Dakar, 30 oct (APS) – Les préparatifs de la 14ème édition des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, qui s’ouvre le 16 novembre prochain sur le thème “Kuma” (La parole), “suivent leurs cours de manière sereine”, a déclaré mercredi à l’Agence de presse sénégalaise le commissaire général et directeur artistique, Lassana Diarra.“Les travaux suivent leur cours de manière très sereine. Comme on a fait la publication de la liste des trente artistes sélectionnés pour la Panafricaine, on travaille dans le silence. On a pris le thème à l’envers”, a dit M. Diarra dans un entretien réalisé à une quinzaine de jours de l’ouverture de l’événement. Il a dit que le tirage des photos de La Panafricaine est “pratiquement fini”, précisant, pour les trente artistes sélectionnés : “Nous sommes prêts”.La sélection des 30 artistes qui participeront à La Panafricaine, l’exposition collective de la 14e édition de la Biennale photographique de Bamako, a été dévoilée le 12 juillet dernier par l’équipe curatoriale. “Cette année, le nombre impressionnant de candidatures reçues du monde entier (environ 500) témoigne de la vitalité créative exceptionnelle du continent africain et au-delà. Cette affluence confirme, une fois de plus, le rôle central des Rencontres de Bamako en tant que leader et rendez-vous incontournable de la photographie en Afrique et sur la scène internationale”, avait-elle indiqué dans le communiqué publié à cette occasion.La parole des artistes porte plus que celle des politiquesDans l’entretien qu’il a accordé à l’APS, le commissaire général des Rencontres de Bamako a ajouté que les projets spéciaux sont “en train d’avancer aussi, ils vont suivre bientôt”. “La scénographie avance. Je pense que ça va être innovant. Pour la première fois, on est en train de trouver des matériaux maliens. Pour la première fois, nous travaillons avec les maçons de Djenné (site historique et culturel classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, située au sud-ouest de Mopti, au centre du Mali)”, a souligné Lassana Igo Diarra. Il a ajouté : “Les scénographes ont fait un travail fantastique, et le rêve est de pouvoir le mettre en place. Sur le plan artistique, on avance sans trop d’inquiétude. Sur le plan des finances, on espère que le miracle se produira. Nous, on fait notre travail”.Parlant du thème de cette 14ème édition, Igo Diarra a rappelé que le commissariat de l’événement a lancé la réflexion sur le concept des voix (The Voices), “en se demandant où est la voix africaine, quelle est la parole africaine en Afrique et quelle est la parole africaine dans le monde”.“C’est comme cela que le thème ‘Kuma’ (La parole) s’est imposé à nous. On est parti du manque de discours africain, ou plus précisément du manque d’audibilité de ce discours. Quelle est la parole qui porte ? Est-ce que les politiques ont une parole qui porte, comme jadis celles de Nelson Mandela, Thomas Sankara, Sekou Touré, Julius Nyerere ?” se demande Lassana Igo Diarra, estimant que les artistes, en ce qui les concerne, ont une parole qui porte – “notamment à travers la musique, le cinéma, la littérature…”“La parole des artistes a plus de poids que celle des politiques, a-t-il ajouté. On sait que la photographie est un art fort. Une photo parle plus que mille discours. C’est aussi au bout d’un processus artistique que le thème s’est imposé à nous de manière spontanée, mais sur la base de réflexions antérieures. Parce qu’à travers l’art contemporain, l’Afrique peut parler à elle-même et parler au monde.”Faire avec des fonds propres de l’Etat malien“L’auteur-compositeur malien Salif Keita, choisi comme ambassadeur de cette édition des Rencontres de Bamako, est “un très grand parolier, qui est très humble parce que dans son morceau ‘Kuma’, il dit que ce sont les avocats ou les maîtres-chasseurs qui sont les grands paroliers, mais lui-même en est un”, a relevé le commissaire général et directeur artistique de la biennale pour justifier le choix porté sur le musicien. “Il (Salif Keita) a des textes d’une profondeur exceptionnelle. Le choix s’est porté sur lui de manière tout à fait naturelle. Il incarne un certain souverainisme dans le contexte malien. C’est important de l’avoir comme ambassadeur”, a-t-il précisé.A propos du contexte sociopolitique marqué par des tensions sécuritaires dans le Sahel, M. Diarra a dit : “Ces différentes formes de crise sont des réalités. Nous venons de sortir d’un hivernage où toute l’Afrique de l’Ouest a été victime d’inondations. Nos Etats ont pas mal de difficultés financières à résoudre un certain nombre de choses, mais nous pensons qu’un événement comme les Rencontres internationales de Bamako peut aider à faire face”.Cette année, a-t-il indiqué, “ça se fait avec des fonds propres de l’Etat malien”. “C’est une façon de ne compter que sur ses propres deniers. Donc c’est une édition très engageante. Il faut très imaginatif, il faut créer des solutions qui répondent au contexte actuel”, a insisté Lassana Igo Diarra, soulignant que “malgré le contexte difficile, ça va être une biennale exceptionnelle”. “En tout cas, nous travaillons pour, et il y a quelques ingrédients qui nous donnent à espérer que ça se déroulera comme on le souhaite. Ça fait trente ans. Depuis 1994, des hommes, des femmes, des Etats, des intelligences se battent pour maintenir ce genre d’événement”, a-t-il conclu.ADC/BK
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