Kaffrine, 9 fév (APS) – La campagne de commercialisation de l’arachide suit son cours à Kaffrine, avec un volume de coques collectées évalué à 3150 tonnes de graines à travers les treize points de collecte ou de vente officiels de la région, à la date du 8 février dernier, a-t-on appris du directeur régional du développement rural (DRDR), Mamadou Badiane. Il se dit optimiste quant à une possible augmentation, à terme, de ce niveau de collecte.‘’A la date d’aujourd’hui [8 février], le volume de coques collecté au niveau des points de collecte est évalué à 3150 tonnes de graines huileries. Et pour les semences, toutes variétés et tout niveau de production confondus, on est à 26 888 tonnes’’, a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.A la mi-janvier, après plus d’un mois de collecte concernant l’huilerie, plus de 1830 tonnes de coques d’arachide avaient été collectés par les opérateurs, dont la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos), selon le DRDR de Kaffrine.L’année dernière, en fin mars 2023, ‘’on était à 1165 tonnes de graines huileries et 14 319 tonnes de semences’’, a indiqué le directeur régional du développement rural de Kaffrine, à titre de comparaison.‘’On est vraiment optimiste par rapport à une augmentation éventuelle aussi bien du volume de coques […] que des quantités de semences d’arachide’’ qui seront collectés, a commenté Mamadou Badiane.Il note toutefois que les volumes ainsi collectés sont moindres en considération de la dimension agricole de la région de Kaffrine.‘’Ce volume de collecte est très petit pour le moment’’, a-t-il souligné. Il faut quand même compter, selon lui, avec ‘’les quantités autoconsommées, les réserves personnelles de semences qui sont opérées par les producteurs et leurs organisations, les produits transformés et vendus […]’’, etc.Au total, la campagne de commercialisation attend encore d’attendre son rythme de croisière dans la région.Cela se sent à certains endroits de la ville par exemple, comme au marché central de Kaffrine, où les choses ne bougent que timidement dans les magasins et auprès des opérateurs.Il est 10 heures. Une nouvelle journée vient de démarrer dans les allées du marché central de la capitale du Ndoucoumane.Dans un coin, des ouvriers sont en train de charger des sacs d’arachide sur un camion benne de seize mètres. Une scène ordinaire qui ne dit pas grand-chose de l’état du marché. ‘’Cette année, rien ne marche sur le marché’’, tranche Omar Wilane. ’’Difficile de voir une file de camions, car tout est presque à l’arrêt, il n’y a pas d’arachide’’, se désole-t-il.Le décor reste le même un peu plus loin, au niveau des points de collecte non officiels.Assis sur une chaise pliante, sous un hangar, à côté de quelques sacs d’arachide, de mil et de maïs bien rangés devant un magasin, Ibrahima Sy, opérateur économique, se dit pessimiste concernant la campagne de commercialisation de l’arachide.‘’L’année dernière, à la même période, c’était un grand rush des camions et de charrettes ici, mais depuis le démarrage de la campagne, c’est très timide, aucune grande activité sur le marché. On reste toute une journée sans charger un camion. C’est vraiment difficile, mais nous essayons de gérer’’, témoigne-t-il.El Hadji Diaw, lui, se dit au bord du découragement. ‘’Non seulement nous ne voyons la couleur de l’arachide, mais nous sommes fatigués avec nos nombreuses dépenses’’, dit-il, citant les factures à payer, les remboursements de dette à la banque et les rémunérations des ouvriers engagés durant l’hivernage.Des propos corroborés par Badou Bèye, un ouvrier âgé d’une cinquantaine d’années, dont le travail consiste à charger et décharger les camions convoyant de l’arachide, jure que c’est l’une des campagnes les plus timides de son expérience.Il affirme ne pas gagner 15 000 francs CFA dans la journée cette année, alors qu’il lui arrivait pendant certaines campagnes passées de se retrouver avec 30 000 francs CFA par jour. Les rendements ne sont pas bons cette année, soutient le paysan Gorgui Diallo, la soixantaine et originaire du village de Santhie Moussa, dans la commune de Kahi.Ce paysan venu revendre un sac de mil à l’opérateur Ibrahima Sy, pour acheter un sac de riz pour sa famille, assure avoir déjà écoulé toute sa production d’arachide. Un détail supplémentaire de la conjoncture du marché.‘’La campagne de commercialisation ne marche pas bien’’, affirme également Aly Diaw, président de la coopérative de Kahi, selon lequel les points de collecte ‘’ne marchent pas’’ comme ils devraient. Mis à part certains marchands ambulants qui font la navette avec leurs camions, peu d’acteurs s’en sortent, ajoute-t-il.Selon cet opérateur, cette situation peut s’expliquer par les impayés que l’État doit aux opérateurs privés.Même les femmes dont l’activité consiste à revendre des graines d’arachide disent avoir du mal à s’en sortir.Derrière le ‘’marché syndicat’’ de la capitale du Ndoucoumane, juste à côté de la ligne de chemin de fer, des femmes se sont établies cette activité tournant autour du décorticage et de la vente de graines d’arachide.Ces femmes soutiennent que leur activité tourne au ralenti depuis le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide, le 30 novembre dernier.‘’Ce n’est pas encore rentable, contrairement aux années précédentes’’, confie une des femmes trouvées sur place.Elle dit avoir déjà dépensé 50.000 francs CFA, sans être sûre de s’en sortir après avoir acheté un sac d’arachide à 30.000 dont elle va revendre les graines sur le marché et engagé d’autres frais.CTS/BK/AKS
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