Dakar, 2 fév (APS) – L’artiste plasticien Séa Diallo, figure contemporaine de l’art sénégalais, est décédé dimanche à Dakar, a-t-on appris du commissaire d’exposition Idrissa Diallo.

« C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Séa Diallo, un grand artiste de la scène artistique sénégalaise. Sa disparition est une grosse perte », écrit le commissaire d’exposition dans un message transmis lundi à l’APS.

Selon Idrissa Diallo, le défunt « croyait profondément que l’artiste devait pouvoir vivre de son art, mais que pour cela, il devait s’organiser ».

« Il faisait partie des premiers artistes sénégalais à se formaliser en créant sa propre entreprise culturelle, ouvrant ainsi la voie à d’autres générations. Son travail artistique a toujours été guidé par une soif insatiable de recherche et d’exploration (…) », témoigne l’ancien responsable de la galerie Léopold Sédar Senghor du Village des arts.

Séa Diallo « n’a jamais connu de limites dans sa création, cherchant toujours à apprendre et à transmettre. Sa quête de connaissance l’a conduit à multiplier les formations et à enrichir continuellement sa pratique », a-t-il ajouté.

L’artiste âgé de 67 ans était pensionnaire du Village des arts, dont il était devenu premier secrétaire général avant de présider son comité de gestion, selon Zulu Mbaye, qui lui a succédé à ce poste.

Séa Diallo fut « un homme discret, humble et de contact facile qui s’est investi toute sa vie au travail de l’art », ajoute-t-il.

« C’est quelqu’un qui s’est donné corps et âme à l’art, et comme on dit, il a brûlé au feu de l’art, comme les damnés de la terre. C’est une grosse perte », insiste Zulu Mbaye, signalant qu’une délégation du Village des arts va l’accompagner à sa dernière demeure à Yoff, ce lundi.

Zulu Mbaye a aussi souligné « la fertilité » de l’artiste Séa Diallo, devenu au fil des ans un artiste polyvalent, touchant à la peinture, à la céramique, au sous-verre et à la sculpture.

Dans une exposition rétrospective intitulée « Itinérances » organisée en 2020 à la Galerie nationale d’art de Dakar, l’artiste avait partagé son travail remontant à 1989, montrant son fond d’atelier avec la série sur sa pérégrination spirituelle intitulée « Voyage soufi ». Il y avait aussi des portraits de personnes anonymes rencontrées dans la rue, ses prises de position sur les « Bêtises humaines », des portraits faits au crayon et à l’encre de Chine.

« Il était un brillant intellectuel qui parlait de tous les sujets », insiste Zulu Mbaye.

Certains de ses toiles, correspondant à la période 2003-2007, portent sur la Casamance, base d’une rébellion hostile au gouvernement sénégalais, tandis que d’autres s’inspirent du conflit sénégalo-mauritanien de 1989, des guerres en Sierra Leone, au Rwanda, en Côte d’Ivoire.

A travers ses œuvres où il a toujours célébré la femme, l’artiste s’est impliqué dans la défense des enfants, pour l’environnement, notamment la protection du lac rose. Il a de même rendu hommage aux femmes, parmi ses nombreux sujets de prédilection.

Séa Diallo disait souvent prendre position pour « réhabiliter l’homme ».

Il s’est par ailleurs essayé au journalisme avec le journal « Taxaaw », fondé par le professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986), et au sein du quotidien « Le Soleil », où il a signé beaucoup de textes engagés, a fait savoir le journaliste et critique d’art Massamba Mbaye.

« Son texte intitulé +Centre de formation artisanale ou centre de formation au chômage+, paru dans Taxaaw en 1976, lui a valu son exclusion de cette institution, malgré son relatif anonymat », rappelle Mbaye.

FKS/BK/SMD

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