Mont-Rolland, 16 août (APS) –  Quand elle débarquait à Mont-Rolland en 2002, le volontarisme en bandoulière, Anne-Marie Diouf ne s’imaginait nullement que son nom deviendrait un jour indissociable de celui de cette commune de la région de Thiès. Unique femme secrétaire municipale du département de Tivaouane, elle voit cette posture moins comme une limite, qu’un atout.  Toutes les réalisations de la commune depuis son arrivée, portent son empreinte, elle qui ignorait presque tout de la zone avant 2002.

Anne-Marie Diouf fait partie de la première génération de volontaires du service civique national. Après deux ans de volontariat, elle dépose ses baluchons à l’ex-communauté rurale de Mont-Rolland, devenue commune en 2014. Depuis le 2 septembre 2002, elle exerce à Mont-Rolland comme secrétaire communautaire d’abord et après la mutation, comme secrétaire municipale.

”C’est un de mes supérieurs à l’époque qui m’a convaincue de venir servir à Mont-Rolland. Anne-Marie Diouf, m’a-t-il dit, tu ne seras pas dépaysée dans cette communauté rurale. Je sais que tu ne connais pas la zone, mais il y a une église”, se souvient, 20 ans après, cette fervente chrétienne.

”Ce supérieur hiérarchique m’a donc convaincue par le biais de la religion. L’esclave ‘pulaar’ ayant convaincu sa maîtresse sérère, le chemin ne pouvait être que porteur d’espoir”, a encore fait valoir Mme Diouf, avec un brin d’humour.

Elle n’a pas été déçue, puisque depuis lors, elle est restée dans cette bourgade sans infrastructure, pour tenter d’inverser la tendance. Il s’agit, en d’autres termes, d’amorcer avec les populations et le peu de personnes qualifiées, l’essor de la commune qui manque d’électricité et d’eau courante.

Anne-Marie multiplie les initiatives et idées novatrices, qui ne tarderont pas à porter leurs fruits.  ”A l’époque, au niveau des communautés rurales, il n ‘y avait pas de personnel. Dès mon arrivée, je devais m’y atteler”, raconte-t-elle.

Mme Diouf est un touche-à-tout : le budget, l’état civil, les commissions, les marchés publics. ”Pratiquement tout ce qui préoccupe l’Etat du Sénégal et les populations locales” l’intéresse.

Grâce à ce travail et aux formations qui allaient avec, elle a acquis beaucoup de connaissances dans tous ces domaines. Elle a été témoin de la quasi-totalité des réalisations dont a bénéficié la commune.

A ses débuts, elle trouve le maire Birane Cissé avec qui elle a travaillé de 2002 à 2009, avec à la clef, des résultats dans le cadre du Programme national d’infrastructures rurales (PNIR), qui était exécuté sur place. Il a réalisé des projets dans la santé, les infrastructures à caractère commercial, l’industrie et a facilité l’accès des populations aux moulins à mil. S’y ajoutent les postes de santé et l’adduction d’eau, selon Anne-Marie Diouf.

A l’issue des élections locales de 2009, Birane Cissé cède le fauteuil de maire à Yves Lamine Ciss. La nouvelle équipe municipale décide de maintenir Anne-Marie Diouf à son poste pour profiter de son expérience et de sa grande connaissance de l’institution municipale.

Parlant de l’actuel maire, elle ne cache pas son estime pour lui. ”Je sais où il a emmené progressivement la commune aujourd’hui. Son souhait de tous les instants, c’est de voir Mont-Rolland être la commune la plus connue, non seulement au niveau de la région, mais au niveau du Sénégal”, note-t-elle.

Un vœu que son prédécesseur a voulu réaliser en s’appuyant sur le PNIR, et dont Yves Lamine Ciss perpétue le legs, à travers le Programme national de développement local (PNDL). Depuis qu’il a été élu maire, il a misé sur l’investissement dans plusieurs secteurs, avec un impact réel sur la population, surtout les élèves et les étudiants.

L’édile de Mont-Rolland a fait de l’éducation son cheval de bataille, construisant des salles de classe, soutenant la formation des étudiants et le centre de formation professionnelle.  Selon Anne Marie Diouf, Yves Lamine Ciss veut avoir les meilleurs ingénieurs, les meilleurs informaticiens et les meilleurs cadres dans sa commune. Mais il n’oublie pas la santé. Cinq cases et deux postes de santé ont vu le jour sous magistère.

                  Une mémoire pour la commune  

”Quand je suis arrivée ici en 2002, la communauté rurale n’avait pas d’archivage. Aujourd’hui, tous les PV de 2002 à maintenant sont disponibles, de même que les délibérations. Les documents sont archivés”, se félicite la secrétaire municipale.

Elle dit constater beaucoup de progrès au niveau de la commune de Mont-Rolland, de 2009 à nos jours, notamment dans le foncier, la santé, l’éducation, les pistes rurales.

”Tout a changé et tout a augmenté au niveau de la population”, relève Anne-Marie Diouf, qui ne manque pas d’évoquer l’environnement favorable et la présence de plusieurs projets bénéfiques pour Mont-Rolland.

Anne-Marie Diouf se plaît à rappeler l’accord historique entre la mairie et les populations locales, notamment les paysans et la société Quality Fruit Senegal (QFS) qui exploite une assiette foncière de 400 ha sur la base d’un partenariat suivant lequel ”ces terres ne sont ni achetées ni vendues”.

Le conseil municipal, avec l’accord des propriétaires terriens, a approuvé une convention de 35 ans avec QFS, lui autorisant à exploiter les terres des paysans pendant cette période. Le projet aide chaque paysan à identifier son champ et à le cartographier. Ensuite, ”le projet lui donne 500.000 francs CFA comme cadeau de bienvenue, ainsi qu’un emploi salarié au minimum pendant 12 mois”.

Sur chaque tonne de légumes qu’exporte l’usine, il y a 6.500 francs CFA qui reviennent à la commune, et sur chaque tonne vendue sur le marché local, elle encaisse 3.500 francs CFA, renseigne Anne Marie Diouf.

”Nous avons progressivement mis notre option sur le Sénégal. Nous exportons 48 pourcent de notre production, et 52 pourcent de cette exportation va vers le marché local et sous-régional”, relève Souleymane Bassoum, directeur de l’usine QFS. Il ajoute : ”En pleine saison, nous avons 2.000 emplois et en moyenne saison, nous en avons 400. Nous payons 1 milliard en salaires par an et avons versé 72 millions à la mairie depuis le démarrage du projet”.

”La première année, note-t-il, ce montant était de 13 millions, la deuxième année, 27 millions et cette année, 30 millions”. Il s’y ajoute que ”95% des employés sont de la commune de Mont-Rolland, 85% sont des femmes et 65% sont des jeunes”.

Ce projet innovant contribue à hisser Mont-Rolland au rang des collectivités locales toujours citées en exemple dans la région de Thiès, au grand bonheur d’Anne-Marie Diouf, dont le nom est définitivement lié à celui de cette commune.

MKB/ADI/ASB/OID/ASG

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