a lancé les travaux d’entretien de la route nationale n°6 reliant Ziguinchor à Diembéring, ainsi que ceux du tronçon Oussouye–Mlomp–Elinkine, pour un coût global de 10 milliards de FCFA.

Il a dans le même temps réceptionné, dans la commune d’Oussouye, les chantiers du Programme de modernisation des villes (PROMOVILLES), avant d’effectuer des visites de courtoisie auprès des autorités religieuses et coutumières.

Partout où il est passé, le chef de l’Etat a impressionné par sa sobriété et son sens pratique, avec des adresses qui ne dépassent pas cinq minutes.

Il vient, il parle et délivre le message qu’il veut véhiculer, selon un journaliste sous le charme de la méthode de Bassirou Diomaye Faye.

Cette tournée présidentielle en Casamance a ainsi marqué par des symboles forts, des rencontres profondément humaines et de nombreuses annonces de futurs projets structurants sur lesquels les pouvoirs publics sont décidés à bâtir le redécollage économique de la région de Casamance.

Les attentes demeurent immenses, à la hauteur de la résilience de cette partie méridionale du pays, restée debout même au plus fort de la crise.

Entre mémoire du conflit, promesses de développement et quête de paix durable, les populations de la Casamance attendent désormais de voir les engagements annoncés se traduire en actions concrètes et durables.

MNF/AN/BK/ABB