A Dakar, les usagers espèrent l’arrêt définitif de la grève des greffiers
A Dakar, les usagers espèrent l’arrêt définitif de la grève des greffiers

SENEGAL-JUSTICE-REPORTAGE

Par Cheikh Moussa SARR

Dakar, 5 août (APS) – Des Dakarois interrogés par l’APS se félicitent de la suspension pour 48 heures, lundi et mardi, de la grève des greffiers affiliés au Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) et à l’Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ), tout en nourrissant l’espoir qu’un accord sera trouvé au sortir des discussions prévues avec la tutelle, mercredi. 

En grève depuis près de deux mois, les greffiers affiliés au Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) et à l’Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ) ont suspendu leur mouvement d’humeur pour 48 heures, afin d’entamer des discussions avec la tutelle.

Ce mardi matin, au deuxième jour de la suspension de leur mouvement, des usagers du service public de la justice se sont rués au palais de justice de Dakar.

Sur place, de longues files d’attente se sont formés devant les bureaux, les uns sollicitant un casier judiciaire, les autres un certificat de nationalité.

Mor Thiam est venu déposer un papier de régularisation d’état civil, espérant faire partie du nombre limité de demandeurs qui auront la chance d’obtenir le document. 

“J’ai quitté Yeumbeul [banlieue de Dakar] très tôt ce matin pour déposer des papiers de rectification d’état civil. Cela fait déjà un mois que j’attendais ce moment, alors que l’erreur sur mon extrait d’état civil n’est pas de mon fait”,  déclare-t-il, quelque peu soulagé. 

Chanceux, comme il le dit, Mor se réjouit de voir son dossier être diligenté, contrairement aux nombreuses personnes en attente depuis la veille. 

“Aujourd’hui encore, il y a plus de 150 personnes qui sont là. Ils n’ont pris que les 100, tandis que le reste va devoir rentrer bredouille. Malheureusement, la grève va reprendre demain, et ces personnes vont encore attendre des jours pour entrer en possession de leurs documents. C’est vraiment déplorable”, fustige-t-il. 

Ces 48 heures nourrissent malgré tout un grand espoir de voir le travail reprendre, l’Entente SYTJUST-UNTJ ayant indiqué espérer un accord avec l’Etat à l’issue des discussions qui devraient se tenir mercredi. 

   Ambiance inhabituelle au palais de justice

Assise sur une marche d’escalier, Anta Fall attend avec impatience le retrait de son certificat de nationalité. “C’est un document que j’avais déposé depuis le 2 février. Je devais le récupérer depuis longtemps mais avec la grève [des greffiers], on m’a demandé de passer aujourd’hui. Comme vous pouvez bien le constater, je suis là en train d’attendre”, confie-t-elle l’air fatigué. 

Dans le hall du palais de justice, ce n’est pas l’ambiance bruyante habituelle, car c’est le moment des vacances judiciaires. Les salles d’audiences sont fermées. Certaines sont ouvertes seulement les lundis, mardis et vendredis. 

Fatima Diop, une étudiante, tente d’évacuer la lassitude de l’attente les yeux rivés sur son smartphone, une tasse de café à la main.

“Je dois déposer un passeport, mais il me faut d’abord légaliser mon certificat de nationalité. Ce que l’on ne peut faire qu’auprès d’un greffier. C’est pourquoi je suis là, au tribunal. Hier aussi [lundi], j’avais déposé un casier judiciaire et on m’a demandé de revenir ce mardi, dans l’après-midi, pour le récupérer”, dit Fatima, visiblement épuisée. 

Depuis le début de la grève, le 18 juin dernier, les citoyens se retrouvent dans l’impossibilité d’obtenir certains documents administratifs et judiciaires délivrés exclusivement par les greffiers : casier judiciaire, documents de naturalisation, certificat de non-inscription au casier judiciaire, certificat de nationalité, actes notariés, etc. 

Les greffiers affiliés au SYTJUST et à l’UNTJ exigent, entre autres, “l’alignement de l’ensemble des greffiers de la hiérarchie B2 à la hiérarchie A2, ainsi que le reclassement des agents des hiérarchies B et C ayant atteint un certain nombre d’années à la hiérarchie B2, selon des modalités qu’ils ont eux-mêmes définies. Ils demandent aussi le respect des accords signés avec le gouvernement en 2018, concernant notamment l’alignement des greffiers et le reclassement de certains agents.

Le 18 juillet dernier, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a pris une circulaire demandant aux chefs de juridictions et de parquets de réquisitionner les greffiers et le personnel administratif nécessaire en vue d’assurer la continuité du service public de la justice.

Après près de deux mois de grève, les citoyens rencontrés au palais de justice de Dakar souhaitent ardemment que les greffiers et leur tutelle trouvent enfin un accord définitif.

CMS/ABB/BK