Par Abdoulaye Badji

Dakar, 17 fév (APS) – Logé à l’intérieur du Parc forestier et zoologique de Hann, le premier reptilarium d’Afrique de l’Ouest s’évertue depuis une dizaine d’années, en dépit de maigres moyens, à sauver les serpents d’une extermination à Dakar et environs, zone où l’urbanisation accompagnée de grands travaux de terrassement ne cesse de repousser et menacer l’existence de ces animaux.

‘’L’idée de mettre en place ce reptilarium, au Parc forestier et zoologique de Hann, en partenariat avec la Direction des eaux et forêts, est née en 2015 et s’inscrit dans une lutte pour sauver les serpents d’une extermination à Dakar et environs’’, a dit à l’APS, Fallou Guèye, promoteur privé de cet espace. La vocation du reptilarium consiste à protéger ces animaux des menaces anthropiques et à servir d’espace de loisirs aux visiteurs.

‘’Toutes les espèces de serpents qu’on a au reptilarium du parc forestier et zoologique de Hann sont récupérées, lors de nos interventions dans des maisons et autres foyers. Nous sommes partis d’un serpent à plusieurs espèces au niveau du reptilarium’’, a-t-il expliqué.

Il signale qu’il arrive qu’un passionné de reptiles leur offre des serpents.

Fallou Guèye explique que pour faciliter les interventions dans des domiciles ou autres endroits de Dakar, le reptilarium a mis ses contacts à la disposition des eaux et forêts et de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. ‘’C’est à partir de ces numéros d’ailleurs que les gens nous appellent pour leur venir en aide en délogeant les serpents après apparition dans leurs habitats’’, a-t-il dit.

‘’Nous recevons dans ce cadre régulièrement des appels téléphoniques. Et nous intervenons parfois la nuit avec nos équipements appropriés souvent à Mbao, particulièrement dans des maisons situées près de la forêt classée, à Keur Massar et partout ailleurs. A l’issue de ces opérations, nous mettons aussitôt le serpent concerné à l’abri, au reptilarium’’, a-t-il indiqué.

Il signale que les multiples chantiers d’ouvrages routiers et d’urbanisation sont à l’origine d’un taux de mortalité élevé des serpents. ‘’Par conséquent, j’invite les responsables de ces chantiers à prendre toujours des dispositions nécessaires pour déloger ces animaux des sites concernés, avant tout démarrage d’opérations de terrassement’’, a-t-il lancé. ‘’Malheureusement, ils ne respectent jamais ces mesures et écrasent tout sur leur passage avec des pelles mécaniques, tuant ainsi beaucoup de serpents’’, déplore-t-il.

Il estime qu’une vérification des lieux est très importante pour la sauvegarde de ces espèces, rappelant que les reptiles sont les premiers à occuper ces sites.

La majorité des serpents du reptilarium retirés de maisons 

Niché à proximité du jardin ethnobotanique du parc forestier et zoologique de Hann, le reptilarium est aménagé pour accueillir en plus des serpents, d’autres animaux, comme les crocodiles.

Ces crocodiles sont placés dans un point d’eau bien sécurisé du reptilarium, qui accueille aussi des tortues, des varans aquatiques et terrestres dans des cages bien sécurisées.

‘’Aujourd’hui, après une dizaine d’années d’interventions, le reptilarium comptabilise 90 têtes composées de serpents venimeux et non venimeux, mais aussi des crocodiles, des varans terrestres et aquatiques et d’autres animaux sauvages’’, a-t-il indiqué.

Après 26 ans d’émigration en Italie, où il travaillait au zoo de Rome, Fallou Guèye est sans nul doute un grand passionné des serpents et des animaux sauvages. Cet amour des animaux l’a poussé à mettre en place ce reptilarium en dépit de ses faibles moyens.

Il explique que son amour des animaux remonte à sa tendre jeunesse, donc bien avant qu’il n’émigre en Italie. Aujourd’hui, l’homme dit  »ressentir du plaisir et du bonheur en contribuant à la sauvegarde des reptiles, en particulier des serpents et à évoluer dans cet espace de plus en plus visité par les Sénégalais’’.

‘’Nous recevons ici régulièrement plusieurs catégories de visiteurs, parmi lesquels des élèves et des familles. Nous profitons de ces moments pour sensibiliser nos visiteurs sur le rôle et l’importance des serpents dans nos écosystèmes’’, a-t-il indiqué.

‘’En outre, pour permettre au public de connaître davantage les reptiles, nous faisons de la publicité, des cartes postales ainsi que des activités de sensibilisation sur le rôle et l’importance des serpents’’, a-t-il expliqué.

 »Nous mettons l’accent pour faire comprendre aux visiteurs que les serpents ne sont pas nos ennemis. Ce sont des animaux très importants pour l’écosystème et qu’on doit protéger’’, insiste-t-il.

Il assure que ses activités de sensibilisation ont permis aux Sénégalais de connaitre de plus en plus l’importance des serpents.  »Ce qui se traduit de plus en plus par un nombre croissant de visiteurs au reptilarium avec en moyenne 150 à 200 visiteurs par semaine’’, a-t-il indiqué.

‘’Les week-end, a-t-il renseigné, nous avons un afflux important de visiteurs, contrairement aux jours ordinaires où nous enregistrons moins de fréquentation.’’

63 espèces de serpents, dont 18 venimeuses

Fallou Guèye souligne que les serpents jouent un rôle important dans la protection des exploitations agricoles contre les rongeurs et certaines maladies. Le venin du serpent est très utilisé comme un composant dans beaucoup de médicaments, confie-t-il en citant l’exemple de l’anti venin.

Le promoteur du premier reptilarium d’Afrique de l’Ouest indique que le Sénégal compte 63 espèces de serpents, dont seulement 18 catégorisés dangereux et 45 non dangereux.

‘’Donc, beaucoup de serpents qu’on a au Sénégal ne sont pas venimeux. Par conséquent, le fait de tuer ces serpents qui jouent un rôle important dans l’écosystème, relève selon lui, d’un manque de connaissance’’.

Fallou Guèye sollicite un accompagnement des autorités étatiques pour moderniser davantage ce vivarium au profit des enfants et touristes, un échantillon très représentatif des visiteurs.

AB/MK/OID/ASG

Dans la même rubrique
Charger plus dans Dépêches

Voir aussi...

SENEGAL-AFRIQUE-SPORTS / Le président de la Fédération sénégalaise de cyclisme intègre le comité directeur de la Confédération africaine

Dakar, 18 fév (APS) – Le président de la Fédération sénégalaise de cyclisme (FSC), P…